Certes le XV de France a disposé de son homologue écossais, mais avec la mise en sommeil du ballon ovale, doublée d'une angoissante claustration, il est assez fréquent de constater comment un regain de nostalgie peut s'emparer de certaines personnes. L'ami Bernard est de celles là, qui livre quelques unes de ses réflexions rugbystiques.
Réflexions rugbystiques
Oh, qu’il est loin le beau rugby de mon enfance,
celui qu’on écoutait ou regardait dans les années soixante,
devant le poste de télé noir et blanc avec Roger Couderc
ou collé au transistor, vibrant avec Loys Van Lee, le reporter.
Sacrés les samedis après-midi du Tournoi des Cinq Nations,
bien assis sur ma chaise, je me voyais comme ces champions
foulant la pelouse du Parc des Princes ou de l’Arms Park de Cardiff,
avec les passes croisées des Boniface et les cris de « Allez les petits ».
Ah, ces entrées en mêlée, pas de discours, il fallait être prêt,
souvent elles se relevaient, le feu allumé par un crampon discret,
ils étaient durs ces talonneurs, Moore l’Anglais et l’Irlandais Kennedy,
mais côté Français, il y avait aussi quelques drôles de bandits.
C’était l’époque des cadrages-débordements, des grandes envolées,
l’attaque primait sur la défense, l’adversaire il fallait l’éviter,
maintenant c’est le jeu du rentre dedans, des déblayages,
pratiqué par des joueurs hors normes, fervents du nettoyage.
Aujourd’hui la télé veille, plus de bagarre générale,
un coup de pied, un coup de poing, c’était presque normal
à une époque où les joueurs étaient loin d’être des monstres,
attention bien plus graves ces commotions en grand nombre.
Souvenez-vous du grand Lourdes, de Crauste, un sacré combattant
avec ses trois quarts pétillants derrière un pack imposant
mais bien dérisoire aujourd’hui avec 700 kgs pour les 8 avants,
indigne d’un pack du top 14 qui dépasse les 900 kgs dorénavant.
Doit-on l’appeler encore rugby à quinze, ce joli jeu
qui se joue maintenant à vingt-trois, mais sacré enjeu,
on rentre et on sort de la pelouse comme dans un moulin
devant des supporters médusés qui n’y comprennent plus rien.
Faute à la crise sanitaire, à ce jour les stades sont vides,
plus de clameurs, d’encouragements pour ces joueurs livides,
mais avec les nombreuses chandelles qui éclairent le ciel
on peut se dire que les puissants projecteurs ne sont pas essentiels.
Même le rugby des villages a connu bien des changements,
l’ambiance est toujours là ainsi que la sacrée 3eme mi-temps
mais sur les stades Jean-Costes ou Lolo-Mazon
avec le rugby de mon époque il n’y a guère de comparaison.
Bien sur le jeu pratiqué par l’USCKBP est des plus agréable,
ces titres remportés par cette bande de copains, c’est formidable
mais ces cartons, blanc, jaune, rouge, ces proscrits placages à deux,
ces règles souvent incomprises freinent souvent le beau jeu.
Près de la cheminée, confortablement assis devant la télévision
je suis prêt pour ce match du top 14, le must de la saison,
guère excité, je suis les péripéties des 2 équipes d’un œil discret,
les paupières sont lourdes, réveillé par l’arbitre et son sifflet
je compte alors les mauls, les rucks, les mêlées écrasées
mais à la énième chandelle, il est temps que j’aille me coucher.
Bernard Cnocquart, le 17 novembre 2020
Commentaires
Poème empreint de réalité...On s'y croirait...Bravo Bernard
Merci à Bernard de nous faire un peu revivre la belle époque où le rugby était la passion de tous. Sur le stade ou devant la télé c'était l'effervescence pour le rugby Roi. Il nous renvoie à la nostalgie de ce qui fut... et de ce qui est. On a bien compris Bernard, que tu ne casseras pas le fauteuil sous les assauts de tes "vas y.... allez petit... les put....de mer ....ou les hourras." . Et nous non plus ! .Mais tel un coq, un grand cocorico (et des pensées) pour tous nos glorieux rugbymens d'hier et d'aujourd'hui, qui ont su faire vibrer Chalabre. Bravo pour ton écrit.