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bernard cnocquart

  • Un anniversaire pour les Rockers

    bernard cnocquart

    « Adieu Johnny », tel est le titre d'un poème dédié à l'idole des jeunes, disparue un 6 décembre, voilà six ans. Un poème écrit avec les mots de Bernard Cnocquart.

    Adieu Johnny

    De ta vie, tu n’as laissé personne indifférent, chacun ou chacune a un jour fredonné une chanson, même moi, qui n’était pourtant pas un fan, en t’écoutant parfois me montaient des frissons.

    Jusqu’aux derniers instants, tu as retenu la nuit, mais ce mal implacable a eu raison de notre idole,  en ce matin de décembre, tu es parti sans bruit, nous laissant tous désemparés, tristes, sans parole.

    Car depuis 60 ans, tout en haut de l’affiche, toi Johnny, le jeune Belge, le chanteur abandonné, tu avais toujours su rebondir, sans jamais une triche, pour ce public fidèle à qui tu as tant donné.

    Sur les plus grands stades de France, tu as allumé le feu, avec toujours l’envie de vivre pour le meilleur, mais elle n’avait rien ta gueule si ce n’est celle d’un Dieu pour éclairer noir c’est noir, de moments de bonheur.

    Les voila orphelines, Laura, Sarah, Marie et Gabrielle, pourtant dans tes chansons, elles étaient bien belles, de confidence en confidence, tu leur promettais le ciel, mais toi le fou du requiem, tu n’étais pas si rebelle.

    Avec l’âge, tu étais devenu bien plus sage, auprès des tiens et des copains, tu pensais être immortel, et pour la tournée des vieilles canailles, tu avais toujours la rage, mais pour Jade et Joy, cela ne sera pas le plus beau Noël.

    Non Johnny, ne dis pas que tu as oublié de vivre ce mercredi 6 décembre, toi le chanteur, le musicien, pour rester encore le meilleur face à ce faiseur de livres, qu’était ce grand Monsieur, Jean d’Ormesson, l’académicien.

    Mais que de monde Johnny pour ton dernier concert les Champs-Elysées n’étaient que champs de fleurs et de pleurs et sur leur Harley Davidson t’accompagnaient tes amis les bikers vers tes fidèles musiciens, livides, jouant dans la douleur.

    Dans l’église de la Madeleine, bien trop petite, les blousons en jeans côtoyaient les costumes cravatés, c’est ce que tu as voulu, les sans-grades et l’élite, tous unis devant ce cercueil blanc comme unique clarté.

    Mais combien étaient-ils devant leur poste de télévision , pour ces derniers instants avec leur idole, les larmes plein les yeux, de l’Alsace au Pays Basque, certainement des millions disant une dernière prière avant que tu rejoignes les cieux.

    Et ce dimanche matin, sur un grand oiseau blanc, tu t’en es allé vers cette île lointaine, Saint-Barthélémy, c’était ton souhait, le calme, la mer et les goélands, repose y en paix, merci et adieu Johnny.

     

    Bernard, le 10 décembre 2017

  • « La chasse de mon père »

    bernard cnocquart

    Voilà plusieurs semaines déjà que le gibier a mis en place son plan vigilance, à l'affût du premier aboiement, du moindre déclic. La chasse a retrouvé ses droits et les saisons se succèdent, en même temps que les faits de campagne et les souvenirs. Des souvenirs évoqués par Bernard Cnocquart, dans un poème de 2015,  intitulé « La chasse de mon père ». 

    La chasse de mon père.pdf  

  • Au bord de la rivière

    L'ami Bernard a gardé la nostalgie de son enfance au bord de la rivière, et des plaisirs bien simples qu'elle pouvait procurer. Des souvenirs qui ne peuvent s'effacer de sa mémoire.

    Au bord de la rivière

    bernard cnocquart

    Parfois ressortent de ma mémoire les années de mon enfance, 

    Passées dans ce petit village que je n’ai jamais quitté, 

    Je me revois alors au bord de cette rivière durant les vacances 

    Avec tous les copains, théâtre de bien de journées d’été. 

     

    Si dans le gouffre du « pré de Laffont » on déversait les ordures, 

    La pollution bien que visuelle n’était pas encore chimique, 

    Et l’Hers était encore ce beau cours d’eau que Dame Nature 

    Avait privilégié avec quantités de truites, poissons magiques. 
     

    Combien de pêcheurs au bord de tes berges, les paniers remplis, 

    Malgré ces braconniers voraces presque professionnels, 

    Il y avait du poisson pour tous, les gens étaient ravis 

    De voir ces nombreux salmonidés, fario ou arc en ciel. 
     

    Pour imiter les pêcheurs chevronnés, nous coupions des roseaux, 

    Et avec quelques accessoires ils nous servaient de lignes, 

    Pour attraper des vairons, les fameuses rabotes dans ce ruisseau, 

    Mais pour une pêche plus miraculeuse, nous changions de consigne. 

     

    Avec des galets, nous faisions, dans la rivière un petit chenal, 

    A l’endroit où les petits poissons (les gendarmes) frayaient, 

    Et avec une bouteille blanche au cul percé, c’était le piège idéal, 

    Alors nous prenions par centaines ces rabotes au ventre argenté. 

     

    Si avec nos misérables cannes, nous étions de piètres pêcheurs, 

    Il était bien plus facile pour certains d’entre-nous, 

    De profiter de la baisse des eaux (les shécades), parfois avec frayeur, 

    Pour crocheter quelques belles truites remisées sous les cailloux. 

     

    L’équipe de braconniers en herbe était bien organisée, 

    Car il y avait quelques risques pour ces plaisirs défendus, 

    Et si parfois une couleuvre d’eau remplaçait le poisson convoité, 

    La peur du garde pêche rendait ces moments plus ardus. 

     

    Je faisais bien souvent le guetteur, écoutant et scrutant, 

    Et si le bruit d’une moto, la vue au loin d’un inconnu, 

    Interrompait notre partie de pêche pendant un court instant, 

    « le régateit » n’a jamais pu nous mettre la main dessus. 
     

    bernard cnocquart

    Pour moi, la plus belle de toutes, c’était la pêche aux écrevisses, 

    Ce petit crustacé d’eau douce, jadis tant convoité, 

    Il peuplait en quantité des parties de rivière, coins propices, 

    Vers le fond de la plaine, là où les eaux étaient moins agitées. 

     

    C’était durant les mois de juillet et août que nous la pratiquions, 

    Nous ressortions alors les balances pour cette pêche divine, 

    Un filet dans deux cercles de fil de fer lesté d’un bout de plomb, 

    Et agrémenté d’une ficelle pour les déposer au plus près des racines. 
     

    Dans l’après-midi, nous allions chez les bouchers, Escot ou Vidal, 

    Et avec quatre sous nous achetions des bas morceaux de viande, 

    Qui garniront ces fameuses balances et feront un appât idéal, 

    Pour piéger ces écrevisses, pour nous crustacés de contrebande. 
     

    Comme ces animaux fuient la lumière, nous préférions le crépuscule 

    Pour cette expédition parfois risquée mais tant désirée, 

    Et alors sur la berge, à la lumière de la lune qui ondule, 

    Heureux, nous attendions les premières prises avec anxiété. 
     

    Pour majorer nos chances, nous imbibions l’appât de térébenthine, 

    Alors les écrevisses par l’odeur alléchées remplissaient les balances 

    Que nous relevions avec un bâton fourchu, avant que l’on devine, 

    Prises dans le filet ces drôles de bestioles dans un profond silence. 

     

    A la lumière d’une lampe Wonder, nous faisions le tri, 

    Rejetant les petites, respectant la taille ou celles trop molles, 

    Et si parfois leurs grosses pinces nous faisaient pousser un cri, 

    Nous en gardions assez pour remplir les casseroles. 
     

    Quelles étaient succulentes préparées en sauce armoricaine, 

    On se régalait bien mais on ne les mangeait pas toutes, 

    Car pour nous écoliers, c’était un petit trésor clandestin, 

    Et nous allions alors les vendre ces petites langoustes. 
     

    Juchés sur nos vélos, en essayant d’éviter la maréchaussée, 

    Nous proposions notre pêche aux restaurants du coin, 

    Au restaurant Chez l’Ours à Bélesta, à Laroque, Hôtel de la Cité, 

    Et même à Foix, la Barbacane, mais à vélo, c’était bien loin. 

     

    Il y a longtemps que ces crustacés ont quitté la rivière, 

    Tués par cette pollution ou quelques crues dévastatrices, 

    Si au lac de Montbel, on en pêche encore mais des étrangères, 

    Elles ne valent pas celles de mon enfance, ah, ces écrevisses. 

    Bernard 

  • « C'était leur travail »

    A l'image de nos écoliers, impatients de retrouver leurs bancs de classe, les poètes font leur rentrée. Bernard Cnocquart, félibre de la Vallée de l'Hers remet aujourd'hui en mémoire une activité qui fit les beaux jours du Peyrat, de Labastide-sur-l'Hers et de bien d'autres villages encore plus en amont. Ce récit avait permis à Bernard d'obtenir en 2021 le 1er prix du concours Traditions et Patrimoine en Pays-d'Olmes.

    bernard cnocquart

    « C'était leur travail »

    Durant toute mon enfance, au creux de notre maison,      

    On parlait bien souvent du travail des parents,         

    De cette industrie particulière, fleuron de cette région,            

    Jadis si prospère mais qui n’a su lutter face à ses concurrents. 

     

    Je veux parler de ce travail qui était artisanal,     

    Car c’était les mains de l’homme et tout son savoir-faire,     

    Qui partant d’une corne créaient cet objet original,                

    Ce joli peigne naturel qui était bien nécessaire. 

     

    Mon père m’a souvent dit, que dès quatorze ans,                 

    Le lendemain de son certificat, il est entré en apprentissage,  

    Sans contrat, avec seulement l’accord de ses parents,             

    Pour apprendre ce dur métier, bien loin d’un enfantillage. 

     

    Maman, durant notre bas âge, travaillait chez les particuliers,    

    Elle faisait des ménages, lessives et nombreux tricotages,     

    Et si durant un temps, elle a été employée à la filature Jouret,    

    Elle a vite rejoint Papa à la coopérative, sans manquer de courage. 

     

    Je les revois, tous les matins, juchés sur leur vélo,            

    Pour rejoindre cette usine devenue maintenant La Lausade,      

    Ce bâtiment en pierres, sombre et quelque peu vieillot,                 

    Et qui fut le théâtre pour eux d’une longue croisade. 

     

    Combien d’années ont-ils passées dans ce bruit infernal,           

    Recouverts de poussière et remplis de cette odeur tenace,            

    Avec ce simple poêle ne pouvant réchauffer le froid hivernal,        

    Parmi les meules, scies et courroies, véritables menaces.  

      

    Maman, avec le fichu recouvrant les cheveux et son tablier défraîchi, 

    Travaillait sur l’unique machine automatique, la stadeuse,              

    Elle plaçait les peignes dégrossis et réalisait la denture avec minutie, 

    Et pour une finition soignée, elle était aussi souvent perleuse. 

     

    Quant à Papa, il passait des longues journées, penché sur la meule, 

    Les doigts souvent en sang protégés par des morceaux de caoutchouc 

    Toujours plein d’énergie, bien loin d’être veule,                      

    Pour façonner des quantités de peignes, des camelles ou camellous. 

     

    Il était planeteur, payé à la tâche, au rendement produit,                 

    Et le soir autour de la table, il nous racontait sa journée,                 

    Je suis épuisé, j’ai fait dix grosses aujourd’hui,                       

    Soit douze cent peignes, malgré la quantité, il n’était pas fortuné. 

     

    Les salaires étaient bien maigres gagnés à la force des poignets,         

    Et ils attendaient le quinze pour toucher leur quinzaine,                 

    Et bien souvent Papa, le dimanche et pour quelques billets,            

    Allait au Présent ou chez Delpech terminer sa longue semaine. 

     

    J’allais souvent les voir dans cet atelier, ils étaient méconnaissables, 

    Et avec cette poussière en suspension, ils avaient les yeux rougis,  

    Tous unis, ouvriers et patrons comme les animaux de la fable,   

    Travaillant sans relâche, méritant surement le paradis. 

     

    Dans le bruit strident des meules, j’observais le travail des ouvriers,  

    Le marqueur qui avec ses gabarits profitait du maximum de surface,  

    Le scieur découpant cette corne avec dextérité, sans dévier,            

    Pour que la stadeuse façonne les dents d’un tour de passe-passe. 

     

    Les mains plongées dans la boue grise, je n’enviais pas le ponceur,     

    Il nettoyait les peignes sur une meule garnie de lourds tissus,         

    Mais pour un brillant éclatant, il y avait le polisseur,                               

    Et avec la peau de chamois, il ne manquait pas d’astuce.  

     

    Ils étaient une vingtaine car il ne fallait pas moins de 16 opérations,   

    Pour que d’une corne de vache sorte un objet singulier,             

    Certains ouvriers polyvalents assuraient plusieurs fonctions,           

    Mais d’autres étaient qualifiés pour un travail particulier. 

     

    C’était le cas des biscayeurs, qui assis devant un fourneau ardent,     

    Les bras nus et suant à grosses gouttes, se servant d’une serpette,  

    Découpaient cette corne en forme hélicoïdale avec talent,               

    Pour qu’avec la chaleur du feu, elle devienne plus ou moins nette. 

     

    Avec ces longues pinces, il fallait être rudement costaud,                 

    Pour ouvrir ces cornes venant d’Afrique du Sud ou d’Argentine,          

    Et pour serrer la presse à plateaux, ce n’était pas non plus cadeau,  

    Pour ces hommes fiers de leur métier et dévoués à leur usine. 

     

    Privilégiés devant leur foyer lors des longues journées d’hiver,   

    Quelles souffrances devaient-ils endurer durant les mois d’été,      

    Mais dans cette braise, bien souvent cuisaient des pommes de terre  

    Que Maman ramenait à midi et que nous mangions à satiété. 

     

    Papa jusqu’à son départ à la retraite, toujours avec passion,                  

    A uniquement travaillé dans cette industrie si particulière,            

    Quant à Maman, suite déjà à une délocalisation,                                

    C’est en pointant au chômage qu’elle a terminé sa carrière. 

    bernard cnocquart

    Pourtant si usés, ils n’ont jamais dénigré cette activité,                             

    Et qu’elle fierté de montrer et d’offrir aux amis,                         

    Quelques peignes fabriqués de leurs mains avec habileté,                  

    Des peignes de toutes formes, cadeaux de toute une vie.   

    Bernard