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  • Rugby : L'US Chalabre XV Saison 1985-1986

    Retour vers le milieu des années 1980, avec les rugbymen qui portaient les couleurs de l'US Chalabroise XV. L'effectif était engagé dans le championnat 1985-1986, entraîné par Daniel Grauby, titulaire à l'US Carcassonne XV.

    us chalabroise,daniel graubyDe gauche à droite. Debout : Daniel Grauby, Richard Conte, Henri Rouby, Jean-Claude Bedin, André Lafage, Michel Bedin, Christian Bedin, Francis Romero, Jean-Paul Dilhat, Guy Ilhat. Accroupis : Bernard Boulbès, Francis Vila, Thierry Garros, Patrick Séris, Christian Franot, Jean-Jacques Loutre, Philippe Taruffi, Francis Amouroux.

  • Impasse des certitudes

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    Impasse de la Juiverie © MA

    Les nuits en Kercorb peuvent être source d'inspirations diverses, comme l'actualité  vient de temps à autre le démontrer. Cette fois, il faut imaginer un groupe d'amies et d'amis, réunis autour d'un bon repas au coin d'une cheminée dressée dans une maison de l'ancien Chalabre. Et la nuit s'étire, mise à profit pour refaire le monde, avec la certitude de ne rien y changer... Puis aux premières lueurs du jour, ils ne sont plus que trois, Marianne et Mouloud, amis descendus chez leur ami François, pour une balade dans la bastide.

    « T'as vu la plaque ? »... et les mots viennent, mélange d'une nuit, du passé et du talent de Mouloud Akkouche, écrivain, ou plutôt « auteur fictionnaireréaliste ». Réflexions inspirées par une plaque de rue apposée sur un mur qui était il y a peu, le lieu de rencontres des contribuables chalabrois. Le texte écrit le 11 juillet 2018, est à découvrir ci-après, avec l'aval de son auteur, que nous remercions. 

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    Mouloud Akkouche

    © Joson de la Bibliothèque

    « En mémoire du père de Kamel et de son ami Francis devisant devant la porte du garage. Sans se préoccuper des origines de l'autre. Juste à bavarder sous un ciel d'été. Passagers éphémères d'un bout de planète.

    Choqué par la plaque « Impasse de la juiverie ». J’étais restée bouche bée à ce coin de rue d’un très beau village. Retour comme en écho de l'incompréhension d'un gosse d'une dizaine d’années tombant sur « bougnoule » dans le dictionnaire. Persuadé à ce moment là que les « gens » qui font le dictionnaire étaient racistes. Mon dico, l'un de mes meilleurs copains, devenu soudain un ennemi. Mon ennemi et celui de ma famille. Un gosse plus déçu qu'en colère. Avant d'apprendre un jour que les lexicographes ne font que répertorier les définitions de mots du passé et du présent. Une sorte de GPS de la langue française. Pas uniquement avec des vocables policés et d'un grand humanisme. La boue et la merde ont aussi leur place sur les pages du dico. Reprenons la direction de cette plaque officielle. Rebaptiser l’impasse ?

    Ma première réaction fut donc une indignation mêlée de colère. Comment une telle plaque officielle peut-elle encore être apposée sur un mur de France ? Une véritable honte. Surtout en une période où l’antisémitisme reprend ici et là du poil de la bête immonde. Écrire au maire ? Envoyer un courrier au Canard enchaîné ? Déjà échafaudant plusieurs scénarios pour dénoncer un tel scandale. On ne peut laisser ça sous silence. Dis donc ; tu ne serais pas en train de te faire manipuler par ton émotion ? Habitué à penser contre mes premières impressions, colères ou enthousiasmes, j’ai fini par me rendre au grand magasin de réponses ouvert 24 h/24 et 7 j/7. Ma visite chez Google m’a permis de me calmer et surtout de changer d’avis. Indéniable que j'avais fait fausse route. Encore une indignation partie plus vite que la réalité ? Ou une façon de ne vouloir voir le monde qu’à travers une bouteille toujours à moitié vide ? Pour ne pas dire brisée.

    Impasse de la Juiverie était juste un quartier où vivaient les juifs de ce village. Comme de nombreux autres dans ce pays et en Europe. Un terme n’ayant pas du tout la même connotation injurieuse que de nos jours. Il s’agissait de désigner un lieu par les origines de ses habitants. Tels les quartiers espagnols ou italiens. Sans aucun doute, des historiens pourraient en dire plus qu’un billet d’humeur rédigé à chaud. Cependant une chose est sûre : le terme juiverie est devenu choquant de nos jours. Employés par des antisémites notoires de tous bords. Probable et fort compréhensible, que des citoyens soient choqués par cette dénomination. Comme ceux se battant pour rebaptiser les quartier « Biarritz-La Négresse ». Ou d’autres voulant renommer le Pont Alexandre III et d’autres noms de rues de personnalités décisionnaires ou complices d’horreurs historiques. Chacune et chacun voit son indignation à sa porte ? Nombre d’individus centrés sur la souffrance de leur communauté et minimisant celle des autres ? Le regard sur le présent et le passé filtré uniquement par la douleur de sa famille et ses proches ? Des questions souvent débattues pour le meilleur et le pire. Ne pas oublier que le communautarisme, division idéale pour d’aucuns voulant régner, est un vrai poison antirépublicain. Le débat sur le sujet est très complexe. Une très importante problématique contemporaine.

    Un autre mot est venu m'interpeller dans la foulée. Contrairement à juiverie et bougnoule, il est absent de mon dictionnaire. « Juste onze tarlouzes qui jouent à touche pipi dans les vestiaires ». C'est le mail -restitué de mémoire- d’un copain adressé à ses collègues de bureau. Mécontent que tous soient aussi aimantés par la Coupe du Monde. Même anesthésiés. Pris dans le filet d’une hystérie collective. Il ne s’est pas privé de leur balancer sa colère. Agacé à juste titre par cette tyrannie du foot dans l’espace public et les têtes. Un agacement recevable même pour l’amateur de ballon rond que je suis. La laïcité est-elle respectée en autorisant cette religion bleue a phagocyter toute la société ? Bientôt l’absence de port du maillot bleu et des trois couleurs sur sa peau passibles d’une amende ? Une fatwa contre tous les mécréants ne vénérant pas le Dieu foot ? Interdiction de blasphémer les Bleus ? La quasi obligation de prier tous ensemble vers les stades russes l’avait mis hors de lui. Jusqu’à dégainer le mot tarlouze. « T’es vraiment qu’un homophobe ! » Réponse logique en tendant la vanne pour se faire battre. Il avait cherché et trouvé. Est-il réellement homophobe ? Je ne crois pas mais l'amitié n'est pas la meilleure amie de l'objectivité. À mon avis ce serait plutôt une forme d’humour noir poussé à son extrême. Une provocation née sans doute de l’impuissance face au raz de marée bleu emportant tout sur son passage. Que faire pour résister ? Se murer dans le silence ou opter pour la noirceur de certains d’humoristes ou de caricaturistes allant trop loin ; secouer  pour donner à réfléchir. Quitte à prendre un carton rouge comme il a pris ? Son humour est très limite, peut-on toutefois rétorquer. Et avec raison. On ne pas dire qu’il a fait dans la dentelle. Mais au fait : limite pour qui ?

    Qui décide que telle ou telle forme d'humour est socialement compatible ? Coluche raciste ? Desproges antisémite ? Interdire les déguisement de noirs et d’homme en femmes dans les carnavals ? Antoine Grieszman a dû s’excuser pour son black-face. Alors qu’il voulait rendre hommage à l’équipe des Harlem Globe Trotters qu’il adore. Plusieurs situations -limite ?- du même genre posent question. Quels sont les arbitres des élégances et du « bien rire » ? Ce qui est encombrant dans la morale, chantait Léo Ferré, c’est que c’est toujours la morale des autres. Et si le copain avait balancé « Une majorité de nègres et de bougnoules venus chourer les crampons des blancs ? ». Aurais-je invoqué la liberté de rire de tout pour le défendre ? Tout n’est pas si simple en terre d’humour. Surtout pour le vanneur non professionnel de bureau, de comptoir ou d’ailleurs. Ses collègues qualifieraient-ils d’homophobe l’un de leurs humoristes ou caricaturistes préférés (certains « très limite » sur France Inter, Charlie Hebdo, Siné, etc ?) dénonçant la folie footballistique avec une vanne grasse ? Les humoristes du dimanche ont intérêt à se méfier s’ils ne veulent pas perdre des amis, se fâcher avec des collègues, et passer pour ce qu’ils ne sont pas. Préférable pour rire de tout, d'avoir une carte de presse ou un micro ?

    Passons à un sujet moins polémique. « Je crois que je deviens aigri ». Des propos du même ami. Peut-être liés en partie à son impression d’être à contre courant du monde et de sa coupe. Blasé de tous ses contemporains. Il en rajoute une couche sur les jeunes complètement dépolitisés. Loin d’être le seul à pester contre une supposée dépolitisation de la jeunesse. Je fais partie de temps en temps du même club désabusé. En réalité la jeunesse n'est pas plus dépolitisée qu’un certain nombre de nos élus. Visiblement plus intéressés par les ors de la vitrine républicaine et ses avantages que la politique. Des ultralibéraux de toutes les couleurs et avec pour les hommes des barbes mal taillées au millimètre près. L’ancien monde 2.0 veillant sur sa vaisselle et sa piscine loin des manants. Affirmer ça, me colle déjà dans le camp des poujadistes. Encore me faire des amis avec ce billet... Aujourd’hui pour noyer son citoyen on l’accuse de populisme ou de complotisme. Critiquer les politiques, les journalistes, ou certains gourous cathodiques, vous rend suspect. D’emblée disqualifié car un salaud du côté des méchants qui ose remettre en cause la parole venue d’en haut. Et même contraint en l’occurrence, pour me justifier, de rappeler que j’ai écrit « un certain nombre » et pas « tous les politiciens ». Comment clouer le bec à quelqu’un quand vous êtes à bout d’arguments ?

    En bloquant sur tweeter. Toujours étonnant les docteur es tolérance et démocratie vous bloquant à la moindre critique. Quelques « auteurs-penseurs » se réclamant de la gauche modernisée sont très adeptes en ce moment des purges numériques contre tous ceux ne pensant pas comme eux. Plus compliqué de «bloquer » un être de chair et d'arguments en face de soi. Par un coup de poing dans la gueule ? Radical pour réduire l’autre au silence mais vous signez votre défaite. Nettement plus efficace de balancer « au fond, tu es raciste sans même le savoir », avec un haussement d'épaules et en déplaçant  son regard vers un horizon plus intéressant. L’accusation de racisme peut-être transformée en « antisémitisme », « sexisme », « homophobie »… Son interlocuteur, en général déstabilisé, se demande s'il n'a pas dérapé. De l’anti-jeu comme certains joueurs se roulant à l’article de la mort dans la surface de réparation. Guère élégant de taper sous la ceinture des idées. Mais qui n’a jamais été de mauvaise foi et même menti lors d'une conversation ? Débattre n’est pas chose aisée. La problématique est que la mauvaise foi et les fausses accusations pour manipuler semblent désormais monnaie courante. Du café du coin à l’Assemblée nationale en passant par les joutes cathodiques des élites. Finira-t-on par débattre qu’entre soi ou devant son miroir ? Pesant chacun de nos propos avant d’ouvrir la bouche. Suis-je ceci ou cela en employant ce terme plutôt qu’un autre ? À quand des radars en embuscade sur la route des idées ?

    « Cohorte dépolitisée, dédramatisée, immense, bien nourrie, ignorante en histoire, opulente, réaliste ». La définition de la jeunesse yé-yé vue par François Nourrissier dans les années 60. Rien de nouveau sous le soleil des générations. Aigri or not aigri ? Parfois je me pose aussi la question. L’impression de devenir un vieux con. Le regard rivé dans le rétro. Le corps vieillit. Pourquoi l’esprit ne le suivrait-il pas plus ou moins ? Les avis sont partagés sur ce sujet. Certains sont persuadés que vieillir c’est chausser les pantoufles mentales des parents et autres ascendants. Prendre la place de l’ancien monde que toutes les jeunes générations tentent de fuir à toutes jambes. Rester assis devant sa fenêtre à observer les flux et reflux de l’époque. Spectateur ne voyant que les plus mauvaises scènes du film au présent. Avec des doubles vitrages pour ne pas entendre les bruits et sons nouveaux du monde. Et l'horizon débutant toujours avec le générique de fin. On la connaît l'histoire de cette putain d'humanité. Le casting et les décors changent, pas le scénario. Un scénario de film catastrophe. L’esprit de plus en plus recroquevillé sur le passé et un avenir déjà connu. Peut-on échapper à l’arthrose de l’âme ?

    Pour conclure ce billet d’humeur estival, je vous propose un petit détour par un mot. Celui découvert dans l'enfance au détour des pages d'un dico. « La tâche de BOU (porteur) de GNIOLE était confiée aux indigènes en Algérie car ils étaient les seuls à ne pas en boire. Les militaires français assurés d’avoir leur ration d’alcool. Et les indigènes avec leur accent prononçaient « bougnoule ». Une version - parmi plusieurs définitions - apprise récemment d’un copain. Il la tient de deux anciens (l'un français et l'autre porteur de gniole) aujourd'hui disparus. Comme quoi on peut encore apprendre à tout âge. En faisant travailler le muscle sous le crâne. Un muscle très précieux ne s'usant que si l'on ne s'en sert pas. L'utiliser pour continuer de penser contre ses certitudes.

    Et essayer de sortir (le plus possible) de ses impasses ».

     

    D'autres textes signés Mouloud Akkouche sont à découvrir, via les liens qui suivent : 

    https://blogs.mediapart.fr/mouloud-akkouche/blog/100718/impasse-des-certitudes

    https://blogs.mediapart.fr/mouloud-akkouche

    La photo Impasse de la Juiverie est signée Marianne Akkouche, ci-dessous le lien vers son blogphoto :

    https://delafenetre.tumblr.com/

    Pas d'humain, juste leurs traces !