Lee Handley Olson, Aristide Peyronnie et Thierry Pas, devant l'objet de tractations insensées.
Au fil des saisons qui se succèdent, une petite fumée blanche s'élève dans le ciel de Sonnac-sur-l'Hers, où Aristide Peyronnie a pris la bonne habitude, l'hiver venu, d'installer son alambic. Depuis soixante-quatre années maintenant, "le brulou de vi" venu de Massat, apporte sa touche personnelle dans le processus de transformation des fruits, sous l'oeil fasciné des bouilleurs de cru des alentours. Et de décembre à février, exposé aux quatre vents, le génial alchimiste du Couserans, scrute ce petit flotteur calibré, qui permet de contrôler la qualité toujours renouvelée de la fine.
Chemin des Martres, et à l’abri de ce que les habitués appellent « l'atelier public », lieu de rencontre d’autant plus apprécié quand le café du coin a tiré le rideau, les visites multiples et animées, réservent parfois quelques surprises. Comme en ce dernier samedi, lorsque qu'un excursionniste au regard inquisiteur et à l'accent clairement nord-américain, s'est hasardé à soudoyer l'ami Aristide, paisiblement assis aux côtés de son alambic. En présence de Thierry Pas, bouilleur ribouissien médusé, Lee Handley Olson, ressortissant de l'état de Floride, a tout bonnement mis quelques dollars en balance, afin de rapatrier outre-atlantique l'étrange machine à remonter le temps. Après avoir rechargé sans sourciller le foyer de sa cucurbite, Aristide se lèvera pour proposer un verre de gnôle à l'effronté, pour dissiper l'inconscience du blasphémateur, et parce que l'ami Aristide ne distille que la sagesse. Après Sonnac-sur-l'Hers et avant Puivert, Aristide Peyronnie devrait remonter le cours du Blau, et se poser à Villefort, où il est attendu dans la dernière semaine de janvier.