« Mas qu'es tot aquel bruch ? ». Telle était la question qui courait sur les lèvres et surtout sur les cours, samedi 13 décembre, à l'heure où le souvenir de Jacques Fleury se voyait ranimé sous les étincelantes illuminations de la cité chalabroise. Et si l'ami Josep avait été là, il aurait bien sûr répondu : « Mas sembla lo chirbilhi de Fluris ! ». Au départ de l'ancienne halle aux blés, en passant par une rue Porte d'Aval à ce point défoncée que l'on aurait pu croire à un éventuel retour d'entre les trépassés, les « arrosegaïres » ont fait briller les trois cent vingt huit bougies d'un tonitruant anniversaire.
Unis dans un charivari multigénérationnel orchestré à la perfection dans la mesure où chacun possédait sa propre partition, les traîneaux métalliques confectionnés pour un même objectif, celui de faire du bruit, ont empli les rues chalabroises de tonalités plutôt métalliques. Près de 80 citoyens décidés à honorer la tradition, se souvenant au passage et à la grande satisfaction de l'ami Maurice que Fluris était le contemporain de Louis XIV, ont provoqué un brouhaha soutenu et intermittent, entrecoupé de pauses salutaires mises à profit pour rappeler au quidam interrogateur, « Vei fa les ans que tueron Fluris ! ».
Si les plus petits se demandaient qui était donc ce Fluris, dont le nom était scandé à chaque angle de rue, les plus anciens le présentaient comme un contrôleur à la chambre à sel de Montpellier, qui se serait trouvé nez à nez avec la faucheuse, en une froide nuit de Ste Luce. Un employé modèle Monsieur Fleury, mais qu’allait-il faire rue Porte d’Aval, en ce 13 décembre 1697 ? Depuis lors, et c'est bien là la seule certitude, ce dernier se trouve bénéficiaire d'une concession à perpétuité, quelque part (?) dans le petit cimetière de Saint-Pierre.
Par bonheur, plus de trois siècles après, Fluris fascine encore les gens du Kercorb. Les uns cultivant la nostalgie de leurs jeunes années, les autres souhaitant s'inscrire dans l'histoire d'un événement unique. Tout cela sous la bienveillance de Sainte-Luce, patronne des couturières, qui ne serait patronne des électriciens que bien plus tard, et qui pouvait jeter un clin d’œil prévenant vers l’âme en peine du Sieur Jacques Fleury. L’heure était venue de rejoindre la table familiale pour une bonne soupe, salée mais sans plus. Un grand merci à toutes et tous, aux Drôles de Dames et à Il était une fois Chalabre.
Un album-photos Fluris 2025 a été mis en ligne
L'histoire de Fluris, exposée à la caméra
Commentaires
Un réel plaisir de voir les photos d'une belle jeunesse embarquée par les anciens dans cette vieille tradition qui reprend du boucan. Bravo !