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roger lacroix

  • En souvenir de Roger Lacroix, « Mort pour la France » le 17 février 1945

    roger lacroixA quelques mois de la Libération, l’acte 646 /1945 établi par la ville de Mulhouse (Haut-Rhin), enregistrait le décès de Roger Lacroix, le 17 février 1945 à l'âge de 20 ans. Avec la mention « Mort pour la France » des suites de ses blessures, à la formation chirurgicale mobile de cette même ville (FCM 5), 23 rue de Folgensbourg. Elément du 81e Régiment d'Infanterie, 3e Compagnie, 1er Bataillon, il avait été grièvement blessé par plusieurs éclats de grenades et évacué à la FCM 5, dans la clinique Saint-Damien à Mulhouse. Après le décès le 29 mai 1941 de son épouse Rosa Marie-Jeanne, née Denat, Armand Lacroix *, natif de Montjardin et grand invalide de guerre 1914-1918, était une nouvelle fois éprouvé, par le décès d’un fils survenu en terre d’Alsace. 

    Précieusement archivés, des documents permettent de pressentir le parcours de Roger Lacroix, né le 16 août 1924, rue 3 Couronnes à Carcassonne. Elève de l’école nationale professionnelle de Voiron (Isère), il se destine au métier d’officier mécanicien de la Marine. Il a 15 ans lorsque le deuxième conflit mondial éclate et une correspondance datée du 15 décembre 1943 le situe à Saint-Tropez, où le « forgeron » matricule 3209 fait une demande de permission pour aller passer les fêtes de Noël en famille. Sans aucune mention permettant de l’affirmer, la photo ci-dessous laisse penser qu’il peut s’agir de compagnons de groupe et leurs instructeurs. 

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    Un certificat de recensement établi le 26 janvier 1944 à Gassin, commune du Var, indique la mention dessinateur. D’abord incorporé dans le Groupement de Jeunesse Vercors, Roger Lacroix reçoit le 24 juillet 1944 un ordre de mission, pour se rendre de Carcassonne à Capestang. Là il travaille chez un fermier (de 5 h à 14 h 30), puis après un peu de sieste va se baigner, il précise qu’il a appris à nager, et qu'il traverse le Canal du Midi. Le 5 août suivant, il bénéficie d'une permission, et le 16, jour de son anniversaire, il intègre les effectifs FFI du Maquis de Picaussel, alors installé à Quérigut. 

    roger lacroixAu mois de novembre et d'après un courrier du 1er novembre 1944 adressé à sa famille, le FFI Roger Lacroix se trouve à Lamanère (Pyrénées-Orientales). Une autre correspondance envoyée depuis la frontière avec l’Espagne le 20 novembre 1944, est adressée à son frère aîné Guy, convalescent à Cambo-les-Bains. A la création de la 1ère Armée Française par le Maréchal de Lattre de Tassigny, Roger Lacroix rejoint l’Alsace et opère dans la section du sous-lieutenant René Peyras, au sein de laquelle il sera mortellement blessé, à Laydser.

    Il semble que la famille ait été laissée dans l'incertitude au cours des semaines qui suivront. De la plume du lieutenant Pacouil de la 3e Compagnie, une lettre du 12 mars 1945 informe Armand Lacroix de la grave blessure reçue par Roger : « Il a été immédiatement évacué vers la clinique Damien à Mulhouse, et n'avons plus de nouvelles depuis ». Une autre lettre, datée du 9 août 1945 et écrite par Soeur Théoneste, Mère supérieure de la clinique Damien précise : « En réponse à votre honorée lettre du 4 courant, nous avons le regret de vous informer qu'en ce qui nous concerne, nous n'avions pas le droit d'informer les familles des décès... ».

    Une cérémonie officielle sera célébrée à sa mémoire le 7 novembre 1948 au cimetière de Chalabre, au cours de laquelle les derniers hommages lui seront rendus. Les interventions de Justin Navarro, compagnon du Maquis de Picaussel, de Marie-Jeanne Pons, adjointe au maire de Chalabre Maurice Samitier, et du sous-lieutenant René Peyras sont retranscrites dans les documents ci-dessous :  

    Hommage de Justin Navarro.pdf

    Hommage de Marie-Jeanne Pons.pdf

    Hommage du sous-lieutenant René Peyras.pdf

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     Voiron le 2 juin 1951, Inauguration d'une plaque commémorative

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    1934, la famille réunie devant la maison, aux abords du Pont-Neuf

    * Armand Lacroix est décédé à Chalabre le 18 novembre 1965, en son domicile de la rue Auguste-Cathala

  • Le 24 août 1944, Juàn Rico et ses compagnons de La Nueve entraient dans Paris

    la nueve,victor baro,capitaine raymond dronne,libération de parisL'article qui suit, déjà publié le dimanche 24 août 2014, fait écho aux cérémonies de commémoration de la Libération de Paris, qui seront célébrées aujourd'hui 24 et demain 25 août dans la Capitale.

    L'occasion de saluer la mémoire de deux Chalabrois morts à quelques semaines de la Libération du pays. Roger Lacroix (ci-dessus, en 1944), mort à l'âge de 20 ans des suites de ses blessures le 17 février 1945 à la formation chirurgicale mobile de Mulhouse, et Christophe Martin, 20 ans, tué lors du franchissement du Rhin à Gerstheim le 26 mars 1945. 

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    26 août, les généraux De Gaulle et Leclerc et leurs entourages, descendent les Champs-Elysées

    « Anarchiste espagnol ! Je suis l'un des seize survivants de ceux qui sont entrés les premiers dans Paris. J'étais le plus jeune et j'avais une guitare. Le capitaine Dronne m'a dit : « Rico, ce n'est pas le régiment des mandolines ». J'ai caché ma guitare sur le tank. Il n'était pas commode, nous non plus. C'est le seul qui a voulu de nous,... et nous de lui. Il parlait l'espagnol, nous on se débrouillait en français mais le coeur y était. Si bien qu'à la Porte d'Italie, quand nous sommes arrivés et qu'une femme a crié : Vive les Américains !, un de mes camarades a répondu : « Non Señora Madame, yo soy un Français ». C'est vrai, nos half-tracks portaient des noms espagnols, sauf celui où j'étais, appelé « Les Cosaques », probablement parce que nous chevauchions vite à l'avant-garde, sans trop faire de cadeaux à l'ennemi  ».

    la nueve,victor baro,capitaine raymond dronne,libération de parisCe témoignage, recueilli en août 1984 par René Mauriès, journaliste à la Dépêche, est celui de Juàn Rico, nom de guerre de Victor Baro, décédé à Chalabre en 1987. Républicain espagnol natif de Barcelone, Victor Baro avait franchi les Pyrénées le 15 février 1939, avant d'être interné dans le camp de concentration du Barcarès. Il avait ensuite opté pour un engagement dans les corps francs de l'armée française en Afrique, qui deviendront les Forces Françaises Libres. Il fera ainsi campagne avec le 3e régiment du Tchad, qui deviendra la 2e division blindée (2e DB), … le 24 août 1943, sous les ordres du général Leclerc. Victor Baro avait intégré la 9e Compagnie (en espagnol « la Nueve »), composée de 166 éléments, dont 144 de nationalité espagnole, et commandée par le capitaine Dronne.

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    « La Nueve » à Dalton Hall (Grande-Bretagne), au printemps 1944

    Victor Baro est au 4e rang, premier à droite

    Le jeudi 24 août 1944, le général Leclerc qui applique les principes de l'attaque à tout prix depuis que les Français sont entrés en Normandie, lance un ordre au capitaine Dronne : « Dronne, filez sur Paris, entrez dans Paris, passez où vous voudrez, dites aux Parisiens de ne pas perdre courage, que demain matin la division toute entière sera dans Paris ».

    Le soir même à 20 h 41, trois chars et trois sections sur half-track de « La Nueve » entrent dans Paris par la Porte d’Italie. A 22 h 20, il fait encore jour lorsque les sections Michel Elias et Miguel Campos de la 9e Cie arrivent sur la place de l’hôtel de ville, accueillies par les FFI du colonel Henri Rol-Tanguy, ancien des Brigades Internationales. Victor Baro est dans le half-track de commandement « Les Cosaques », matricule 410782, sous les ordres du lieutenant Amado Granell Mesado, et du sergent-chef Valero.

    Après être entrée dans Paris, « la Nueve » du capitaine Dronne alignait, le 26 août, ses chars devant l'Arc-de-Triomphe. Elle formait la garde d'honneur du Soldat inconnu pour l'arrivée du général de Gaulle, et une immense banderole aux couleurs de la République espagnole barrait les Champs-Elysées. Entre temps, plus de quatre mille réfugiés espagnols avaient participé au soulèvement de la capitale, et l'un de leurs chefs, José Baròn Carreño (chef de la Agrupaciòn de Guerrilleros Españoles pour la zone nord de la France), était tombé Boulevard Saint-Germain, le 19 août.

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    Les célébrations du 78e anniversaire de la Libération de Paris, permettent de ranimer le souvenir de Victor Baro et de ses compagnons de combat, de  « La Nueve », et de la section de Rhin et Danube de Chalabre. L'occasion également de reprendre la conclusion d'un article écrit en septembre 1984 par René Mauriès : « Muchas gracias – merci beaucoup - à ces cousins de sang qui, vaincus à Madrid, où nous étions absents, firent un si long et douloureux parcours pour rentrer en vainqueurs dans Paris. Mais la course à la liberté n'est-elle pas l'éternel rêve de Don Quichotte ? ».

    Après quelques jours de repos, « La Nueve » prolongera les combats en direction de l’Allemagne, pour atteindre Berchtesgaden et le nid d’aigle d’Hitler, le 5 mai 1945. L’épopée de « La Nueve » prendra fin en juillet 1945, à Voulx (Seine-et-Marne), lorsqu’elle est officiellement dissoute et que ses effectifs sont démobilisés.

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    En février 1985, Victor Baro est décoré de la Croix de guerre, des mains de son ami Roger Caux, grand invalide de guerre mutilé à Rastatt. Leurs chemins s'étaient peut-être déjà croisés en Alsace (Au second plan, Roger Combes, Gabriel Gallardo, André Conte).