Une tradition vieille de 312 ans a été perpétuée.
Le charivari annuel organisé à la mémoire du Sieur Jacques Fleury, collecteur d'impôt fauché par la camarde le 13 décembre 1697 dans la nuit chalabroise, s'est déroulé comme prévu en ce froid dimanche de Ste Luce. Le tout dans une ambiance très bonne enfant, il faut dire que la moyenne d'âge des tireurs de traîneaux n'était guère élevée, les adultes préférant se tenir à distance, comme s'ils avaient voulu déléguer à leurs cadets l'entière gestion de l'événement.
A 18h précises et autour d'une halle enveloppée dans la pénombre, là-même où notre collecteur à la chambre à sel devait tristement pratiquer le coupable forfait qui lui coûterait la vie, les petits « arrossegaïres » ont entamé un tour d'honneur endiablé. Au premier « Vei fan les ans que tueron Fluris ! », les traîneaux ont commencé à virevolter sur un pavé aussi étincelant que la nuit était ténébreuse. Un trio de meneurs composé de Clément, Thomas et Pierre allait très vite passer aux commandes, emmenant vers les cours Colbert, Sully et d'Aguesseau leurs compagnons de charivari. Arrivés à hauteur de l'ancienne épicerie La Ruche, que les plus de soixante-dix ans ont bien connu, la jeune troupe recevait un renfort de choix en la personne de Maurice. Comme aux plus beaux jours de ses jeunes années, ce dernier haranguait le cortège, faisant monter un nouveau et tonitruant « Vei fan les ans que tueron Fluris ! ».
« Arrossegaïre » un jour, « Arrossegaïre » toujours.
La bruyante commémoration allait continuer de plus belle, jusqu'à ce que la fatigue n'ait raison des petits organismes. L'heure était venue de rejoindre la table familiale où une bonne soupe, salée mais sans plus, allait ranimer des organismes mis à rude épreuve par une tradition qui semble avoir quelques beaux jours devant elle.