Au bord du vieux canal, un vestige de l’artisanat chalabrois
Cette bâtisse en ruine qui jour après jour a modifié sa silhouette en silence, fut entre 1920 et 1940 l’atelier Jouret, du nom de Louis Jouret, quincailler et épicier sur la place du marché.
Dans le Tome V édité en juillet 2000 par l’association « Il était une fois Chalabre » et sous la plume de Maurice Rouzaud, il apparaît que Louis Jouret, Puivertain d’origine, fabriquait là des manches de couteau en corne avant d’y monter les fameuses lames du Puy-de-Dôme, venues de Thiers.
Le délicat assemblage était réalisé dans un local de la Traverse de la Halle grâce au savoir-faire de François, Joseph et Guy Huillet, mais la bâtisse évoquée aujourd’hui se trouve route de Lavelanet, juste au pied des Genêts, après le petit pont de pierre. Ce bâtiment annexe à l’écart du village et pour cause, permettait le recyclage des rebuts après usinage de la corne, activité plutôt incommodante, étant donné l’odeur particulièrement tenace dégagée par le traitement de la matière première : « les déchets de corne de mouton et de bœuf étaient concassés et servaient à faire de la « cornaille », utilisée comme engrais. Une turbine lancée par la force motrice des eaux du canal permettait d’actionner machines et courroies, les vestiges du canal et l’emplacement de la turbine sont encore visibles ».
Les temps changent, la corne autrefois abondante a hélas cédé la place au plastique, mais les vieilles pierres fatiguées ont depuis refait leur vie quelque part sur les hauteurs du vieux Chalabre.
Photo archives, juillet 2021
Commentaires
La photo des ruines de l'ancien atelier évoque pour moi la sympathique silhouette de mon ami Guy Dhers dépeçant pierre après pierre, ( dans les années 90 et 2000) , les murs de la vieille bâtisse qu'il avait achetée et les transporter au bout du chemin de la Terre Blanche où il avait entrepris de consolider et d'agrandie sa maison. Sa petite 4L, ployant sous la charge lui servait de bourricot; lui et la machine vinrent à bout de l'ouvrage pharaonique et c'est, quelques années plus tard, qu'il me montra fièrement le résultat : du solide !!! Ce jour-là nous étions là-haut avec Camille Amat. Nous étions, les trois réunis, anciens habitants de la rue Terre Blanche, à nous remémorier tant de souvenirs... Une rue si vivante! Pleine d'enfants... Avec nos vieux que nous imaginions assis devant les portes à la belle saison... Camille et Guy ne sont plus ... Reste la maison, solide. Voyez la photo... pour une ruine n'a-t-elle pas un aspect net, propret? ... La main de Guy est passée par là. Je vous dis... un travail titanesque!