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« Nous fermerons la porte... »

Avant que le mois de janvier ne passe le relais, un dernier retour vers les cimes du Massif de Tabe, avec un poème écrit sous la plume d'un Dernier de Cordée. 

thierry cnocquart

« Nous fermerons la porte... »

Pour certains la montagne, c’est cumuler les monts

Enumérer des pics et les collectionner

Délaisser le plaisir pour la compétition

Pour toi le maître mot, c’était de partager.

 

Un peu avant Noël un soir, au coin du feu

Quelques amis préparent l’éternelle virée

Nous partirons lundi, dans le matin frileux

Aucune discussion sur le choix du sommet.

 

C’est d’abord par la route puis de larges lacets

Que les récentes neiges, vont rendre impraticables

Et le jour se levant, je descends m’équiper

Tel un enfant joyeux qui range son cartable.

 

L’allure soutenue nous dépassons l’étang

Pour bientôt accéder à un plateau immense

Jonché de vieux outils, témoins de l’ancien temps

Baptisé par le maître : la piste de danse.

 

Dans une brèche étroite et protégée du vent

Chacun sort de son sac de quoi se sustenter

Un abri de fortune, mieux qu’un restaurant

Notamment par l’éclat de sa  salle à manger. 

 

Lentement la cordée progresse sur la crête

Un crochet à la main et des griffes aux pieds

La prudence nous tient éloignés de l’arrête

Et ce long balcon blanc qui pourrait s’effondrer.

 

Peu à peu se dévoile le Saint Barthélémy

Epuisé par l’effort, chargé de lassitude

J’applique les conseils éclairés de l’ami

« Petits pieds, petits pas » pour vaincre l’altitude.

 

Oh quelle délivrance d’atteindre le sommet !

Rapidement la joie vient essuyer la sueur

Devant nous l’imposant tableau des Pyrénées

Et tous ces beaux massifs qu’il connaissait par cœur.

 

Quelques regards complices, et c’est l’heure à présent

De rebrousser chemin sur ce parcours mythique

Ecouter le récit des hivers précédents

Que le vent des années va rendre anecdotique.

 

Parfois on aperçoit une pierre gravée

Comme une forme ovale, surmontée d’une fente

De façon régulière elles ornent le sentier

Menant vers le curieux monument aux vivantes.

 

Le soleil s’est couché, bientôt viendra la nuit

Un intermède court surtout à cette époque

Le soleil s’est couché, pourtant on ralenti

Pour voir s’illuminer Lavelanet et Laroque.

 

Ce soir on fêtera ce voyage éprouvant

Comme pour prolonger le rêve, en quelque sorte

Avec une pensée, émue, pour maître Jean

Et puis, comme il se doit, nous fermerons la porte…

Dernier de Cordée

Commentaires

  • Quel bel hommage. J'ai eu le privilège de faire quelques fois cette ascension avec maître Jean. Ce poème décrit avec émotion et teinté de nostalgie les délicieux moments passés ensemble. Un grand merci à l'auteur.

  • Ce dernier de cordeé est passé en téte pour nous offrir une belle émotion matinale. Merci a toi et a lui thierry

  • Je pourrais dire que le froid des sommets n'a aucune emprise sur l'ascension vécue dans la chaleur d'une grande amitié. C'est un très bel hommage à Jean P..

  • Un hommage authentique, un écrit brillant, anonyme de surcroit, ca qui n'a rien d'étonnant lorsque l"on connait l'humilité des montagnards.
    Congrats à vous Dernier de Cordée !

  • Très belle poésie pleine de vérité et quel vibrant hommage à un ami bien trop tôt disparu..
    Bravo aussi au poète à la rime reconnue qui nous transporte dans la neige du Saint Barthélémy avec frénésie.

  • J'ai toujours le souvenir de ce haut lieu mythique et heureux d'avoir crapahuter avec Jean, un jour de décembre 2011, merci à cette mini cordée, que je remercierai jamais assez, de m'avoir fait vivre ce joyeux
    périple....

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