Sous ce titre, un poème, qui renvoie vers des souvenirs de l'enfance, poème écrit par un enfant qui a grandi et fait ses classes au pied du massif du Plantaurel.
En ce 21e siècle, en regardant les enfants d’aujourd’hui
passant des heures devant leur télé, écran et console,
je ne peux oublier et être encore séduit
par ces jeux bien simples pratiqués dans la cour de l’école.
Dans les années 1950/1960, les jouets étaient bien rares,
on se contentait alors de peu pour nos amusements,
mais que de bons moments sous ce préau, non pas un boulevard
mais avec assez d’espace pour nos attroupements.
Les filles d’un côté jouaient à la corde à sauter,
ou alors formant une ronde dansaient la capucine,
en chantant à tue-tête ce refrain réputé,
y’a pas de pain chez nous, y’en a chez la voisine.
Le jeu de la marelle avait aussi leur préférence,
alors à cloche pied, de la terre au ciel,
elles sautillaient comme dans une danse
ou bien courraient derrière un cerceau, jeu universel.
Ah, le Colin Maillard, il avait aussi beaucoup de succès,
garçons et filles mélangés, muets comme des carpes,
se contorsionnaient devant le désigné aux yeux bandés
qui en les touchant devait les reconnaître avant qu’ils ne s’échappent.
Parfois, quelques garçons plus entreprenants,
tâtaient et caressaient les filles d’un peu trop près,
ces dernières alors vociféraient contre ces chenapans,
alertant la maîtresse qui en décidait alors l’arrêt.
En ce temps là, pas de goudron devant l’école
mais un espace en terre battue propice au jeu de billes,
nous dessinions donc la carte de France à même le sol
et à genoux nous lancions nos boules de ville en ville.
Ah, ces billes, nous en avions plein les poches,
celles en verre, les plus belles aux couleurs chatoyantes
et les ordinaires en terre cuite vernie, plus moches,
ainsi que le gros boulard qui en valait trente.
Le jeu de saute mouton n’avait pas ma préférence
car déjà quelques kilos de trop étaient un sacré dilemme,
j’étais bien plus à l’aise avec les osselets, plus d’aisance
pour les attraper sans faire tomber la reine.
On jouait aussi au jeu du mouchoir aussi nommé facteur,
tous assis en cercle, nous attendions que ce dernier
dépose derrière votre dos la lettre (un chiffon), sous les clameurs
il fallait le rattraper pour ne pas qu’il finisse premier.
Bien souvent ce jeu se terminait par quelques échauffourées
quand des garnements vous faisaient un croche-pied,
vous vous retrouviez alors au sol les genoux écorchés
et le fautif, puni, avait alors des pages à copier.
Dès l’école finie, direction le grand champ de la borde
pour des parties de rugby dignes de nos aînés,
nous jouions à plaquer, les rencontres étaient chaudes
et elles se terminaient visages tuméfiés et habits déchirés.
La halle du village était pour nous le terrain de football,
il fallait voir cette vingtaine d’enfants taper dans le ballon,
mais sur ce sol en ciment c’était plus amical,
pour les garçons du village mais pas les filles en jupon.
Pourtant combien de fois ce ballon nous a été confisqué,
pour des fleurs saccagées et des carreaux cassés chez Mimise,
et on s’échappait vite quand nous poursuivait Marius Lapasset
après que notre ballon ait atterri dans sa cuisine.
Parallèle à la halle, dans cette rue encore en mâchefer,
nous jouions au jeu des « yardes », des disques de ferraille
que nous lancions d’un geste sur et fier
pour faire tomber le « tap » et gagner la médaille.
On récoltait alors les piécettes tombées en dehors du rond,
on y passait des heures mais sans gagner le trésor,
c’était aussi l’arrivée de la pétanque, et quelques joyeux larrons
s’initiaient à ce nouveau jeu sans battre des records.
En ce temps là, le jeudi il n’y avait pas école,
après les devoirs direction les prairies de Constantine,
c’était la construction de nombreuses cabanes, tout un symbole
pour des pauvres indiens traqués par des cow-boys dans les collines.
La télévision était rare dans les foyers, tous dehors au crépuscule
pour prendre le frais après la chaleur des journées d’été,
nous profitions alors des sorties en noctambules
pour quelques jeux interdits souvent prémédités.
Je veux parler des « tustets », cela n’était pas bien méchant,
nous dérangions les gens en toquant à leur porte
à l’aide d’un crin attaché au heurtoir, mais souvent
il fallait courir vite pour faire face à la riposte.
Il est vrai que la nuit tous les chats sont gris,
nous privilégions ces moments pour des parties de cache-cache,
après le décompte il fallait se dépêcher pour trouver un abri,
l’angle d’une rue, un buisson, un arbre, camouflé comme un apache.
J’ai le souvenir d’une cachette dans la grange de Mme Février,
il faisait très noir, silencieux dans la soute à charbon,
j’étais content, personne ne m’avait trouvé
mais les rires ont fusé quand j’ai réapparu sale comme un vagabond.
Mais tout cela c’était avant cette drôle d’invasion
quand nous voyons aujourd’hui nos jeunes et leur Smartphone
rechercher l’ennemi invisible le virtuel Pokémon,
sûr qu’ils étaient plus sympas les jeux de nos récréations.
Bernard, le 26 mars 2020