A hauteur de la rue du Pont Vieux, les pointes de bois telles qu’elles apparaissaient déjà après la crue de décembre 1996.
Dans la journée du 22 janvier dernier, les trois cours d’eau qui traversent la cité du Kercorb atteignaient l’un après l’autre leur cote d’alerte. Gonflés par les chutes de pluie, l’Hers, le Blau et le Chalabreil charriaient des flots noirs et chargés, entraînant des crues qui allaient provoquer de très importants dégâts. Au lendemain de ces inondations, le cours du Chalabreil débarrassé de ses alluvions par les eaux furieuses a laissé une nouvelle fois apparaître les vestiges de piliers de bois semblables à des supports de passerelle ou de pont. Certains pensent qu’il pourrait plutôt s’agir des vestiges d’un lavoir.
D’après les archives conservées en mairie, il est dit que le pays de Kercorb devint après 1210, frontière de la France, du comté de Foix et du royaume d’Aragon. Un pacte fut alors signé entre le Roi de France et le Kercorb, à la condition que les habitants gardent les châteaux forts et les frontières. De ce jour, le Kercorb devint Terre Privilégiée. Plus tard en 1366, mission est confiée au premier Baron de Bruyères-Chalabre « de faire clore la ville d’un mur entouré d’un large fossé, pour la mettre en état de résister aux ennemis du Roy ». Comme le rapporte un document extrait du magazine Chemin-Faisant, ce mur d’un mètre d’épaisseur ceinturait la citadelle et seuls « deux ponts en bois de chêne enchâssés dans des embrasures en pierre de taille » en permettaient l’accès.
Ces pointes de bois mises à jour en décembre 1996 seraient-elles les vestiges d’un des ponts qui permettaient le contrôle des allées et venues dans la bastide de Chalabre ? Rien n’est moins sûr mais il est permis de le penser. Le mur d’enceinte quant à lui, servit également de protection lors des épidémies de peste. Avant son édification, une première épidémie avait décimé plus de la moitié de la population chalabroise, c’était en 1348. Aujourd’hui, les pierres de cette muraille mise à bas donnent leur force depuis bientôt 200 ans, aux racines des platanes qui ornent les cours d’Aguesseau, Docteur Joseph Raynaud, Sully et Colbert.