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  • « Le brulou de vin » est de retour

    Aristide 6 Janvier 2015 Portrait 003.jpgAristide à l’écoute de chacune des pulsations de son vieil alambic.

    Installé là-bas, à quelques mètres de la vigne d'Ildevert Boussioux, « le brulou de vin » scrute ce petit flotteur calibré qui trempe son ventre dans un liquide d'une parfaite limpidité. L'alcoomètre permet de contrôler au degré près, la qualité d’un fluide que les amateurs d’alcool fort affectionnent. Et si l'opération est délicate, elle ne présente aucune difficulté pour Aristide Peyronnie, natif de Massat, petit village ariégeois et patrie certifiée des bouilleurs ambulants.

    aristide peyronnie,massat,alambicAu terme de mystérieuses manipulations sous la chaudière, Aristide accompagne maintenant la séparation des vapeurs d’eau et d’alcool. Et pendant que la bouillotte digère lentement dans ses entrailles de cuivre, le futur et divin nectar qu'un long tuyau lui déverse dans la gueule, la discussion s'anime. Les bouilleurs de cru et leurs tonneaux emplis de fruits se succèdent, chacun apportant son écot à la mystérieuse alchimie.

    aristide peyronnie,massat,alambicL’atelier public, nom donné à ce lieu de rencontre, restera animé jusqu'à la tombée de la nuit, jusqu'à ce que la cucurbite n'amorce l'étape du refroidissement. A l'image d'une douce perfusion, pommes, prunes et poires vont transiter encore et encore, au coeur d’insondables serpentins.

    Après Sonnac, Aristide Peyronnie poursuivra sa délectable mission jusque sur les rives du Blau, à Villefort, avant Puivert, puis Roquefeuil et Brézilhac. « Le brulou de vin » va ainsi continuer à distiller gnôle et optimisme, avec le même plaisir, et tant que l'hiver ne sera pas fini.

  • Aristide, « brulou de vi », se languit de son Couserans natal

    aristide,massat,brulou de vi,couseransAristide, « brulou de vi » depuis plus d’un demi-siècle.

    Il avait installé sa drôle de locomotive fumante en bordure du Chalabreil, Aristide Peyronnie « brulou de vi » depuis plus d’un demi-siècle, a bouclé une nouvelle campagne au service des bouilleurs de cru du Kercorb. Comme chaque hiver, de Sonnac à Puivert en passant par Villefort, Aristide a distillé son savoir-faire à l’attention des amateurs de fine. Avant de repartir vers de nouveaux horizons, et remiser au final sa machine, là-bas au pied du Port de Lers, patrie des bouilleurs ambulants.

    Des déplacements très règlementés     Habitué à parcourir les routes par tous les temps, Aristide doit soigneusement préparer chacun de ses déplacements pour satisfaire à un règlement strict et incontournable. Il établit ainsi plusieurs demandes d’ouverture « d’atelier public » (lieu de distillation), avant de solliciter le droit de circuler avec son alambic. Une belle et rutilante machine plombée par les douanes qui procèdent à son descellement à chaque départ. Pendant que la cucurbite monte en température, Aristide raconte comment l’invention de l’alambic et du principe de distillation, furent élaborés il y a mille ans, par le peuple arabe. Conscrit au début des années 1950 sur les rivages tunisiens de Carthage, il a appris toutes les subtilités du métier.

    Du "khôl" à la fine     Les premiers alambics servaient à fabriquer le fard à paupières, connu sous le nom de « khôl ». Quand ils commencèrent à distiller le vin, les créateurs allaient garder le même nom « al khôl », la chose subtile. Goutte après goutte, les serpentins cuivrés laissent filtrer la chose subtile, il ne reste plus qu’à contrôler le degré d’alcool. Avant de préparer une nouvelle distillation, et dans un nuage de vapeurs enivrantes, Aristide glisse à l’oreille que « tout le monde peut acheter un alambic pour s’installer distillateur sans plus de formalités ». Peut-être, mais qu’en serait-il alors du plaisir de retrouver le personnage d’Aristide, sympathique et attachant « brulou de vi » dont chacun guettera le retour, à l’hiver prochain. 

    aristide,massat,brulou de vi,couseransAprès chaque distillation, Aristide rince sa cuve à grand eau.   

  • Et si Aristide ne venait pas ?

    aristide peyronnie,massat,alambic,brulou de vinAristide Peyronnie à Villefort, auprès de son alambic (photo archives, Janvier 2001).

    C'est bien la question que ne se posent pas les bouilleurs de cru du pays chalabrais qui gardent en réserve leur récolte de fruits, destinée à faire bouillir la cucurbite de maître Aristide. Arrivé avec les premières rigueurs de l'hiver, Aristide Peyronnie est une fois encore descendu de son Couserans natal, accompagné de son outil de travail. En respectant un itinéraire invariable, Aristide pose son alambic à Sonnac-sur-l'Hers d'abord, avant de remonter la vallée du Blau jusqu'à Villefort et Puivert.

    Hôte de marque en pays de Kercorb plusieurs semaines durant, il attellera ensuite sa drôle de machine pour l'emmener vers le Pays de Sault et Roquefeuil. Final d'une tournée qu'il effectue depuis plus d'un demi-siècle, avec une régularité qui se mesure au degré près. Insensible aux caprices du ciel, qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige, Aristide ouvre son "atelier public", lieu de rencontre qui remplace le petit café de village dont le rideau a depuis longtemps été tiré. Et les commentaires vont bon train, pendant que notre homme à l'écoute des serpentins dont il est le seul à percevoir le chant, entretient l'espoir du bouilleur de cru. S'il le faut, le précieux liquide va passer et repasser dans ce labyrinthe où l'alchimie fait son oeuvre. Les fruits n'étaient pas de qualité supérieure ? Qu'importe, notre "brulou de vin" sait accomplir de petits miracles, avant qu'un singulier et aromatique goutte à goutte n'annonce la délivrance du divin nectar. Après une courte trêve passée auprès de son épouse dans son village ariégeois de Massat, Aristide s'établira à Villefort, sur les bords d'une rivière Blau qui avait failli l'emporter lui et sa drôle de machine à remonter le temps, un soir de l'hiver 1996.  

    aristide peyronnie,massat,alambic,brulou de vinLe nectar arrive (photo archives Janvier 2005)      

  • Aristide, « le brulou de vin », est de retour

    Aristide ter.JPGLa nuit est tombée sur Sonnac, il est l'heure pour Aristide de laisser souffler son alambic.

    D’abord il y a ce maudit thermomètre qui affiche invariablement des températures négatives depuis trop longtemps maintenant. Et là-bas, installé sur le chemin des Martres à Sonnac, Aristide, qui scrute ce petit flotteur calibré, indispensable pour contrôler au degré près la qualité d’un produit très prisé, et que d’aucuns appellent « riquiqui ». L’opération est extrêmement délicate mais elle ne présente aucune difficulté pour Aristide Peyronnie, citoyen de Massat, petit village ariégeois blotti au pied du col de Port et du port de Lers, patrie certifiée des bouilleurs ambulants.

    Aristide & Alambic.jpgQuand « la blanche » arrive à l’air libre.

    Année après année, régulier tel l’aiguille du métronome, Aristide accompagné de son imposant alambic (700 kg) apparaît en Kercorb avec l’arrivée des premiers froids. En 60 ans de métier, Aristide se souvient n’avoir perdu que deux saisons, en 1954 et 1955, lorsque son statut de conscrit l’avait emmené vers les rivages de l’Afrique du Nord. Notre « brulou de vin » a vécu la lente évolution des habitudes, depuis 1950 lorsque la croûte de marc sec était distillée par ses soins à Rouvenac, pour les Villefortois et les Puivertains notamment, jusqu’à ce que les vignes disparaissent du décor. Les prunes, les pommes et autres fruits remplaceront alors pépins et peaux de raisin dans la « cucurbite » (bouilloire), point de départ d’une ondulante et mystérieuse navigation. Peu sensibles aux bulletins météo, Aristide et sa machine à remonter le temps vont distiller plusieurs semaines durant tout ce que Dame Nature a fait mûrir dans les vergers des alentours. Autour de cette généreuse source de chaleur, que les habitués appellent « l’atelier-public », les discussions ne tarissent pas, échanges à bâtons rompus, éloignés finalement des fluctuations du CAC 40 ou du prix du baril de « gnole ».

    Riche d’une expérience acquise goutte à goutte, Aristide est passé maître dans l’alchimie des parfums fruités qu’il fait transiter au coeur d’interminables serpentins, tels une bienfaisante perfusion. L’art de séparer les vapeurs d’eau et d’alcool, voilà bien un drôle de métier qui ne dit pas son âge. La nuit est tombée sur Sonnac et Aristide évoque encore et encore les souvenirs que distillent les serpentins de sa formidable mémoire.

    DSC_2416 bis.JPGSaint-Sébastien veille sur l'alambic d'Aristide.