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Carnet noir - Page 127

  • André Sicre n'est plus

    André Sicre.jpgLe vendredi 8 novembre dernier était accompagné vers sa dernière demeure, André Sicre, décédé à la maison Christina à l'âge de 84 ans. Originaire de Sonnac-sur-l'Hers où il était né le 14 février 1929, André Sicre était devenu Chalabrois en 1945, après son mariage avec Yvette Canal, une jeune Sonnacoise. Il avait effectué son entrée dans la vie active au sein de la chapellerie Garrouste, avant d'intégrer les effectifs de la manufacture de chaussures Antoine Canat, où il avait fait valoir ses droits à la retraite. Dans le même temps, il s'était investi au service des autres, signant vingt-cinq années de bénévolat dans les rangs des sapeurs-pompiers de la caserne Jean Cabanier. Dans l'intervalle, quatre enfants seront venus enrichir le foyer de André et Yvette, Christian et Jean-Claude, tous deux aujourd'hui décédés, Rose-Marie et Eliane. Passionné de pêche, et de chasse au petit puis au grand gibier, il s'adonnait également au jardinage. Dans un potager en bordure de l'Hers, et face à cet imposant vestige qui lui rappelait son passé de chapelier.

    andré sicreAndré Sicre, aux côtés de ses compagnons soldats du feu (de gauche à droite, Guy Colonges, Antoine Escande, Georges Subreville, Antoine Gabriel, André Sicre, André Conte, Claude Fernandez, Gérard Roncalli) . 

    La cérémonie religieuse, célébrée par les Soeurs de Présentation de Marie, a permis à une nombreuse assistance de témoigner soutien et affection à ses proches. Avant son inhumation dans le caveau familial du cimetière de Saint-Pierre, une délégation de l'Amicale des sapeurs-pompiers audois lui a également rendu un ultime hommage.

    En ces douloureuses circonstances, sincères condoléances à Yvette son épouse, à Rose-Marie et Eliane, ses filles, à ses petits-enfants et arrière petits-enfants, à toutes les personnes que ce deuil afflige.

    Battue Renards.jpgAndré Sicre avec les nemrods chalabrois, à l'arrivée d'une battue au renard (premier accroupi à droite).

  • Andréa Olive n'est plus

    Andréa et Paul Olive.jpgLa regrettée Andréa Olive, aux côtés de Paul son mari (Photo archives Octobre 1994).

    Jeudi 31 octobre, les Chalabrois apprenaient la triste nouvelle du décès d'Andréa Olive, née Alabert, domiciliée aux Genêts, survenu à quelques jours de son 82e anniversaire. Native de Tourreilles où elle avait vu le jour le 20 novembre 1931, Andréa Olive avait fondé un foyer en pays chalabrais, aux côtés de Paul, qu'elle avait épousé en mai 1951 dans la petite chapelle de l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques. Cinq enfants grandiront à leurs côtés, et la grande famille s'était réunie tout dernièrement afin de célébrer soixante années de vie commune, avec une pensée pour Marie-Thérèse, enlevée à leur affection en 2005.

    La cérémonie des obsèques religieuses aura lieu aujourd'hui lundi 4 novembre à 15 h en l'église Saint-Pierre, suivie de l'inhumation à Villefort. En ces douloureuses circonstances, sincères condoléances à Paul son époux, à ses enfants Danielle, Christian, Michel et Anne-Marie, à ses petits-enfants, à toutes les personnes que ce deuil affecte.

  • Justin Navarro, l'ultime évasion

    Le lundi 14 octobre dernier, Justin Navarro s'éteignait dans sa 89e année. Josèp, son fils, est l'auteur du texte qui accompagne le portrait du regretté Justin.

    justin navarroJustin Navarro, "compagnon de colère et de combat".

    Chalabre, 15 heures, ce 16 octobre dans le vieux cimetière un rassemblement accompagne Justin Navarro vers sa dernière demeure. Sur le mur d'enceinte, le spectre d'Aloïs* joue à l'équilibriste en marmonnant : «Comm' d'hab' j'ai dû oublier quelque chose» ; 70 ans plus tôt : Roger et Justin n'ont pas rendu leurs vêtements civils et s'évadent du Camp de Jeunesse. Sauvés du STO. D'autres partiront. Marche, longue : Auch, Chalabre, Montfort... Deux bûcherons de plus forêt de la Boulzane, dans des bois de bout de monde ! Une information de Gaston : un maquis est en formation à Picaussel. Le bruit des bottes monte dans la région, le vacarme des pantoufles se fait assourdissant dans les vallées. Justin dort sous les sapins de Sault, les sens en éveil. Dans la lumière matinale tamisée par les épicéas, il écrit «le chant du Maquis de Picaussel» qu'on entonnera plus tard à la fin des banquets commémoratifs.

    La Résistance s'organise, la marée brune reflue, les FFI s'approchent des vallées ; on range les pantoufles, on ressort la pétoire de 14 de derrière les fagots, on se fait coudre un brassard : on va libérer les villages ! Ils sont cohortes aujourd'hui les résistants ! Carcassonne : Le train s'époumone emportant les engagés volontaires vers les bataillons de la 2e DB de de Hauteclocque. Les autres rentrent rechausser leurs charentaises : ils ont fait leur devoir de héros de la résistance. Un devoir, deux mémoires.

    Justin et Jean passent le Rhin. Démineurs ils avancent dans les rues désertées des villes allemandes pour préparer le passage des troupes alliées. Ils passent entre les mines. Fribourg. Le Danube. Fin. Retour au Pays.

    Le cercueil est couvert d'un grand drapeau rouge, «rouge du sang de l'ouvrier» dit la chanson. Dans les allées du cimetière de dessus, Aloïs sous son drap spectral joue à la marelle «Ciel !... Sûr, on a oublié quelque chose...»

    Soixante ans plus tôt : Justin accroche une pétition à la porte de la maison de la presse qu'il gère : "Non à la guerre d'Algérie". Justin a un peu d'avance ; une seule signature dans la journée, la maman du premier qui est parti là-bas, mais des regards pleins de mépris et de menaces. Les injures peintes (de nuit) sur les volets de la boutique. Ensuite... Ensuite la maladie, l'AVC qui foudroie comme une balle perdue, l'aphasie. Il me dessinait un H et un A dans le creux de sa main. Putain. Il fallait deviner Henri Alleg. Tiens lui aussi vient de mourir cette année. Grand silence. Un devoir, deux mémoires.

    Lentement le temps a filé ; le jardin, «le journal que l'on vend au matin du dimanche et l'affiche collée au mur du lendemain», les luttes pour l'usine et les premiers camarades qui partent. Des drapeaux pour tous et des médailles. Des médailles sur des torses fiers que le temps a creusés, des médailles sur des pantoufles... Justin sourit, ses yeux disent mais lui sourit. Justin n'a rien demandé, il n'a rien eu. Trop rouge.

    De défilés en enterrements, de drapeaux en drapeaux, l'horloge a tourné. Aujourd'hui tu es là, parmi les derniers à partir. De drapeaux Bleu-blanc-rouge, point. De plaques «Adieu camarade», point. De médailles, encore moins.

    Aloïs qui goûte le spectacle assis sur les pointes de lances du portail du vieux cimetière s'éclaire soudain : «Merde ! C'était ça ; les drapeaux, on a oublié les drapeaux. Hou Hou, les anciens combattants ! Hou hou les résistants, où êtes- vous ?».

    Mon pauvre Justin, tu seras le premier à partir sans les drapeaux. Même les pantoufles et même certains des ceusses qui chantaient «Maréchal....» y ont eu droit, mais pas toi ! Un devoir, deux mémoires.

    Pourtant, là, au pied du cercueil, il en flotte un drapeau, le tien, rouge, avec la faucille et le marteau. Tu souris Justin, il te suffit. Dans le cimetière, le Chant des Partisans s'élève pour tirer ta dernière larme. Ensuite, avant que tu partes «ensemencer les étoiles», un morceau de Chiffon rouge est descendu s'accrocher à ton cœur épuisé.

    «Compagnon de colère, compagnon de combat, Toi que l'on a fait taire, toi qui ne comptais pas...»

    Tu es parti serein, en paix, ton sourire au coin des lèvres pour dernière arme, dérisoire et redoutable.

    En sortant du cimetière, le spectre d'Aloïs sifflotait l'Internationale, les jambes ballantes, assis sur une branche du vieux cèdre: il avait déjà oublié qu'il avait oublié....

    * Aloïs Alzheimer bien sûr.

    justin navarroJustin Navarro avec les compagnons de Rhin et Danube (Photo archives, Inauguration de la stèle Maréchal de Lattre de Tassigny, Avril 1999).

  • Jérôme Chacon n'est plus

    Jérome Chacon.jpgJérôme Chacon et son épouse Régine.

    La triste nouvelle est parvenue depuis Corneilla-del-Vercol (Pyrénées-Orientales) où il s'était retiré en avril 2007, Jérôme Chacon est décédé le 3 septembre dernier à l'âge de 89 ans. Né le 19 octobre 1923 à Lorca, dans la province espagnole de Murcia, Jérôme était venu en France en 1955, pour faire les vendanges à Bessan (Hérault). Il trouvera ensuite du travail dans l’agriculture en Ariège, à la ferme de Feuilla, à St Aulin (Mirepoix), où les siens le rejoignent le 2 novembre 1956. Il part ensuite comme ouvrier viticulteur à Villasavary, c'est là que sa famille opte pour la nationalité française, et réside pendant deux ans.

    L'arrivée en pays chalabrais s'effectuera dans les années 1960, Jérôme va évoluer dans le milieu forestier où il exerce le rude métier de bûcheron. Il fait ensuite les trois-huit dans une usine de textile à Lavelanet (Ariège), avant de faire valoir ses droits à la retraite le 1er janvier 1986. Au terme de toutes ces années de dur labeur, pour élever dignement et fièrement ses enfants, il peut enfin se reposer et se consacrer à ses passions, jardinage, chasse et cueillette des champignons.

    Avant son inhumation, et dans l’intimité familiale, un dernier adieu lui a été adressé le vendredi 6 septembre dernier. En ces douloureuses circonstances, très sincères condoléances à son épouse Régine, à ses enfants Jean, Isabelle, Jésus, Marie, José et leurs conjoints, à ses petits-enfants et arrières petits enfants, à toutes les personnes que ce deuil afflige.