Mireille et Thomas s'apprêtent à quitter un cadre qui leur était quotidien depuis décembre 2018
Photos Jeudi 28 août 2025
Le rideau métallique s’est abaissé une dernière fois, rue du Capitaine Danjou, marquant la fin d’une histoire commerçante qui aura traversé les générations. Le bureau de tabac et jeux, maison de la presse, installé depuis plusieurs années dans ce bâtiment emblématique, a définitivement fermé ses portes. L’activité ne disparaît pas, elle se poursuit désormais à quelques pas de là, dans un local plus moderne. Mais la disparition de ce commerce à cette adresse ne laisse pas indifférent.
Avant de distribuer tickets de loto et paquets de cigarettes, cette maison fut, pendant des décennies, la boulangerie du quartier. On y entrait autrefois dans l’odeur du pain chaud de Yoyo, de son Tougnol, on y croisait les voisins au petit matin, on y échangeait les nouvelles.
Lorsque la boulangerie a cessé son activité, beaucoup redoutaient de voir l'endroit tomber dans l’oubli. L’ouverture du bureau de tabac avait alors redonné vie aux lieux, on y retrouvait une autre forme de lien social. Les lecteurs de leur journal préféré, les joueurs fidèles à leur grille de loto, les fumeurs pressés, tous partageaient, d’une certaine manière, la même convivialité qu'hier.
Aujourd’hui, avec le transfert de l’activité dans un nouveau local, ce pan de mémoire se referme définitivement. « C’est étrange de voir ce rideau tiré, on a l’impression que le quartier perd un morceau de son histoire », confie un Chalabrois.
Bien sûr, la vie commerçante continue ailleurs, mais la façade de la Maison Huillet va rester comme un témoin silencieux des générations passées. Ici, on a pétri le pain, partagé les nouvelles, tenté sa chance au loto… Aujourd’hui, tout cela appartient à la mémoire collective. Une page se tourne, laissant derrière elle le souvenir d’un lieu qui aura nourri, au sens propre comme au figuré, la vie du village.
En juillet 2001, Yoyo et Jeanne Huillet acceptent d'évoquer la recette du Tougnol
Photo archives, rue du Barry-Saint
Photo Jean-Paul Charlut, archives, Février 1996
Depuis 1965, Jeannot et Monique Huillet ont remis le tougnol au goût du jour et le fabriquent à toute époque de l'année. Auparavant, ce fameux pain à l'anis n'était confectionné que pendant la semaine de Noël
Juillet 2000, Pascal Pull rallume le four de Yoyo, il est secondé par Josiane Delpech
Un four éteint depuis la disparition de Jeannot Huillet († 5 novembre 1998)
En décembre 2002, Steve et Cynthia Cazalis sont les nouveaux boulangers
Septembre 2003, Frédéric Benoist prend le relais derrière le pétrin
Il sera le dernier boulanger a oeuvrer entre ces murs
Au milieu de l'automne 2010, José Sanchez migre depuis La Boutique, Cours Dr Joseph-Raynaud, vers la maison Huillet
En décembre 2011, les néo retraités Bernadette et Bernard Boffy ferment leur bureau du Cours d'Aguesseau et cèdent leur activité à José Sanchez
2019, 1er janvier à la Maison de la presse de la rue du Capitaine Danjou
En décembre 2018 José Sanchez a passé le relais à Mireille Sanchez
Commentaires
Bonjour,
Mardi, je suis passé à vélo pour voir le Lac et prendre de l'eau du pays, la fontaine de la Mairie fermée, mais celle du limonadier fonctionnelle.
Puis le chemin du retour vers Espéraza devant ces boutiques fermés en enfilade. Yoyo, garage Loutre, Paquier, menuiserie Ferrier, la Gendarmerie, le battage Faure, le coiffeur Marty, plus de métairie de la ville de la famille Fernand Courdil qui tenait tous ces champs propres et un beau troupeau de vaches, pour en lait frais tous les soirs.
Les murs du parc du château et de la grotte au sol, le sentier de la maison des gardes fermé par la broussaille....
Le presbytère vide de son curé et surtout tous ces visages aux fenêtres soit dans l'encadrement de la porte, que l'on saluaient de la main en passant.
Ce n'est plus notre village d'enfance, mais comme toutes ces vallées du coin qui meurent après le départ des industries.
Ne parlons pas du tour de ville dont tout est fermé.
J'ai connu quatre boulangeries à Chalabre !
C'est triste mais.....
J'avais oublié :
Plus de trace de sentier, pas de vélo, de mobylette dans le champ en bordure de Baratte, notre piscine locale comme la Piche !
C'était les points de baignade de presque tous les jeunes qui ne connaissaient pas les vacances touristiques , les parcs d’attractions, nous parents travailleurs n'avaient pas les moyens financiers.
Mais nous étions heureux, tous pareil dans le bonheur de grandir à Chalabre !!!!
Gilbert, arrête, tu vas nous faire pleurer !!......
Je suis admirative (comme toujours ....) devant l'historique de la Boulangerie Huillet : la rétrospective, datée, chronologique, est complète! BRAVO !