Jeudi 4 juillet, un dernier hommage était rendu à Frédéric Paillard, décédé en son domicile de Villefort à l'âge de 72 ans. Natif de Corbeil-Essonnes où il avait vu le jour le 27 octobre 1951, le jeune Frédéric s'était orienté très rapidement vers les métiers du bois, intégrant l'école Boulle, installée Faubourg Saint-Antoine à Paris, une des plus grandes écoles d’art et de design en Europe. Ses dispositions précoces pour les métiers du bois l'amèneront à rejoindre le Tour de France des Compagnons, où il poursuivra son apprentissage de l'ébénisterie. De cette itinérance va naître certainement ce permanent besoin d'ailleurs, que Frédéric va satisfaire lorsqu'il décide de lancer une roulotte sur la route, en compagnie d'un petit âne. Au terme d'un périple qui l'emmènera d'abord vers la Bretagne de ses racines, un changement de latitude permet à Frédéric de découvrir les Pyrénées ariégeoises. C'est là, au cours de l'année 1977, que Frédéric, sa compagne Marie-Hélène et leur fille Morgane, née pendant le voyage, choisissent de faire une pause.
Dans l'intervalle, de coups de main en petits boulots et de petits boulots en rencontres insolites, le voyage laisse des souvenirs forts. C'est ainsi que Frédéric a l'occasion de s'initier à la vannerie, notamment en Charente où sa route croise celle d'une famille de manouches se déplaçant avec leurs chevaux. Dès lors, les chevaux tiendront une place privilégiée dans la vie de Frédéric.
Saltimbanque dans l'âme, artiste polyvalent, touche-à-tout capable de passer d'une discipline à l'autre avec le même talent, Frédéric Paillard découvre un Chalabre qui l'invite à remiser son attelage et à poser ses malles. Le Kercorb adopte ce nouvel arrivant, lequel va prendre très aisément ses marques, d'autant que deux petites filles, Eva et Claire, y voient le jour.
Dépositaire de savoir-faire ancestraux qu’il ne manque pas de transmettre et qui lui procurent la sensation de ralentir un peu le temps qui passe, Frédéric perpétue les gestes qui leur sont associés. C'est ainsi qu'il va multiplier les formations (cours de vannerie et stages), et contribuer à la valorisation et l'embellissement des espaces urbains, par l'implantation de vanneries vivantes et géantes. Confection d’un four à poterie selon la méthode gauloise, comment fabriquer un four à pain en argile, rentrer le foin à l’ancienne, telles seront les animations qu'il propose avec l’association « Kercorb Patrimoine ».
Au printemps 1996, il s'emploie durant dix mois à restaurer mobilier et statues de la chapelle du Calvaire, ainsi qu’une partie de la toiture, en collaboration avec les employés de la commune. Quelques semaines auparavant, au petit matin du mercredi 21 février, Chalabre est paralysée par une neige tombée en abondance au cours de la nuit. Grâce à la louable initiative d’un Chalabrois aimant conjuguer le verbe rendre service par tous les temps, Manon, une jument comtoise de 11 ans tractant derrière elle une étrave en bois, va favoriser un rapide retour à la normale grandement apprécié par les Chalabrois.
C'est en famille qu'il participe aux spectacles et reconstitutions historiques régionales, notamment dans le cadre des animations d'été données à Château-Chalabre. Joueur de cornemuse, Frédéric et son oreille musicale entreprennent avec succès la fabrication d'une harpe gauloise, dans le même temps, Frédéric et son saxo alto apportent leur concours aux solistes de l'OPVC. Toujours disponible depuis son univers de la Bâtisse, Frédéric tiendra le micro lors de la foire animalière sur le Terrain Legrand (1994), ou accompagnera avec sa carriole les cérémonies d’intronisation de la Confrérie des Chevaliers du Tougnol. Féru d’histoire, infatigable prospecteur entre autre du passé de la colline de Terre-Blanche, Frédéric était un actif défenseur du patrimoine. C'est ainsi qu'il avait récupéré l'essieu d'une charrette familiale, autrefois attelée de deux chiens, et avec laquelle son arrière-grand-mère partait vendre le lait. Frédéric avait réalisé son propre charreton à bras, destiné à transporter ses paniers sur le marché de Chalabre.
A l’été 2012, l’association Kercorb Patrimoine s’était offert une vitrine sur le cours Colbert, en l’occurrence, l’ancien local de feu le syndicat d’initiative du Chalabrais. Un coin de rencontre où notre maître vannier exposait ses créations et accueillait le chaland. Peu de temps après la vente du local et la fermeture de ce lieu de vie, le 31 décembre 2018, Frédéric avait quitté son antre de la Bâtisse. Désormais installé à Villefort, pour une retraite de façade, il ouvrait les portes de l’église Saint-André et assurait la visite. L'occasion de saluer ici et une dernière fois son sens du partage et sa constance au service du patrimoine.
La bénédiction célébrée en l'église Notre-Dame, a permis à une nombreuse assistance de lui rendre un dernier hommage. En ces douloureuses circonstances, très sincères condoléances à Morgane, Eva et Claire ses filles, à Arlette sa maman, à sa soeur Nancy, à tous ses amis.
Une œuvre d’art promise à la musique et créée à l'été 2011 par Frédéric
Au pied de la colline de Terre-Blanche