Avec ce poème, JIEL met l'accent sur un aspect parfois méconnu des souffrances endurées par les héros de la Grande guerre. Lors des relèves, les hommes harassés parcouraient parfois des distances très longues pour se reconstituer un peu, ou inversement, pour rejoindre la ligne de front.
Ces déplacements, notamment au coeur de l'hiver, se faisaient dans des conditions extrêmes.
Avec ses mots, JIEL souhaite rendre hommage aux Poilus, et exprimer la souffrance qui fut la leur, même en marge des combats.
La relève
Premier mois de janvier dans les gourbis du nord ;
Pour les soldats transis au fond de leurs guêpiers,
Le mal des tranchées tue, les gelures de pieds
Détruisent les âmes en torturant les corps.
L’hivernage si long, rigoureux, se poursuit ;
Résister à tout prix en oubliant la mort,
Vivre résolument, voilà leur triste sort
Jusqu’à la relève tout au bout de la nuit.
Dans l’âpreté de l’hiver, elle est quotidienne.
De l’arrière à l’avant, de l’avant vers l’arrière
Incessants cortèges funestes sans prières.
Dans les noires tranchées des poilus vont et viennent.
Rien n’est pire que ces mouvements sous le déluge.
Les vêtements trempés sont maculés de boue,
Dans cette terre visqueuse, rester debout
Est la seule mission de pantins sans refuge.
Lors de ces marches forcées où tout est rudesse,
Les pauvres pieds gelés font un navrant « flic-flac »,
Dans de vieux brodequins sous l’eau souillée des flaques,
Quand chaque pas devient véritable prouesse.
Au fond des ténèbres, tous devenus aveugles,
Marchent à tâtons, glissent, tombent en jurant.
On a perdu la file, on se pousse, endurant
Les bousculades, les insultes qui beuglent.
Ces surhommes, transformés en boue, se relèvent ;
Parfois boue sanglante aux gémissements morbides.
Ceux qui partent grelotants, loqueteux, sordides,
Croisent sans les voir les troupiers de la relève.
JIEL
Commentaires
Très beau, rempli de nostalgie hélas beaucoup ont oublié que des pères des frères sont morts pour sauver la France en laissant des femmes des enfants seuls et regardons ce qui se passe en Israël et la Palestine, la Russie et l'Ukraine, l'horreur qui recommence et dans plusieurs années les gens auront encore oublié Hélas.
Un écrit au rythme donnant un aperçu de ce qu’ont pu ressentir ces hommes auxquels tu fais un très bel hommage,
Merci pour eux,
Il flotte comme un drapeau.......
Merci pour vos gentils commentaires sur ce poème en hommage à nos poilus.
Le bonjour également à tous les lecteurs du blog qui pour beaucoup ont eu en ce jour une pensée particulière pour un membre de leur famille.
JIEL