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brindejonc des moulinais

  • Il y a 100 ans, Brindejonc des Moulinais posait son avion en Kercorb

    Voilà bientôt un siècle, la commune vivait déjà au rythme des "nuisances sonores" : l'un des plus beau specimens fut "l'oiseau tapageur".

    brindejonc des moulinais

    Avant Védrines, Brindejonc des Moulinais avait fait « brounziner » le moteur de son Morane Saulnier, dans le ciel du Kercorb.

    Il y a cent ans, les voitures automobiles investissaient les cours en nombre croissant, et les trains entrant en gare du côté de la plaine de Saint-Pierre, sifflaient à plusieurs reprises en l’espace d’une seule journée. Un "background" sonore qui traduisait à lui seul, la belle vitalité du pays chalabrais. 

    Culs rouges et culs blancs     Politiquement parlant, c’était à peine différent, puisque deux clans s’opposaient en permanence : le premier était celui des « Culs rouges », dont le siège était au café de la Paix. Ces derniers se manifestaient bruyamment et régulièrement, si bien que le maire, Henri Rascol, considéré alors comme le chef de file des « Culs blancs », leur avait imposé entre autre interdiction, l’usage des pétards. Par contre, l’harmonie-fanfare, classée « blanche », était autorisée à répéter tous les jours après vingt heures, dans la rue du presbytère. Afin d’asseoir un peu plus leur autorité, le maire et son équipe décidèrent de s’accorder un peu de réclame, en invitant un pilote et son avion en Kercorb. De fait, ils allaient frapper là un grand coup, puisque leurs concitoyens n’avaient jamais vu l’oiseau voler.

    Explosion d'allégresse     Le jeudi 15 février 1912, en début d’après midi, un bruit sourd venu d’on ne sait où, se rapprocha d’une ville, déserte. Et pour cause, malgré le grand froid, l’ensemble de la population du canton s’était donné rendez-vous sur un terrain d’aviation improvisé. C’est ainsi que Brindejonc des Moulinais se posa à Chalabre, à coté de la ferme Saint Martin, devant l’actuelle ruine de la ferme de Saint Antoine qui était alors une tuilerie. Le pilote allait donner un aperçu de son savoir-faire, devant une foule médusée.

    La presse se fera l’écho de cette journée, et "Le Télégramme" du 20 février écrit : "Seuls peuvent comprendre l'explosion d'allégresse de la foule, ceux qui ont vu de pareils spectacles. Il faut avoir vécu ces minutes impressionnantes pour en éprouver l'imposante grandeur". Cette brillante démonstration de voltige fera des émules puisque le Comte Jean Amaury Hyacinthe Mauléon Narbonne de Nébias, né à Chalabre le 5 mars 1889, ne tardera pas à prendre lui aussi le manche.

    Brindejonc des Moulinais descendra ensuite la vallée de l'Aude, survolant Quillan, Espéraza, Couiza, et Limoux. "L’Echo de l'Aude" écrit  le 25 février 1912 : "Tout Limoux est sorti ; sur les terrasses, sur les toits, sur les ponts. Toutes les têtes en l'air admirent l'oiseau tapageur".

    brindejonc des moulinais

    Issu d’une famille de marin, originaire de Nantes, Brindejonc des Moulinais était pilote au sein de l’entreprise Morane. Le 17 juin de la même année, au circuit d’Anjou et malgré l’opposition de son patron, le constructeur Léon Morane, il se classa 3e d’une course remportée par un certain Roland Garros.

    Abattu par erreur     Brindejonc des Moulinais devint célèbre dans toute la France et fut fait chevalier dans l’ordre de la légion d’honneur à l’âge de 23 ans, faisant de lui le plus jeune récipiendaire. Appelé pour accomplir son service militaire le 10 octobre 1913 au 1er groupe aéronautique à Versailles, puis affecté au 2e groupe d’aviation à Lyon, il reçut la Croix de guerre le 2 juin 1915. Son avion fut abattu par erreur dans l’après midi du 18 août 1916 à Vadelaincourt, près de Verdun, et il fut cité à l’ordre de l’armée, à titre posthume. Ainsi disparaissait tragiquement, celui qui, quatre ans plus tôt, avait fait battre le cœur de plus d’une Chalabroise.

    Un grand merci à Serge Fournié pour le texte et les photos.