Badaluc le 45e était prévenu, mais le tribunal réuni dimanche, obnubilé par un Mestre Doulentizo des grands jours, a hélas validé la sentence fatale.
La fête fut totale, malgré un final inattendu.
Il était prévenu, mais sa suffisance lui aura été fatale, comme elle le fut pour ses ancêtres, lesquels chacun le sait, ont invariablement pris congé du pays chalabrais, dans des circonstances un brin violentes. Samedi 20 avril pourtant, à l'heure où une foule en liesse voyait apparaître au détour de la rue du Pont-Vieux, l'auguste profil de sa Majesté Badaluc le 45e, les conditions d'une entente cordiale étaient assurément remplies.
La main vissée à l'oreille droite, tel le disc jockey accompli, l'illustre invité d'avril sera charitablement promené le long des cours chalabrois, sur une musique assez éloignée de son registre de prédilection. Détail futile, car dans le même temps, Badaluc XLV jubilait à la vue de balcons et fenêtres pavoisés, sous les vivats de citoyens chalabrois honorés pour deuxième fois en ce faste mois d'avril. Ici et là, fusaient comme toujours, des commentaires médisants, façon "deux fois à huit jours d'intervalle, cela est peu". Qu'importe, les notes seront certes moins martiales que le samedi précédent, mais l'arrivée sous la halle ne sera rien moins que triomphale, les autorités rompues à l'exercice faisant assaut de témoignages de bienvenue, avant de remettre les clefs de la ville et d'accorder l'investiture au prince de Carnaval.
Ce que fut la nuit chalabroise, bien peu nombreux se hasarderont à l'évoquer. Reste que les entorses à la tradition se seront multipliées, à l'image de Jojo, pilote attitré de Badaluc, remisant pour la nuit le convoi officiel, sur le côté pair du Cours Sully. L'hérésie pointait le bout de son nez, et personne ne fut surpris lorsqu'un tribunal réuni dimanche en place Amouroux, obnubilé par un Mestre Doulentizo des grands jours, valida la sentence fatale.
Admirablement drapé dans sa tristesse, Badaluc XLV ne daignera pas faire appel, préférant faire ses adieux en adressant un regard éperdu de reconnaissance vers son défenseur, Mestre Refresco Barrals, bien seul sous les platanes, et un peu trop près de la rivière. En guise d'au-revoir, les musiciens de l'OPVC, présents depuis le premier jour aux côtés du condamné, lui dédieront leur dernière partition. Dans l'espoir que Badaluc XLV n'échappe au pandémonium, il ne restait plus qu'à louer Badaluc XLVI.
A l'annonce du verdict, certains ne pourront contenir leur colère.
Les albums Carnaval 2013 Réception, Carnaval 2013 Tour de Fécos et Carnaval 2013 Jugement ont été mis en ligne.
(ces photos sont disponibles à la demande, dans leur résolution originale)