Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Histoire

  • C'était hier : Place Charles-Amouroux, place de la mémoire

    L'article mis en ligne avait paru dans l'Indépendant, édition du dimanche 19 juin 1994.

    1994 Son & lumière Place Amouroux Juin 002.jpg

    L'emblème du IIIe Reich se consume au pied des jeunes figurants

    Les gendarmes, Eric Serano et Francis Gracia

    Photos archives, Juin 1994

    Les nombreux visiteurs qui ont pu parcourir depuis jeudi les allées de l'exposition montée Place Charles-Amouroux, parviennent difficilement à détacher leur esprit des images toutes plus fortes les unes que les autres et qui ont été rassemblées par les soins de Malou Saddier et de Serge Fournié.

    Ces derniers ont voulu remettre en lumière les moments douloureux que les pays foulés par la botte nazie ont pu connaître, en concentrant bien sûr une partie de leur énorme travail sur ce que l'Occupation a pu générer de drames et d'épisodes tragiques, à l'échelle régionale et locale.

    Le camp d'internement de Rivel, le Maquis de Picaussel, le calvaire enduré par Auguste Cathala torturé et mis à mort à la ferme du Roudié, frappent les consciences à un point tel que l'on ne ressort pas intact de ce retour en arrière.

    1994 Son & lumière Place Amouroux Juin 001.jpg

    Une vue de la tribune peu avant le début du spectacle

    C'est dans ce contexte que le samedi 11 juin, les Chalabrois ont pu apprécier une mise en scène au confluent des trois rivières qui baignent la capitale du Kercorb. Un spectacle entièrement conçu par Serge Fournié qui a reçu l'appui de figurants hors-pair, en l'occurrence les enfants de Chalabre et de son canton, pour la reconstitution historique d'une période comprise entre 1936 et ses congés payés, jusqu'à 1945 et la capitulation de l'Allemagne nazie.

    Une soirée chargée de symboles et dont il faut surtout retenir l'hommage rendu par de très jeunes gens à leurs aînés, présents dans la tribune et qui ont grandement apprécié. Le dernier mot ira vers un « tandem » qui aura tout mis en oeuvre afin de mener à bien une aussi généreuse initiative, Malou Saddier et Serge Fournié méritent les plus vives félicitations.

  • Dans le souvenir du D Day

    Les cérémonies commémorant le 80e anniversaire du Débarquement sur les plages de Normandie viennent d'être célébrées, avec la charge d'émotion que ces événements continuent à générer dans la conscience de chacun. Dans cet esprit de devoir de mémoire pour la jeune génération associée au partage de l'histoire avec ceux qui l'ont vécue, retour vers l'année 2019 et le 75e anniversaire du Débarquement. Aux côtés de vétérans et d'une petite Inès, jeune Chalabroise ayant eu le privilège d'aller à la rencontre de ces témoins, personnages qui firent l'Histoire en ce 6 juin 1944.

    6 juin 1944

    Inès avec Tom Ingram

    Photos archives, Juin 2019

    John T. « Tom » Ingram, compagnie F, 2e batallion du 359e régiment d'infanterie de la 90e division d'infanterie US. Il débarque le 6 juin à Utah Beach comme tireur d'élite, il est alors âgé de 18 ans. Il combat en France, au Luxembourg (il participe à la bataille des Ardennes), en Allemagne et en Tchécoslovaquie. Il a reçu la médaille de la Bronze Star lors des combats en Allemagne en 1945.

    6 juin 1944

    Inès aux côtés de Steven Melnikoff

    Steven Melnikoff, né en 1919 dans le Massachusetts, a participé cette année 2024 en tant que dernier des vétérans aux commémorations, à l'âge de 104 ans. Affecté au 1er bataillon du 175e régiment d'infanterie de la 29e division d'infanterie, il débarque sur Omaha Beach le 7 juin 1944. Il participe aux différentes batailles avant d'être grièvement blessé le 17 juin et d'être rapatrié en Angleterre. Il retourne au combat le 5 août dans la région de Vire et capture un officier allemand porteur de documents officiels qui lui vaudra une décoration (Silver Star). A nouveau blessé à Brest en septembre 1944, il retournera au combat fin 1944 et finira la guerre en Allemagne en 1945.

    6 juin 1944

    Reconstitueurs en tenue de parachutistes, sur la plage d'Utah Beach

    6 juin 1944

    6 juin 1944

     

     

     

     

     

    John Ingram (au centre) en 1945                      Steven Melnikoff (photo de droite)

  • En souvenir de Roger Lacroix, « Mort pour la France » le 17 février 1945

    roger lacroixA quelques mois de la Libération, l’acte 646 /1945 établi par la ville de Mulhouse (Haut-Rhin), enregistrait le décès de Roger Lacroix, le 17 février 1945 à l'âge de 20 ans. Avec la mention « Mort pour la France » des suites de ses blessures, à la formation chirurgicale mobile de cette même ville (FCM 5), 23 rue de Folgensbourg. Elément du 81e Régiment d'Infanterie, 3e Compagnie, 1er Bataillon, il avait été grièvement blessé par plusieurs éclats de grenades et évacué à la FCM 5, dans la clinique Saint-Damien à Mulhouse. Après le décès le 29 mai 1941 de son épouse Rosa Marie-Jeanne, née Denat, Armand Lacroix *, natif de Montjardin et grand invalide de guerre 1914-1918, était une nouvelle fois éprouvé, par le décès d’un fils survenu en terre d’Alsace. 

    Précieusement archivés, des documents permettent de pressentir le parcours de Roger Lacroix, né le 16 août 1924, rue 3 Couronnes à Carcassonne. Elève de l’école nationale professionnelle de Voiron (Isère), il se destine au métier d’officier mécanicien de la Marine. Il a 15 ans lorsque le deuxième conflit mondial éclate et une correspondance datée du 15 décembre 1943 le situe à Saint-Tropez, où le « forgeron » matricule 3209 fait une demande de permission pour aller passer les fêtes de Noël en famille. Sans aucune mention permettant de l’affirmer, la photo ci-dessous laisse penser qu’il peut s’agir de compagnons de groupe et leurs instructeurs. 

    roger lacroix

    Un certificat de recensement établi le 26 janvier 1944 à Gassin, commune du Var, indique la mention dessinateur. D’abord incorporé dans le Groupement de Jeunesse Vercors, Roger Lacroix reçoit le 24 juillet 1944 un ordre de mission, pour se rendre de Carcassonne à Capestang. Là il travaille chez un fermier (de 5 h à 14 h 30), puis après un peu de sieste va se baigner, il précise qu’il a appris à nager, et qu'il traverse le Canal du Midi. Le 5 août suivant, il bénéficie d'une permission, et le 16, jour de son anniversaire, il intègre les effectifs FFI du Maquis de Picaussel, alors installé à Quérigut. 

    roger lacroixAu mois de novembre et d'après un courrier du 1er novembre 1944 adressé à sa famille, le FFI Roger Lacroix se trouve à Lamanère (Pyrénées-Orientales). Une autre correspondance envoyée depuis la frontière avec l’Espagne le 20 novembre 1944, est adressée à son frère aîné Guy, convalescent à Cambo-les-Bains. A la création de la 1ère Armée Française par le Maréchal de Lattre de Tassigny, Roger Lacroix rejoint l’Alsace et opère dans la section du sous-lieutenant René Peyras, au sein de laquelle il sera mortellement blessé, à Laydser.

    Il semble que la famille ait été laissée dans l'incertitude au cours des semaines qui suivront. De la plume du lieutenant Pacouil de la 3e Compagnie, une lettre du 12 mars 1945 informe Armand Lacroix de la grave blessure reçue par Roger : « Il a été immédiatement évacué vers la clinique Damien à Mulhouse, et n'avons plus de nouvelles depuis ». Une autre lettre, datée du 9 août 1945 et écrite par Soeur Théoneste, Mère supérieure de la clinique Damien précise : « En réponse à votre honorée lettre du 4 courant, nous avons le regret de vous informer qu'en ce qui nous concerne, nous n'avions pas le droit d'informer les familles des décès... ».

    Une cérémonie officielle sera célébrée à sa mémoire le 7 novembre 1948 au cimetière de Chalabre, au cours de laquelle les derniers hommages lui seront rendus. Les interventions de Justin Navarro, compagnon du Maquis de Picaussel, de Marie-Jeanne Pons, adjointe au maire de Chalabre Maurice Samitier, et du sous-lieutenant René Peyras sont retranscrites dans les documents ci-dessous :  

    Hommage de Justin Navarro.pdf

    Hommage de Marie-Jeanne Pons.pdf

    Hommage du sous-lieutenant René Peyras.pdf

    roger lacroix

    roger lacroix

     Voiron le 2 juin 1951, Inauguration d'une plaque commémorative

    roger lacroix

    roger lacroix

    1934, la famille réunie devant la maison, aux abords du Pont-Neuf

    * Armand Lacroix est décédé à Chalabre le 18 novembre 1965, en son domicile de la rue Auguste-Cathala

  • C'était hier : Car'Al'Oulo nous a offert « Le silence de la mer »

    L'article mis en ligne avait paru dans l'Indépendant, édition du lundi 7 décembre 1998.

    car'al'oulo

    Superbe performance d'acteur pour Noël Camos

    Photo archives, Décembre 1998

    Le 20 février 1942, quelque part dans Paris, deux résistants de la première heure, Pierre de Lescure et le dessinateur Jean Bruller fondent une maison d'édition clandestine, les éditions de Minuit. Dans le secret le plus absolu et dans le minuscule atelier d'un imprimeur de faire-part, une première publication est réalisée, il s'agit d'une nouvelle intitulée « Le silence de la mer ». Elle est signée Vercors, pseudonyme qui cache Bruller lui-même. Cette nouvelle dédiée à la mémoire du poète Saint-Pol Roux assassiné par les Allemands le 18 octobre 1940 était mise en scène par la compagnie Avant-Quart, invitée vendredi sur la scène du théâtre municipal par Car'Al'oulo, réseau culturel du Chalabrais.

    La voix du maréchal rompt le silence et d'emblée le spectateur se retrouvé plongé dans le climat de la France occupée. Un officier allemand est logé dans une maison dont les habitants, le narrateur et sa nièce, se sont réfugiés au coeur de la bibliothèque. Cultivé et admirateur de la civilisation française, il s'efforce en leur rendant visite tous les soirs, d'établir avec eux un contact humain, mais il se heurte à un silence obstiné, le silence de la mer dont le calme n'est qu'apparent. Dans une France écrasée par le nazisme, l'occupant semble disposé à « collaborer » et à oublier l'intermède militaire. Mais face à lui, nul n'est disposé à distinguer le nazi de l'Allemand, à chercher sous le lieutenant l'étudiant, sous le soldat le paysan ou l'ouvrier. Et en définitive, le monologue de l'officier ne parviendra pas à vaincre le silence.

    Superbement servis par Noël Camos, impressionnant de présence sur scène, les écrits de Vercors dictés par l'esprit de résistance à un moment où l'Histoire n'était pas encore écrite, invitent à espérer, à résister et à croire en la vie, en luttant contre toutes les injustices, les violences du pouvoir et les haines. Le rideau tombe dans un silence troublant, les spectateurs étant ensuite invités à parcourir les tableaux d'une exposition sur la Résistance, où l'on retrouve l'Affiche Rouge et le Réseau Manoukian, où l'on découvre la lettre édifiante d'un délateur...

    Félicitations à Noël Camos, à la compagnie Avant-Quart et au réseau Car'Al'oulo, un rendez-vous est pris pour le jeune public, la pièce sera présentée aux écoles primaires du canton de Chalabre.