Voilà un peu plus de dix ans, le vendredi 4 avril 2014, Chalabre accompagnait vers sa dernière demeure, la regrettée Claudine Pech (photo ci-dessous), décédée à l'âge de 80 ans. Une disparition qui voyait la porte de la maison familiale du cours Colbert se refermer définitivement sur des années de vie et de souvenirs. Dernière résidente des lieux, figure de la cité chalabroise, Claudine avait choisi de vivre seule, cessant toute relation avec sa famille après le décès de Marie-Louise sa maman, survenu en 1985.
Depuis lors, elle évoluait dans un environnement fait de solitude, assise sur le perron de la maison familiale, ou se rendant à l'église Saint-Pierre aux côtés de sa bicyclette, pour assister à la messe, ou pour accompagner un paroissien jusqu'à sa dernière demeure. Chacun se souvient de ces petits papiers, qu'elle distribuait de manière confidentielle, et sur lesquels étaient annotés d'énigmatiques indices. Comme des pistes qui au final n'étaient peut-être pas aussi extravagantes qu'elles pouvaient paraître, comme pour préserver cette distance avec les autres qu'elle s'évertuait à entretenir (photo ci-dessous les parents de Claudine, Marie-Louise et François Victor Toussaint, dit « Centaine »).
Dix années ont passé déjà, sans que la maison n'ait vu ses portes et fenêtres une seule fois ouvertes. Mais si l'on se réfère à l'information portée sur le recueil des actes administratifs publié par la préfecture de l'Aude le 16 novembre 2023, « Arrêté préfectoral du 14 novembre 2023 constatant le transfert de propriété dans le domaine de l’État d’un bien sans maître situé sur le territoire de la commune de Chalabre », il apparaît que l'immeuble est désormais propriété de l'Etat.
Cet acte administratif mentionne les éléments suivants :
« Vu la délibération du conseil municipal en date du 27 avril 2023, par laquelle la commune de Chalabre a renoncé à exercer son droit de propriété sur le bien cadastré AB 242 situé sis cours Colbert à Chalabre », « Vu la délibération du 4 août 2023 prise à l'unanimité de ses membres, par laquelle la communauté de communes Pyrénées Audoises a également renoncé à exercer son droit de propriété sur l'immeuble cadastré AB 242 situé sis cours Colbert à Chalabre », « Vu les recherches effectuées auprès des services cadastraux », « Considérant que le dernier propriétaire de ce bien est décédé en 1985 ; qu'aucune dévolution successorale n'a été établie ; que le propriétaire est décédé depuis plus de trente ans et que les potentiels successeurs ont tous renoncé au bien », « Considérant que la parcelle AB 242 sise sur la commune de Chalabre est inscrite sur la matrice cadastrale de cette commune depuis plus de trente ans », « Considérant dès lors que le bien revêt la qualification juridique de bien vacant et sans maître et que la commune de Chalabre a expressément renoncé à intégrer le bien dans son patrimoine », « Sur proposition de la secrétaire générale de la préfecture de l'Aude, arrête : Le service du domaine est autorisé à prendre possession, au nom de l'Etat du bien ci-après désigné situé sur le territoire de la commune de Chalabre.../... conformément au plan en annexe : Chalabre, Section AB, N° de plan 242 ».
Après lecture de cet acte administratif, il est également établi que la décision n'a pas fait l'objet d'un recours contentieux auprès du tribunal administratif de Montpellier. Le n° 17 du cours Colbert est donc propriété de l'état depuis le 14 janvier 2024.
Années 1930, « Centaine » debout avec le béret, devant la maison familiale
Photos collection Jacques Piques † 3 septembre 2024
Commentaires
Quel plaisir de revoir le visage de Claudine, qui était une personne très attachante et ses petits billets étaient effectivement très énigmatiques, un peu comme des rébus qui parlaient des personnes et évènements importants de sa vie.
Pendant des années, elle me les a aussi déposé sur le comptoir du Syndicat, parfois sans un mot, parfois avec l'envie de discuter un peu.
Elle adorait les omelettes, alors je lui en portais de temps en temps, encore tièdes, en allant travailler le matin au S.I. Elle était contente et je n'étais pas la seule à lui faire ainsi de petits plaisirs.
Une personne gentille, intelligente et rebelle, qui vivait dans son monde, dans son passé. C'est bien de parler un peu d'elle, de cette figure Chalabroise.