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charivari

  • Fluris : La jeune garde a repris le flambeau

    La tradition du charivari se maintient, mais sans susciter la ferveur du passé.

    1892186879.jpgLa magie de Fluris opère encore et toujours.

    Sous la vieille halle chalabroise, des ombres très furtives espéraient décrocher un rendez-vous avec la tradition. Ombres timides et silencieuses qui se fondent derrière les piliers bicentenaires pour mieux guetter un signal, un bruit métallique qui ne vient pas. Et soudain, un traîneau, puis deux, puis trois, font leur entrée sur le pavé dans un vacarme étincelant. Alors seulement les enfants s’avancent, les visages s’éclairent, le charivari promis va bien avoir lieu et avec eux, puisque leurs bruyants traîneaux sont là, cachés à deux pas dans une impasse. A 18h 30 sonnantes en ce jour du 13 décembre, dédié à Ste Luce, le petit cortège s’enfonce dans la nuit, et les petits « arrossegaïres » que les récits des plus grands ont toujours fait rêver, se voient enfin offrir le privilège de « faire Fluris » : « Vei fan les ans que tueron Fluris ! » Mais au fait, les grands, ils sont où ?

    Car il y a bien quelque chose qui cloche en ce deuxième lundi de décembre 2010. Ils étaient plus de trois cent en 1997, ils ne sont plus qu’une intrépide vingtaine aujourd’hui. Que sont devenus les fervents défenseurs d’une tradition aussi belle que tricentenaire ? En 1987, Patrick Lasseube concluait ainsi le sujet de mémoire de sa maîtrise d’audio-visuel basée sur Fluris : « Le bruit supporté par les acteurs du charivari est accepté par la population. Loin de s’enfermer dans leur maison en s’isolant de tout ce vacarme, les Chalabrois sont aux fenêtres. Ils crient eux aussi, ils applaudissent au passage de la troupe endiablée.Comprendre le charivari annuel de Fluris, c’est avant tout connaître les moyens et les aptitudes d’une communauté à préserver son existence, à assurer sa discipline intérieure ».

    Mais cette année personne n’est sorti à la fenêtre, personne n’a applaudi au passage de la bruyante et jeune troupe. Qu’importe. Flapis mais heureux les jeunes héritiers d’un « brave chirbilhi » ont sagement regagné leur lit. Dans leur petite tête résonnait un dernier « Vei fan les ans que tueron Fluris ! ».

    Tiny Arros.JPGUne petite Léa n'aura pas manqué l'occasion de participer à son premier charivari de "Fluris".

  • Jacques Fleury dit "Fluris", est de retour

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    Un bruit sourd et angoissant va monter crescendo dans les rues de la cité (photo archives, 13 décembre 1997).

    En ce lundi 13 décembre, jour de Ste Luce, les rues de Chalabre vont s’animer à l’occasion de la 313° célébration de la mort violente de Jacques Fleury, victime d’une mauvaise rencontre au soir du 13 décembre 1697. Inscrit dans la mémoire collective sous le nom de « Fluris », l’homme alimente une polémique vieille de trois siècles, que chaque mois de décembre ressuscite. Monsieur Fluris, qu’alliez-vous faire dans la rue Porte d’Aval ?

    Car plus de trois cents ans ont passés, et personne ne sait vraiment qui était Jacques Fleury. Prêtre, braconnier, collecteur d’impôt, une chose est certaine, l’homme aurait séduit une jolie veuve de bonne famille. Cette infamie lui aurait-elle été fatale ? Depuis lors, des générations de Chalabrois se retrouvent en « un tonitruant et pacifique cortège », pour reprendre l'image de Roger Boutellier, qui pour exiger une réhabilitation posthume, qui pour ajouter une bûche supplémentaire dans le feu qui brûle en enfer.

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    (photo archives, Fluris Décembre 1999).

    Comme l’indiquent les affichettes qui ont pu fleurir sur les murs du village, les « arrossegaïres » ont rendez-vous ce soir à 18h 30 sous la halle. Pour faire du bruit, beaucoup de bruit, seulement  du bruit, car « Vei fan les ans que tueron Fluris ! » Et comme dit l’ami Robert, « asclaïres, s’abstenir ».  

  • Ils ont fait Fluris !

    Fluris 2009 .jpgUne tradition vieille de 312 ans a été perpétuée. 

    Le charivari annuel organisé à la mémoire du Sieur Jacques Fleury, collecteur d'impôt fauché par la camarde le 13 décembre 1697 dans la nuit chalabroise, s'est déroulé comme prévu en ce froid dimanche de Ste Luce. Le tout dans une ambiance très bonne enfant, il faut dire que la moyenne d'âge des tireurs de traîneaux n'était guère élevée, les adultes préférant se tenir à distance, comme s'ils avaient voulu déléguer à leurs cadets l'entière gestion de l'événement.

    A 18h précises et autour d'une halle enveloppée dans la pénombre, là-même où notre collecteur à la chambre à sel devait tristement pratiquer le coupable forfait qui lui coûterait la vie, les petits « arrossegaïres » ont entamé un tour d'honneur endiablé. Au premier « Vei fan les ans que tueron Fluris ! », les traîneaux ont commencé à virevolter sur un pavé aussi étincelant que la nuit était ténébreuse. Un trio de meneurs composé de Clément, Thomas et Pierre allait très vite passer aux commandes, emmenant vers les cours Colbert, Sully et d'Aguesseau leurs compagnons de charivari. Arrivés à hauteur de l'ancienne épicerie La Ruche, que les plus de soixante-dix ans ont bien connu, la jeune troupe recevait un renfort de choix en la personne de Maurice. Comme aux plus beaux jours de ses jeunes années, ce dernier haranguait le cortège, faisant monter un nouveau et tonitruant « Vei fan les ans que tueron Fluris ! ».

    Fluris Blog II.jpg« Arrossegaïre » un jour, « Arrossegaïre » toujours.

    La bruyante commémoration allait continuer de plus belle, jusqu'à ce que la fatigue n'ait raison des petits organismes. L'heure était venue de rejoindre la table familiale où une bonne soupe, salée mais sans plus, allait ranimer des organismes mis à rude épreuve par une tradition qui semble avoir quelques beaux jours devant elle. 

  • Les descendants de Fluris ont rendez-vous avec la tradition

    Fluris.JPGLes «arrossegaïres» seront de retour dimanche à la tombée de la nuit. (photo archives décembre 1998)

    « Le Sieur Jacques Fleury de Montpellier contrôleur au grenier à sel de Chalabre est mort le treizième et a été enseveli le quinzième décembre 1697 dans le cimetière de cette paroisse avec les prières et les cérémonies prescrites ». Ces quelques lignes manuscrites retrouvées dans les registres paroissiaux de Chalabre constituent le seul lien crédible autour de la légende de « Fluris », mort à l'âge de 48 ans. Trois siècles et douze ans ont passé depuis, sans qu'il soit possible de savoir pour quelle raison notre homme fut expédié dans l'autre monde.  Seule certitude, ce fait divers a donné naissance à un grand charivari. Depuis lors, ni guerre, ni épidémie, ni occupation n'ont pu interrompre cette bruyante commémoration.

    Fluris bis.JPGTerry, un petit "arrossegaïre" parmi les "arrossegaïres".  

    « En ce temps là, le sel était à Chalabre le moins cher de toute la province du Languedoc. Certains contrôleurs en poste à la « chambre à sel » de Chalabre ne purent résister à la tentation de tirer profit de cette situation particulière. Sur chaque minot de sel vendu, le receveur peu scrupuleux détournait un peu de sel qu'il vendait aux gens de Limoux et Mirepoix au prix fort » (Patrick Lasseube, 1987). Le contrôleur Jacques Fleury aurait-il été rattrapé par des justiciers expéditifs ? Ou bien encore : «le Sieur Flury se comportant mal auprès d'une veuve nommée madame de Duranat de fort bonne famille où il logea laquelle fut découverte ensainte de ses hoeuvres. Le bruit a toujours couru que cestoit quelquun de ses frères qui estoit dans le service quy le tua du coup de fusil le jour de Ste Luce vers les dix à onze hures du soir » (Jean Batirat, Consul à la ville de Chalabre, 1722). Voilà deux des multiples versions avancées pour expliquer la mort de Jacques Fleury. Mais en fait, les petits Chalabrois se soucient peu de connaître la vérité, seul compte pour eux le bonheur de faire du bruit, beaucoup de bruit, rien que du bruit. Cet épisode de l'histoire locale réunira demain dimanche 13 décembre, plusieurs générations « d'arrossegaïres ». Les tireurs de traîneau emmenés par Clément et ses amis ont rendez-vous à 18h sous la halle, et comme dit l'ami Robert : « Asclaïres, s'abstenir ! ».