L’article mis en ligne avait été publié dans l’Indépendant, édition du dimanche 19 octobre 1997.
La vision imposante de la demeure des Mauléon s’offre aux Chalabrois depuis plusieurs siècles (Photo archives, Octobre 1997).
Lentement mais sûrement, les violentes bourrasques de l’automne dépouillent de leurs feuilles, les platanes centenaires longeant l’allée du château, offrant du même coup aux Chalabrois, une vision parfaite de l’imposante demeure des Mauléon. Bâti au Xe siècle, occupé plus tard par le Baron Pons de Bruyères le Châtel, contemporain et protégé de Simon de Montfort, le château ne reflète aujourd’hui que l’image triste d’un passé révolu. Un passé cependant auquel les Chalabrois ne manquent pas de faire référence chaque année à l’entrée de l’hiver, levant les yeux vers le donjon, comme s’ils espéraient apercevoir au détour d’un créneau, la silhouette furtive du Sieur Jacques Fleury (Fluris), assassiné le 13 décembre 1697.
Etroitement liés par la force d’une tradition séculaire, Fluris et la demeure ancestrale des Mauléon, n’ont jamais cessé d’entretenir le mystère, ainsi les souterrains de la cité du Kercorb colportent-ils aujourd’hui la nouvelle, le château est à vendre, le château est vendu ! Ou plutôt les éléments intérieurs, qui en faisait sa richesse : dispersée la chambre réservée autrefois aux visites de l’évêque du diocèse, dispersées les tapisseries des Gobelins, dispersées les archives auparavant inaccessibles et à présent envolées…
Evénement ou péripétie, dans la riche histoire de la Terre Privilégiée et de la Maison Bruyères, qui va peut-être perdre son identité l’année même où les Chalabrois s’apprêtent à célébrer le 300e anniversaire de la mort violente de Fluris ?
Gilles Romero a présenté un projet original (Photo archives, septembre 2001).
600 ans plus tard, Jean-Louis Félicité, dernier baron de la branche des Bruyères perdait son seul fils (choléra), et la succession ancestrale revenait à sa fille, Nathalie Marie Henriette de Bruyères-Chalabre (photo), laquelle épousait le comte Mathieu Antoine de Mauléon-Narbonne (photo). Et sous ce nom, nous connaissons aujourd’hui les héritiers du seigneur venu des Yvelines pour conquérir le Kercorb.
C’était vendredi dernier au théâtre municipal, les Chalabroises et les Chalabrois invités par Gilles Romero, nouveau locataire du manoir, se sont vus offrir à leur tour le castel des Mauléon. Le premier instant de surprise passé, Gilles Romero a présenté dans le détail un projet original dont le but est de « rendre le château aux habitants » et, par tant, de redonner vie à la vieille demeure. Après avoir signé un bail emphytéotique de 50 ans auprès de Anne de Vilette, héritière de la famille de Mauléon, Gilles Romero se propose de réhabiliter le château afin d’y créer un parc à thèmes dans lequel les bénévoles auront toute leur place. Plutôt que de transformer le château en musée, Gilles Romero souhaite privilégier la notion de tourisme participatif. De multiples évocations sont envisagées (la chevalerie au XIIIe siècle, la vie artisanale au XVIIIe,…), colloques et séminaires seront également au programme. Une grisante invitation à voyager dans le passé qui s’accompagne d’un petit bouleversement puisque le château de Mauléon rebaptisé, bientôt deviendra le château de Chalabre.