Ils se sont dit oui, dans un parfait accent.
Ils sont citoyens britanniques et ils rêvaient d’unir leurs destinées sous le ciel du pays chalabrais, Catherine Eves et James Compston ont concrétisé leur souhait en ce premier jeudi du mois d’août. Ils auront pour cela abandonné un instant leur pied-à-terre au n° 8 de la rue du Pont-de-l’Hers, accompagnés par parents et amis jusqu’à la maison commune, cours Sully. Elle est metteur en scène, il est concepteur de décors, tous deux exercent leur profession dans le milieu du théâtre de la capitale anglaise, et ils ont donné leur consentement mutuel à Jean-Jacques Aulombard, premier magistrat. Heureux de célébrer l’union d’un couple charmant, sous le sceau de l’entente cordiale.
Après avoir prononcé le oui traditionnel, « in french of course », le jeune couple est apparu sur le perron de l’hôtel de ville, invitant chacun à se retrouver pour une grande fête célébrée entre des murs imprégnés de riches souvenirs de prospérité. Le bonheur était au rendez-vous, à l’heure des témoignages d’affection et d’amitié exprimés d’abord par Liam, « the best man », préambule d’une longue nuit festive pour les nombreux invités ayant franchi le Channel. A l’heure où le soleil s’éclipsait derrière Roquefère, les jeunes mariés faisaient le vœu de maîtriser la langue de Molière avant longtemps. Sincères compliments aux familles et meilleurs voeux de bonheur et de réussite à Kate and Jim.
Camille Boussioux (à droite), dernier témoin de cette tragédie.
Avec le bruit faisant état de l’arrivée de renfort des troupes d’occupation sur le Chalabrais, les maquisards avaient prévu d’aller dissimuler un camion dans la ferme de Bordeneuve, située à quelques centaines de mètres du sommet du col. Pris sous le feu des mitrailleuses, Paul Vernières, Louis Bages et André Laffont s’écroulent, tandis qu’Helmut Thomas (photo), grièvement blessé, et Fernand Prétal, parviendront à se replier vers la ferme toute proche du Planquet. C’est là qu’ils seront rattrapés et exécutés. Les cinq maquisards, dont les identités ne sont pas encore connues, seront redescendus vers le village sur la camionnette de Camille Boussioux, dont le permis de circuler a été délivré en cette période de battages. Ils seront inhumés à Sonnac le 29 juillet. Au mois d’octobre suivant, leurs corps seront exhumés et rendus à leur famille.