Entre deux chauffes, Hervé Peyronnie vide la cucurbite
Une pénurie de goutte dans les années qui arrivent est-elle à craindre ? C’est ce qu’il n’y a pas lieu de redouter, à la vue de la cheminée empanachée d’une fumée blanche drapant Hervé Peyronnie, le « brulou de vin » arrivé de Massat, paradis officiel des bouilleurs ambulants.
Au fil des saisons qui se succèdent, une nouvelle fois présent en terres sonnacoises depuis lundi dernier, le bel alambic de cuivre accueille sans discontinuer des bouilleurs de cru et leurs tonneaux emplis de fruits. Au terme de diverses manipulations sous la chaudière, Hervé accompagne la séparation des vapeurs d’eau et d’alcool. Et pendant que la bouillotte digère lentement un confondant volume de fruits fermentés, la discussion s'anime. Dans le même temps, un consistant petit-déjeuner vient aider les pensionnaires de l’atelier public à s'armer de patience.
Bouilleur ambulant et bouilleurs de cru s'affairent autour des bidons de fruits fermentés
Ainsi va s’accomplir du lever du jour au coucher du soleil, une métamorphose ancestrale, odorant prélude à une symphonie de vapeurs enivrantes. Si bien que Romain et Hervé, petit-fils et fils d'Aristide, ont fait leur un mot d’Alfred Jarry (La chandelle verte) : « Les antialcooliques sont des malades en proie à ce poison, l’eau, si dissolvant et corrosif qu’on l’a choisi entre autres substances pour les ablutions et lessives, et qu’une goutte versée dans un liquide pur, l’absinthe par exemple, le trouble ».
Opération délicate, la fine est soigneusement conditionnée
A l'image d'une douce perfusion, poires, prunes, mirabelles vont transiter encore et encore, au coeur d’insondables serpentins. Après Sonnac, Hervé Peyronnie sera à Puivert, très certainement en cours de semaine prochaine, puis l'alambic rejoindra le Pays de Sault et Roquefeuil.
Prêt pour une nouvelle chauffe
L'atelier public, lieu privilégié de rencontre et de partage
Le bois est chargé et la chauffe imminente