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C'était hier : Les 100 ans de l'US Chalabre XV

L'information est officielle depuis ce vendredi 27 mars, et la crise sanitaire en est la cause, les rugbymen de l'USCKBP se voient contraints de raccrocher prématurément les crampons. Stoppés ainsi dans le bel élan qui leur ouvrait les portes d'une qualification pour les phases finales du championnat de 2e série de Ligue Occitanie. Autre conséquence, à verser celle-là au chapitre des dommages collatéraux, les disciples du « Club de la Ressègue », tels les Gaulois de Vercingétorix à Alésia, n'ont eu d'autre choix que de déposer eux aussi les armes. 

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La saison 2019-2020 ne connaîtra donc pas de champions, et l'on peut imaginer les supporters de l'Entente des Trois-Clochers frustrés, tout comme les glorieux anciens, généreux en encouragements, et toujours prêts à célébrer la balle ovale. Comme ce fut le cas le samedi 29 novembre 2008, lorsque le club avait fêté ses cent années d'existence. Ce jour-là place Charles-Amouroux, peu avant le repas, et juste après un réveil musculaire sommaire, un élément clef de l'US Chalabre XV des années 1970, avait souhaité s'adresser à ses partenaires et à tous les amis réunis. Il convient à présent de laisser la parole à Bernard Cnocquart :    

« Bonjour à toutes et à tous, Chalabrois d’origine, d’adoption ou de cœur.

usckbp rugbySi vous le permettez, je voudrais dire quelques mots, non pas pour retracer les 100 ans de vie de l’U.S.C, mais vous parler en quelques anecdotes des merveilleux moments passés sous le maillot bleu et blanc dans les années 1970.

Quoi de plus agréable que de fêter un centenaire, et de plus un centenaire qui se porte bien. Nous sommes nombreux aujourd’hui pour participer à cette fête, mais quand on a porté le maillot bleu et blanc, quoi de plus normal que de vouloir replonger dans cette ambiance mystique.

Aujourd’hui, nous n’aurons pas besoin d’huile camphrée pour soulager nos vieux muscles fatigués, mais sans doute qu’en fin de soirée, quand viendra la nuit, nous n’aurons pas mal aux jambes, mais certainement à la tête, (ah, ce manque d’entraînement).

Un tel événement nécessite sûrement une sacrée organisation et un total engagement, et nous ne pouvons que remercier chaleureusement les maîtres d’œuvre de cette journée.

Des plus anciens aux plus jeunes, quand on a participé à l’épopée de l’U.S.C ou de l’U.S.C.K, il nous reste sûrement au fond de notre cœur, un coin de couleurs bleu et blanc rempli de souvenirs qui remonteront ce jour à la surface.

Alors, remontons un peu le temps, non pas depuis 1908, début du vingtième siècle, mais retrouvons nous dans les années 1970.

C’était en juin 1971, j’avais 21 ans, je venais de terminer mon service militaire. Cela devait être un samedi, je participais à un concours de pétanque, à Laroque-d’Olmes, sur le plateau du Castella. Il y avait aussi beaucoup de Chalabrois, les boules à la main, car à cette époque, le club de pétanque de Chalabre avait une certaine renommée.

Pour les rugbymen, c’était les vacances, mais l’U.S.C était déjà en avance sur son temps. Elle avait déjà ses agents recruteurs et en cette période de « mercato », un agent quelque peu spécial, dans un langage un quart français et trois quart espagnol, avec quelques arguments m’a persuadé de signer à Chalabre. J’ai cru comprendre qu’il ne fallait pas espérer trop d’argent, mais que je trouverai dans ce coin du Kercorb, une ambiance merveilleuse avec bien ou trop souvent, l’eau de la Picharotte troublée par le Ricard. Cet agent recruteur, c’était Narcisse Cuesta, dit Chicho, dirigeant oh combien dévoué de l’U.S.C.

Me voici donc à Chalabre, amenant aussi dans mes bagages pas mal de Bastidiens et Peyratais, car il y a toujours eu des échanges entre ce coin de l’Aude et l’Ariège, aussi bien pour le travail avec l’époque florissante des établissements Canat et plus tard le textile du Pays d’Olmes. Quelques décennies plus tôt, plusieurs joueurs chalabrois, messieurs Garcia, Montagné, Subreville étaient aussi venus renforcer l’U.S.B.P.

J’ai passé 5 saisons à Chalabre, 5 saisons inoubliables, les plus belles de ma modeste carrière rugbystique. Je devais m’y sentir bien, car en plus de joueur, j’en ai été aussi le capitaine, l’entraîneur, le trésorier et même parfois aussi le buteur. Mais comme dit le proverbe, quand on aime, on ne compte pas.

Mais que de moments merveilleux partagés sur le vieux stade Lolo Mazon, contre les meilleures équipes du Languedoc. Devant un public nombreux et fidèle, il était alors difficile de venir gagner dans la capitale du Kercob. Je me souviens de quelques matchs mémorables ou quelques vieilles gloires du rugby Biterrois sont venues mordre la poussière. Je me souviens de ces déplacements au fin fond de l’Hérault, des repas d’avant-match à la Caille qui chante ou à la Vitarelle, et ces retours agités après une victoire, et quand notre chauffeur, le brave Aimé Mamet, essayait de distancer quelques dames trop pressantes dans les rues de Carcassonne. Malgré ces jolis noms chantants, Maraussan, Nissan, Coursan ou bien Sigean, ce n’était pas du tourisme car nous étions bien souvent attendus, non pas avec des chants mais par quelques arguments frappants.

usckbp rugbyC’était le rugby d’une autre époque, ce rugby de village que l’on a tant aimé. Bien sûr, quelques mêlées relevées n’ont jamais tué personne, si même parfois on y a laissé des plumes, on n’est jamais tombé dans les filets des coriaces pêcheurs de La Nouvelle. Contre Olonzac et face à un rocher nommé Vacquier, je n’ai repris mes esprits que très tard dans la nuit à la clinique de Montréal, et quelques mois plus tard, c’est un traître crampon héraultais qui m’a permis de me reposer pendant quarante jours à la clinique La Soulano, mais tout cela, ce ne sont que les péripéties de tout joueur de rugby.

Si un match de rugby se compose de deux mi-temps de quarante minutes, il existe aussi la troisième mi-temps, qui elle dure bien plus longtemps, elle pouvait être très longue.

Au siège du club, au café de la Paix, François ne restait pas en arrière pour sortir les bouteilles de Ricard (il fallait bien récupérer des efforts fournis l’après midi). Cà tombait parfois comme à Gravelotte, et puis on regagnait notre quartier général, l’hôtel de France, cher à notre président Raymond Fort.

usckbp rugbyEt çà continuait en attendant l’heure du repas dominical, non pas frugal mais bien souvent gargantuesque, avec quelques spécialités qui me reviennent en bouche, gratin de fruits de mer, cèpes, magrets et steaks au poivre. Entre les plats, ce n’était qu’histoires et chansons, et avec Roger Raynaud, le voltigeur, nous étions plus de 80 pour aller à la chasse. Au cours de la chevauchée des cavaliers de Reichshoffen, quelques chaises se brisaient, mais rien n’arrêtait la fête, si ce n’est quelques piqûres de cactus de l’ami Serge. Alors, le petit Murillo et son compère Henri Sancho, avec quelques fourchettes et corbeilles à pain, nous interprétaient la cinquième symphonie, digne de Beethoven.

Certainement nous avons fait quelques excès, quelques bêtises ou conneries, mais si vous le voulez, jamais rien de bien grave.

Je ne sais si elle est parmi nous aujourd’hui, mais je ne peux l’oublier dans mes souvenirs, je veux parler de Madame Fort. Pourtant Alice, vous n’étiez pas au pays des merveilles au bon milieu de cette bande de fêtards, et comment avez-vous fait Madame Fort pour nous supporter tant de fois, les mercredis et les dimanches, toujours avec le sourire, sans jamais rien nous reprocher, que de mercis ne vous doit-on ?

A cette époque là, nous avions hissé l’U.S.C en honneur, mais malgré des parcours remarquables tant en championnat régional qu’en championnat de France, nous avons bien souvent échoué sur la dernière marche, sans pouvoir ramener un titre majeur à Chalabre, si ce n’est un beau jour de 1975, l’unique Trophée de la Méditerranée.

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Les vieilles gloires des années 1970

(Photo archives, 29 novembre 2008)

Il y a 35 ans de cela et je voudrais en ce jour de fête, avoir une pensée pour les amis bleu et blanc bien trop tôt disparus. La liste est bien longue et je pense souvent à ceux que j’ai fréquentés durant ces années passées à Chalabre : à Raymond Fort, le bon et dynamique président qui a tant fait pour le rugby, à Henri Battle qui avait repris le flambeau quand l’U.S.C passait une période difficile, et à ces dirigeants dévoués, Messieurs Gallardo, Lopez, Romero, Sanchez, Narcisse et à bien d’autres encore.

On avait le même âge, et eux aussi ont été exclus de la partie, et c’est bien regrettable de ne pas être au complet pour cette centième, il manque Paul, le rusé trois quart centre, René, le rapide ailier et Jean-Claude, le fantasque arrière.

J’en ai maintenant terminé et en guise de conclusion, je voudrais vous dire une vérité : « Sachez que le rugby est le seul sport ou on avance en faisant une passe toujours en arrière, mais pour aujourd’hui, l’arbitre sera indulgent, il ne sifflera pas si vous passez en avant la bouteille de Ricard à votre partenaire ».

Je vous remercie de votre attention ».    Le 29 novembre 2008

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Roger Raynaud donne le coup d'envoi du match du Centenaire

(Photo archives, 29 novembre 2008)

Commentaires

  • merci pour ce texte nostalgique qui rappelle de tres bons souvenirs amicalement muriel

  • Quelle grande émotion à découvrir ce bel écrit de Bernard. Et merci pour ces photos souvenirs.

  • Merci Bernard pour ses bons souvenirs, c était la bonne époque
    ton texte est digne d un bon secrétaire.....
    bonne journée a vous deux

  • Bernard, en lisant ton texte je n'ai pas pu m'empêcher de verser une larme, tant j'ai été ému par tant de véritables anecdotes, nous étions vraiment, comme tu as décrit l'histoire de l'USC...
    Je ne vais citer aucun nom, de peur d'en oublier mais quelle aventure, avec tous ces copains du Rugby, du Staff au petit dernier pour faire parfois le quinzième....Ne pas oublier que nous étions quinze sur le terrain, même si l'un de nous sortait sur blessure pour continuer le match à quatorze. Nous avions quand même gagné un titre au mois de mai 1970, même si c'était le plus petit, pour nous c'était le paradis... Merci Bernard et aussi Christian de nous avoir fait revivre ce siècle ..... Je n'oublie pas non plus ceux qui sont partis, pour moi ils sont bien ancrés dans ma mémoire...amitiés à tous

  • quelle grande émotion en lisant ce texte et revoir ces photos un grand merçi amicalement joëlle

  • J'ai la chance et le plaisir d'avoir joué dans les deux clubs, USBP et USC (puis USCK) et les liens d'amitié noués il y a quelques quarante ans, perdurent de nos jours quand je rencontre certains dirigeants de l'USCKBP avec qui j'ai joué. Merci Bernard, tu racontes magnifiquement bien les émotions que ressentent ceux qui ont porté le maillot Bleu et Blanc, et plus largement ceux qui pratiquent ou ont pratiqué le rugby, et surtout la nostalgie de ces troisièmes mi-temps au France, INOUBLIABLES .

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