Un poème écrit sous la plume de Jean-Paul Sibra, lorsque l'intrus évoqué n'avait pas encore pris toute sa dimension.
Requiem pour un intrus
De la lointaine Chine, pour semer la terreur,
Un jour nous est venu un être insaisissable.
Un turpide minus jargaudant comme un fat.
Notre faraud se loge dans tout poumon qui passe.
Ménageant les plus jeunes, il préfère les vieux,
Ayant occis les uns, il maltraite les autres.
Misérable virus qui dans le mal se vautre,
Voilà que maintenant profitant des erreurs
Et de l'insouciance, il sévit dans nos lieux.
Serons-nous très bientôt les lièvres de la fable ?
Par notre négligence faut-il donc qu'on trépasse ?
Faudra-t-il se terrer un jour comme des rats ?
D'un crapaud, d'un scorpion ou qui sait d'un cobra,
Surgit l'odieuse chose. Où est le bon apôtre
Qui chassera au loin ce nabot si coriace.
En cercles concentriques s'est répandue la peur.
Si l'Inde l'évita -c'est à peine pensable-
L'Italie la reçut tel le fer d'un épieu.
Picards et Alsaciens avec ou sans leur Dieu
Ecopèrent à leur tour de l'hideux Corona.
Ce pou, trouvant la France ma foi fort agréable,
S'écria :"Compagnons ! Ce pays c'est le nôtre.
Son peuple insouciant fourmille de rêveurs
Et nous aurons tôt fait d'en maîtriser la place".
Le printemps qui naissait à ces vils mots s'agace.
Se promet sur le champ de jeter hors des lieux
L'ignoble créature, l'abject envahisseur.
Mais le maudit démon déployait ses soldats
Qui partout proclamait ;"Ce terroir n'est plus vôtre".
La grand' ville se tait. Ce silence l'accable.
Médecins, carabins s'attaquent au coupable,
La nature s'ébroue, le printemps se surpasse,
Le roi soleil rayonne, il joue les bons apôtres
Et de ses chauds rayons enhardit les anxieux.
Le pays tout entier est prêt pour le combat…
Et dans un nouveau camp s'est tapie la terreur.
En ce mois détestable ne soyons pas grincheux
Mais demeurons pugnaces, faisons face au malfrat.
Les demains seront nôtres quand reviendront les fleurs.
Jean-Paul Sibra