L'article en ligne avait paru dans l'Indépendant, édition du dimanche 8 mars 2015.
Jean-Pierre Boulbès sur son Ferguson TEC n° 26.773, le lundi 23 février 2015
Photo archives, Février 2015
A l’heure où la plus grande ferme de France accueille ses premiers visiteurs, Porte de Versailles à Paris, il est un témoin encore très actif d’un passé déjà lointain, quand nos vertes campagnes s’ouvraient à la mécanisation.
Témoin mais aussi et surtout acteur, ce tracteur à essence de marque Ferguson, aura eu la particularité d’avoir été acheté à trois reprises, par le même propriétaire. L’histoire commence au début de l’année 1956, un tracteur d’un gris rutilant, fait sa première sortie des ateliers de fabrication. Depuis les Ets Cazanave et Cie de Carcassonne, jusqu’à la forge d’Etienne Bauzil à Chalabre. Cette transaction correspondait à une commande passée par M. Roger Boulbès, agriculteur à Toulemon, et à la tête d’un beau corps de ferme qui ne se reflétait pas encore dans les eaux du lac de Montbel.
Le 28 février 1956, les Ets Cazanave et Cie enregistrent une commande pour un tracteur de marque Ferguson, une charrue monosoc réversible à carrelets, et une faucheuse portée.
Le 2 mars suivant, M. Roger Boulbès reçoit le document d’enregistrement de sa commande.
Le 28 mai, une facture détaillée est remise au propriétaire d’un tracteur flambant neuf, réceptionné à la « Forge et Maréchalerie Bauzil ». MM. Etienne et Louis Bauzil accompagnés de M. Roger Boulbès, se sont rendus en voiture jusqu’à Carcassonne, pour prendre livraison de la machine. Une machine qui ralliera le Kercorb par la route, sous la conduite du jeune Louis Bauzil.
A compter du 20 juin, la mise en circulation est effective, sous l’immatriculation 357 BM 11.
En septembre 1971, et après quinze ans de bons et loyaux services, l’engin change de main, et quitte la ferme de Toulemon pour la ferme de Bon-Accueil. Désormais, son nouveau propriétaire s’appelle Maurice Gracia.
En juin 1974, le Ferguson quitte le Kercorb pour Villelongue d’Aude, où il poursuivra sa carrière entre les mains d’Eugène Boix, ouvrier agricole.
En septembre 1987, Jean-Pierre Boulbès, fils de Roger Boulbès, se rend à Villelongue et rachète le tracteur, autrefois propriété de son père, qu’il ramène à Toulemon.
Aux premiers jours de l’année 1990, le tracteur s’apprête à quitter à nouveau l’exploitation de Toulemon. Pour un court trajet qui l’emmène juste de l’autre côté de la colline, jusqu’à Chalabre-Plaisance. La vente se fait au bénéfice de Raymond Fort, chef des fourneaux du France, et gentleman-farmer à ses heures.
Le 16 novembre 1997, la machine reviendra dans son hangar d’origine, après une dernière transaction qui permet au Ferguson, de boucler la boucle, sur les terres de ses premières manoeuvres.
Un grand merci à Jean-Pierre Boulbès, pour ses souvenirs, et ses documents parfaitement archivés