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Poésie

  • Une partie de pétanque

    Il a souvent eu le privilège de voir jouer ces anciens, passionnés par un jeu qui rythme les premières journées du printemps. Bernard Cnocquart nous fait partager les images que ces adeptes du cochonnet ont laissé dans sa mémoire, au fil des années.

    Pétanqueurs.jpg

    Photo Maurice Mazon

    Autour du boulodrome

    Il y a dans ce village un drôle de terrain,

    Entouré de prunus formant un doux écrin,

    Pas d’herbe verdoyante mais de simples gravillons,

    Portant le nom de celui qui fut notre champion.

     

    Tous les jours de l’année, sauf les jours de grand froid,

    Les pétanqueurs sont là, les bons et les maladroits,

    Pour pratiquer ce jeu qu’on joue les pieds tanqués,

    Et qui s’appelle pétanque pour tous ces licenciés.

     

    Dès 14 heures, c’est parti, on lance le cochonnet,

    Pour former les équipes en toute équité,

    C’est bien équilibré, un pointeur, un milieu, un tireur,

    Les parties alors commencent dans la bonne humeur.

     

    Les débuts sont timides, ils ne sont pas échauffés,

    Les points sont éloignés, les boules sont manquées,

    Mais petit à petit, les gestes sont plus précis,

    On ne rigole plus, les coups sont réussis.

     

    Les mènes se suivent, on compte bien les points,

    On se trompe parfois, on demande aux témoins,

    Déjà dix à zéro, vite, il faut se rattraper,

    Car si ça continue, Fanny, il faudra l’embrasser.

     

    Sur les bancs tout autour, il y a les spectateurs,

    Ils ne sont pas toujours d’accord sur le jeu des joueurs,

    Ils critiquent un peu, parlent d’un autre temps,

    Mais pourtant, sont-ils plus compétents?

     

    La partie s’est arrêtée, les joueurs sont regroupés,

    Ils écoutent une histoire aussi bien racontée,

    Et ils reprennent ensuite en posant des questions,

    C’est à qui à jouer, combien de boules, où est le rond ? 

     

    Parfois ce boulodrome résonne de grands cris,

    On ronchonne un peu contre son partenaire, des chamailleries,

    Mais la mène d’après, quand il a bien joué,                                       

    Alors c’est le contraire, il est félicité.

     

    On se moque parfois quand la portée est loupée,

    On dit en se marrant, conserve la donnée,

    Mais on rigole moins, quand grâce à  dame chance,

    Vous perdez la partie dans un profond silence.

     

    Allez, il faut faire la belle, il faut bien un vainqueur,

    Mais c’est la dernière, on va voir qui c’est les meilleurs,

    Alors les plus malins, de quelques pas, décalent un peu le jeu,

    Pour avoir plus de chance que les joueurs d’en face, parbleu.

     

    C’est terminé, les boules sont ramassées sous quelques quolibets,

    Les plus pressés s’en vont, les autres continuent, les acharnés,

    Mais demain, ils seront encore là, sur ce boulodrome,

    Pour pointer, pour tirer, comme des métronomes.

    Bernard Cnocquart

  • Voyage céleste

    Départ imminent en compagnie de JIEL, avec un sonnet écrit sous la contrainte… Contraintes techniques dictées par la prosodie, une règle qui impose de composer dans le respect de tous les codes de la poésie classique.

    « Voyage céleste » vient d’être présenté à un concours de sonnet.

    Voyage céleste

    Endormi dans la mousse, en ce jour qui s’allonge,
    J’ai rouvert grands les yeux, l’azur s’est invité ;
    Dans ce vertige bleu, soudain j’ai gravité,
    Immensité sans fin, dans le doute me plonge.

    J’ai vu l’ange de vie, les ailes si fragiles,
    La colombe blanche qui vole en sanglotant,
    Les sirènes au chant morbide envoûtant,
    A faire vaciller les funambules agiles.

    Quand dans ce bel espace, embrassant l’univers,
    Je jubile en rêvant à ce nouveau vers
    Qui dans mon coeur naîtra, brillant comme l’étoile.

    Etrange traversée du pays arc-en-ciel
    Que le peintre souvent a couché sur sa toile ;
    Beau voyage bercé par un rêve de ciel.

    JIEL

  • « Illusoire vérité »

    Un poème de JIEL, mis en ligne pour première fois dans ce cadre le 20 mai 2021, fait l’objet d’une publication dans l’Anthologie 2022 de l’association littéraire et artistique « Flammes Vives », fixée en Eure-et-Loir. Ce texte aborde un thème éternel, sur lequel il est parfois bon de revenir, comme pour abonder dans le sens d’Oscar Wilde : « La vérité pure et simple est très rarement pure et jamais simple ».

    Les anthologies poétiques de Flammes Vives, créées en 1953, accueillent des auteurs dont les poèmes sont précédés d’une courte biographie, et JIEL en est :    

    jiel,flammes vives

    Illusoire Vérité  

    Dites la vérité, toute la vérité, rien que la vérité !

    Comment demander à quelqu’un telle absurdité ;

    Depuis des temps immémoriaux chaque seconde

    Détient jalousement la sienne, unique et vagabonde.

     

    Ce qui est vrai ne l’est déjà plus dès qu’on le dit ;

    Ce qui est faux ne l’est pas plus sitôt contredit ;

    L’instant présent démontre assurément ce que demain

    L’histoire aura déjà transformé, mais c’est humain !

     

    Les bonimenteurs asséneront la leur par habitude,

    Les discours d’aplomb se complaisent en certitudes.

    L’éducation ou la religion ne sont pas exemptées

    De cette réflexion et sans hésitation diront leur Vérité.

     

    Chacun, dans sa différence, en détient une sans vanité ;

    Mais n’est-elle point elle-même le fruit d’une réalité ?

    Subtile alchimie de la pensée profonde de l’homme

    Sur la perception de sa propre existence en somme.

     

    Ne vous méprenez sur les trop belles évidences

    Qui apparaissent soudain comme des providences,

    Restez en paix au plus profond de vos songes,

    Nul ne sait jamais, car vérité n’est que mensonge.

    JIEL

  • La chasse à la bécasse

    Célébré en novembre, Saint-Hubert n'en voudra pas à Bernard, que l'on a plaisir à retrouver aujourd'hui avec un poème dédié à une passion qui ne faiblit pas.   

    La chasse à la bécasse

    Le temps s’est mis au froid en cette fin d’automne vieillissant,

    et déjà le chasseur piaffant d’impatience espère cet instant,

    où dame bécasse délaissant le grand froid de sa région natale

    revient chaque année pour nous faire rêver dans le froid matinal.

     

    Le chien lui aussi excité jappe du fond de son chenil,

    car il a compris en voyant son maître préparer le fusil,

    que le bel oiseau roux, le bel oiseau unique

    est bien revenu pour nous faire passer des moments magiques.

     

    Quelques miroirs dans la prairie trahissent leur présence,

    mais elles sont là-bas, dans le taillis, cachées sous les branches,

    se moquant du bruit de la clochette, elles restent immobiles

    et avec leur plumage couleur de feuille morte, les voilà invisibles.

     

    Ils savent qu’elles sont là, chaque année à la même place,

    et de suite le setter prend le devant à la recherche d’une trace,

    la tête bien dans le vent pour retrouver cette odeur sauvage

    qui les fait fantasmer tous les deux comme deux enfants sages.

     

    Le clocheton s’est tu, vite pressons le pas, le chien est à l’arrêt,

    et la patte dressée, il fixe cet oiseau dans le petit bosquet,

    mais la rusée bécasse s’est déjà déplacée laissant la place chaude

    pour perturber le chien et tromper le chasseur, pas nigaude.

     

    Ce chien est un teigneux et après des détours, il le retrouve ensuite,

    mais l’oiseau au long bec a compris et prépare sa fuite,

    et derrière un tronc d’arbre puissamment il s’envole en chandelle,

    alors le pauvre chasseur surpris ne voit que des étincelles.

     

    La bécasse est un trésor fragile, avec ses mystères et ses secrets,

    et bien souvent, on ne fait que l’entrevoir, la deviner ou l’imaginer,

    et si après un joli tir le chien vous ramène la belle mordorée

    en la prenant dans votre main, vous la contemplerez avec fierté.

    Bernard Cnocquart