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  • C’était hier : Les collégiens découvrent un Noël dans les tranchées

    L'article mis en ligne avait été publié dans l'Indépendant, édition du dimanche 25 décembre 2005.

    collège antoine-ponsLes élèves ont été sensibles aux paroles des Poilus (Photo archives, Décembre 2005).

    « L’issue de la guerre ne se jouera pas ce soir. Personne ne nous reprochera d’avoir posé nos fusils une nuit de Noël ». Ces paroles du lieutenant écossais Gordon sont extraites du film de Christian Carion « Joyeux Noël », que les élèves de 3e du collège Antoine-Pons étaient invités à découvrir, quelques heures avant les vacances de fin d’année.

    Cette œuvre de fiction s’appuie sur plusieurs faits qui se sont déroulés autour de Noël 1914 en certains endroits du front, et qui ont vu Allemands, Britanniques et Français, fraterniser le temps d’une courte trêve. Une immersion dans le quotidien des soldats engagés dans le conflit de 1914, qui aura permis aux collégiens de franchir les limites des versions officielles proposées par leurs manuels scolaires et de découvrir les paroles de Poilus.      

    Entre guerre et paix     Visiblement émus par les événements mettant en scène les soldats impliqués dans ces fraternisations (messe commune, match de football, enterrement collectif des morts), les potaches ont très bien relevé que la frontière sur le « no man’s land » n’était pas entre les camps, mais plutôt entre ceux qui faisaient la guerre et ceux qui voulaient qu’elle soit faite. Si le général Mangin chef d’état-major français fit confisquer les clichés montrant ces scènes, de nombreux témoignages sont passés entre les mailles de la censure. A l’image des carnets de guerre du caporal Louis Barthas, écrivant : « Qui sait ! Peut-être un jour sur ce coin de l’Artois, on élèvera un monument pour commémorer cet élan de fraternité entre des hommes qui avaient l’horreur de la guerre et qu’on obligeait à s’entre-tuer malgré leur volonté » *.

    A la faveur d’une discussion avec Hélène Cortès leur professeur d’histoire, les élèves sont longuement revenus sur cette guerre vue par ceux qui l’ont faite, sans oublier d’évoquer le souvenir d’un chat navigant à loisir entre les lignes et qui aurait été fusillé pour intelligence avec l’ennemi. Les élèves adressent un Joyeux Noël à tous et remercient le cinéma de Lavelanet (séance spéciale), le foyer socio-éducatif et Yannick Callat principal du collège qui leur a offert « la chance d’assister à la projection ».

    * Un monument en l'honneur de ces hommes a été inauguré le 17 décembre 2005 à Neuville-Saint-Vaast (Artois).

  • Le sapin de Noël

    En cette journée particulière, un conte de Noël proposé par l'ami Bernard, pour mettre un petit peu de baume dans les cœurs.

    Le sapin de Noël

    Sapin.JPGNoël était passé depuis une semaine, la neige dans les rues était encore là, je marchais lentement quand soudain j’entendis comme un gémissement au bord de ce chemin. Ces cris que j’entendais me semblaient surhumains, et c’est alors que là, à quelques pas de moi, dans le fond du fossé qui bordait cette route, je vis un tas d’ordures, des papiers de noël aux tons multicolores, des cartons d’emballage, et même quelques restes du repas de la fête.

    Je me suis approché, et là soudain j’ai vu une petite branche d’un sapin de noël, enseveli et meurtri sous ce gros tas d’ordures. Au plus haut de l’arbuste était restée encore une petite étoile. Quand je l’ai regardée, j’ai cru à un miracle, deux petits yeux mouillés qui fixaient mon regard et une petite voix enfantine et plaintive me parlait lentement, alors tout doucement de mes deux bras vaillants, je sortis le sapin et l’amena chez moi.

    Les branches tout à coup redressèrent leur port, et soudain le petit résineux de trois ou quatre années se mit à me parler de sa plus tendre enfance.

    J’étais heureux là bas, en haut de la forêt où nous vivions ensemble, mes parents, mes amis et tous mes bons copains, très jeunes comme moi. Quand le printemps venait, la mousse repoussait au pied de nos racines, même les fleurs sauvages aux couleurs chatoyantes sortaient de ça et là, des petits écureuils sautaient de branche en branche, cherchant l’arbre idéal pour y faire leur nid. Lorsque les jours plus longs nous annonçaient l’été, les rayons de soleil qui transperçaient nos branches nous permettaient à tous de refaire les pousses pour l’année qui venait.

    Quand l’automne était là, tous nos amis les arbres revêtaient leurs habits aux couleurs magnifiques, le rouge et le vermeil, le blond des châtaigniers, qui pour remercier notre mère nature, nous faisaient un tapis de succulents marrons, que les gens du village se faisaient un plaisir de venir ramasser. C’était aussi le temps ou venaient en grand nombre tous les gens du pays, munis d’un bon couteau et d’un panier d’osier pour cueillir tous ces cèpes, rousillous et bien d’autres, souvent sortis de terre dans le cours de la nuit. C’était un vrai bonheur de les regarder faire.

    Après quelques semaines, le froid vif arrivait. D’abord quelques flocons tourbillonnaient en haut de la cime des arbres, et puis c’est à grands pas que l’hiver s’annonçait. La neige tombait drue, nos parents bien plus grands et surtout bien plus hauts, nous faisaient comme un toit de leurs branches écartées, pour alléger le poids de la neige trop lourde, qui nous faisait pencher la tête vers le sol.

    Que c’était beau l’hiver, cette blancheur extrême qui nous recouvrait tous d’un joli manteau blanc, faisait de la forêt un si joli tableau, que l’on revoit souvent sur les cartes postales, quand arrivent les fêtes de la nouvelle année.

    Le cœur me fait très mal en pensant à ce jour quand noël arrivait. De très loin tout ensemble nous avions entendu le bruit de ces moteurs assassins et meurtriers tronçonnant de partout sans aucune pitié et coupant sans relâche les sapins pour noël. Quand ils vinrent vers moi, j’ai regardé le ciel une dernière fois, et j’ai vu mes parents, leurs yeux étaient remplis de larmes de tristesse, essayant tous les deux dans un ultime effort de protéger l’enfant qui était à leur pied, mais sans pitié la chaine de cette tronçonneuse me partageât en deux et je tombai à terre. Ces hommes sans scrupules me prirent et me jetèrent sur le tas de sapins mutilés comme moi, nous faisant ressembler aux cadavres gisant sur un champ de bataille.

    Enfin ce fut ce jour où je me suis retrouvé près d’une cheminée dans une grande pièce, une table garnie de mille victuailles me laissant présager le festin de noël. Des mains douces et légères m’avaient garni de boules multicolores, de guirlandes aux couleurs qu’on ne peut définir, et de mille bougies sur mes frêles aiguilles. Au plus haut de ma tête, on y a mis une étoile et au pied de mon tronc mutilé, on posa alors un grand nombre de cadeaux. Et puis lorsque la fête fut hélas terminée, on me déshabillât et on me jetât là bas, sous ce gros tas d’ordures.

    C’est peut être le Dieu, celui de la forêt qui me poussa ce jour là sur ce chemin de terre où je t’ai ramassé. Quelques frêles racines qui avaient repoussé laissaient croire au miracle. Ca fait plus de trente ans que je t’ai replanté, au milieu du grand champ, tout près de ma demeure, et chaque année quand vient la veille de noël, ton corps majestueux brille de mille feux, et de tout le pays et des contrées voisines, les gens viennent te voir et même se prosterner. C’est des millions d’étoiles qui brillent de partout faisant comme un soleil illuminant le ciel, des boules par centaines pendent le long des branches, et des guirlandes aux couleurs des plus beaux arcs-en-ciel retombent en cascades. Dans le champ tout entier sortent d’un peu partout des roses de noël te faisant un parterre d’une immense beauté.

    Merci à toi sapin, merci de me donner chaque année à noël le plus beau des cadeaux que l’on puisse m’offrir, ton amour et ta reconnaissance. Sache que grâce à toi, dans toute ta forêt, aucun petit sapin n’a été recoupé pour le jour de noël.

    Et depuis ce jour là, chaque année pour noël, des sapins en plastique font partie de la fête, vous laissant vivre en paix dans vos belles forêts, pour que pour vous aussi, noël soit jour de fête.

  • La mystérieuse clef du Pont-Rouge

    L'article qui suit avait été publié sur le blog le jeudi 14 juin 2012, et pourrait répondre à l'une des deux questions posées dans le commentaire de François. Quant à l'interrogation également émise par Philippe, relative au contrôle des sautes du Chalabreil, je n'ai pas l'information. Je profite de l'occasion pour adresser de sincères remerciements aux lectrices et aux lecteurs de ce blog, et des excuses à celles et ceux dont les commentaires restent souvent sans réponse. Pour Nicole et en ce qui concerne les encarts publicitaires, j'avancerais sans trop de certitude le chiffre 10. Quant aux processions et à leurs bénéfices, il faut accorder la prime à l'espoir. Enfin, tout à fait d'accord avec Thierry, le temps ne pousse pas que les pierres.

    pont rouge chalabreLa clef de Otto

    En mai 2012, les élus réunis en séance afin de voter le budget, avaient également évoqué les projets prioritaires, au premier rang desquels la réfection de la passerelle du Pont-Rouge. Soumise à plusieurs expertises, cette voie d’accès jetée sur le Chalabreil va très bientôt faire l’objet d’une restauration complète, et ce, 126 ans après sa mise en place. C’est en effet après une décision votée en conseil municipal le 23 mai 1886, que les Chalabrois avaient vu leur commune se doter d’une passerelle métallique, créée par les Ateliers Mauguin de Paris. Le fer supplantait définitivement le bois, parce que de fortes pluies conjuguées à la fonte des neiges, avaient emporté le 28 février 1885, une très vieille passerelle en bois.

    Bien des années plus tard, lors du deuxième conflit mondial, certains prisonniers internés dans le camp de concentration établi sur l’ancienne scierie du Moulin de l’Evêque à Rivel, viendront pour ainsi dire, apporter leur pierre à l’édifice. Ces détenus politiques, utilisés comme renfort au sein des effectifs de l’usine Canat, vont en effet bâtir deux rampes d’accès permettant le passage des brouettes. Parmi ces prisonniers, Otto Löwy, Autrichien né le 30 mai 1900, à Vienne. Ce dernier tenait un journal sur lequel il avait noté comment un voisin du quai du Chalabreil, leur avait un jour offert une boîte de conserve contenant du poisson. Une fois le « festin » terminé, la clef ayant permis l’ouverture avait été noyée dans le ciment. Le 12 août 1942, Otto Löwy fut dirigé vers le camp de Drancy, avant un dernier voyage jusqu’à Auschwitz où il mourut le 30 novembre de la même année. Dans le courant des années 1990, sa famille prendra contact avec la ville de Chalabre, grâce à l’aide du consulat d’Allemagne, afin d’en savoir plus sur le parcours de l’un des leurs. Donnant par la même occasion, plusieurs informations consignées dans le carnet de Otto.  

    Le temps a passé depuis, et si le métal de la passerelle est aujourd’hui la proie de la rouille, le béton des rampes adjacentes donne lui aussi certains signes de faiblesse. Signes faibles certes, mais suffisants pour laisser apparaître une clef, que l’on devine lorsque l’on se positionne face au pont, et dos à l’église Saint-Pierre. 70 ans après, le souvenir du citoyen Otto Löwy et de ses compagnons d’infortune a ressurgi de l’oubli, grâce aux effets improbables de l’érosion. En cette année 2012, le Pont-Rouge va être restauré, par nécessité, et il est permis d’espérer que ce vestige d’humanité et de fraternité, n’ira pas se perdre dans un amoncellement de gravats.

    (Remerciements à Serge Fournié, pour l’intérêt qu’il porte à la chose historique, et pour son sens aigu de l’observation)