Un lever du soleil, le dimanche 29 octobre
Photos Christian Sanchez
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Un lever du soleil, le dimanche 29 octobre
Photos Christian Sanchez
L'article mis en ligne avait été publié dans l'Indépendant, édition du samedi 30 octobre 1993.
Le maïs dans un triste état
Photo archives, Octobre 1993 au tournant de l'enfer
Mardi soir, quelques gros producteurs de maïs de la région s'étaient donné rendez-vous chez Joseph Mamet dit Dédou, président de la société de chasse de Chalabre, pour évoquer les dégâts occasionnés à leurs cultures par le gros gibier.
Et nous avons été très surpris ! Comme les communs des mortels, nous pensions que les sangliers étaient les ravageurs des champs de maïs. Détrompez-vous ! Comme le faisait remarquer un des présents, « C'est bien beau d'écouter le brame du cerf au moment des amours. Quand on n'est qu'amoureux de la nature et non producteur, on peut goûter à ce concert idyllique. Mais nous, agriculteurs, avons à protéger les fruits de notre travail. Ce ne sont pas les sangliers qui actuellement causent le plus de dégâts. Ce sont les cerfs, les biches et les chevreuils qui fréquentent régulièrement nos champs et gaspillent inutilement des centaines de pieds de maïs en les renversant sur leur passage et en les piétinant. Les responsables de la chasse doivent se rendre à l'évidence, cerfs et biches sont trop nombreux dans notre région ».
Et là, de s'adresser au responsable des chasseurs : « Vous devriez vous arranger grâce à des battues -sans fusil s'il le faut- à faire fuir ces bêtes vers la montagne. Ou bien que les responsables revoient leur plan de chasse et donnent davantage de médailles à chacune des sociétés de la région. Ceci ne peut durer ».
Quand on sait que les chasseurs de gros gibier ont vu monter leur timbre spécifique de 50 à 100 puis à 150 F pour payer les dégâts et que ces dégâts sont de plus en plus importants, eux aussi finiront par mêler leurs protestations à celles des producteurs.
Ce qui pourrait faire faire un drôle de brame.
Elèves et instructeurs en piste pour un nouvel après-midi dans les airs
La manche à air s’agite en bordure de piste, un ou deux nuages épars jouent avec les rayons du soleil, et sur la piste d'envol, les planeurs sont alignés un à un face au château de la Dame Blanche. Sous les hangars, le signal est reçu cinq sur cinq par les amis vélivoles de l’association Les Planeurs de Puivert en Quercorb, basée au hameau de Campgast. Et c'est une équipe de bénévoles motivés qui va pouvoir engager la procédure de décollage pour honorer le rendez-vous avec de jeunes adeptes du vol à voile.
Si le club compte aujourd’hui une centaine de membres, plus de la moitié sont des jeunes de moins 25 ans. Ils viennent de toute la région Occitanie, parfois de secteurs défavorisés. La plupart provenant des collèges du département, ils ont découvert le vol en planeur grâce à l’option BIA (Brevet d’Initiation Aéronautique). D’autres sont issus du dispositif « Donne des Ailes à tes rêves » qui existe depuis 1995 et qui permet chaque année à environ sept à huit jeunes de découvrir le vol en planeur et de commencer le cursus de formation avec des aides du département.
Par ailleurs, un nouveau partenariat a été conclu depuis quatre à cinq ans, avec le CDIA 66 (Centre Départemental d'Initiation Aéronautique), qui permet de former six à huit jeunes par an scolarisés dans les Pyrénées-Orientales, autour de Perpignan. Plus récemment, une convention de formation a été signée avec le collège Saint-Exupéry de Bram, qui prévoit la formation d’une dizaine de jeunes sous le format de classe aéro, financés sur les deux premières années (classes de 4e et 3e).
Dernières vérifications avant décollage avec Temaeva Gues, professeur référent du collège Saint-Exupéry de Bram
Comme le souligne Jérôme Projetti, successeur de Jean-Claude Vuillen, « Nous voyons au travers de l’histoire du club que la formation des pilotes de planeur est l’ADN de notre association. Les filles et les garçons qui sont continuellement accueillis dans notre association viennent la plupart du temps réaliser un rêve de gosse. Au fil de leur formation, ce rêve qui était diffus au départ, va prendre corps et notre jeune stagiaire va entrevoir de plus en plus clairement toutes les possibilités que le monde de l’aérien peut lui offrir ».
Lorsque le nouveau président fait le bilan d’une vingtaine d’années de formation à Puivert, il apparaît que le club a participé à la formation d’ingénieurs aéronautique, de mécaniciens, de contrôleurs aériens, de pilotes de ligne, de pilotes militaires. Jérôme Projetti ajoute « Nous avons la chance de résider en Occitanie qui dispose de la majorité des industries aéronautiques, Puivert par ses formations amène sa pierre à l'édifice ».
Aujourd'hui, l’objectif du club est d’amener les jeunes jusqu’au vol solo et l’obtention du théorique planeur. Cela par le biais d'un projet nommé les « Cordées de la réussite », en partenariat avec l’ENAC à Toulouse (Ecole Nationale de l’Aviation Civile), devant s’étendre sur une période d’au moins trois ans. Une filière est ainsi créée, offrant aux jeunes qui le souhaitent la possibilité de poursuivre vers une carrière professionnelle aéronautique.
Des perspectives de développement du club de vol à voile de Puivert sont envisagées, avec un projet de nouveau bâtiment, soutenu par la Communauté de Communes des Pyrénées Audoises à qui appartient le bâtiment. Une modernisation souhaitée afin de permettre des conventions et partenariats avec d'autres acteurs dans le secteur du tourisme, l'éducation nationale, le ministère des Armées, etc. Les animateurs du club mettent en avant comment la croissance d'une telle structure pourra générer des retombées directes sur le tourisme local toute l'année durant.
Jules est aux commandes du planeur. Aux côtés de Betty Projetti instructrice (bob bleu marine), Ania et Axel, Francis Clar responsable pédagogique du club et Jérôme Projetti président
Jérôme Projetti souhaite ajouter pour conclure : « La pratique d'une activité sportive comme le vol en planeur est très exigeante, elle permet de responsabiliser les jeunes et de leur ouvrir de nouvelles perspectives. L'environnement associatif bénévole est également très enrichissant, car il permet le partage des générations et favorise l'insertion professionnelle ».
Anna, Annabelle et Sylvana, trois des élèves pilotes se sont prêtées à l'exercice de l'interview :
Anna de Toulouse, 13 ans, venait déjà au club en compagnie de sa maman, membre du club. Elle a commencé à suivre une formation en juin dernier, elle est désormais « impatiente d'être lâchée en solo ». Et pourquoi pas le jour anniversaire de ses 14 ans, l'âge requis pour être autorisé à voler de ses propres ailes. Elle aime se retrouver à Puivert car elle apprécie l'ambiance qui règne au sein du club. Elle souhaite rejoindre plus tard le monde de l'aéronautique, et contribuer ainsi à apporter sa petite note de féminité. Elle invite celles et ceux qui le souhaitent à franchir le pas, fermement persuadée « qu'il faut croire en ses rêves ». L'un des siens est de devenir la plus jeune femme pilote de l'hexagone.
Annabelle de Laurac, 15 ans, a commencé son initiation il y a un an au collège Saint-Exupéry de Bram, avec un vol découverte et un stage de trois jours à Puivert. Elle poursuit à présent en dehors du cadre du collège, et vole seule aux commandes d'un monoplace. Annabelle qui est également heureuse de retrouver ses ami(e)s sur la piste de Puivert, adore voler et ne demande qu'à progresser. Sa formation prendra fin dans un an, et après l'obtention de son SPL (Licence de Pilote de Planeur), elle souhaite devenir pilote dans l'armée, puis pilote de canadair.
Sylvana de Saillagouse, 14 ans, est venue au vol en planeur après un vol de découverte initié par son professeur BIA. Elle a effectué son tout premier stage en août 2022 et se trouve à présent en formation théorique. Cette formation lui a ouvert les portes du monde de l'aéronautique, et son objectif dans un premier temps est de pouvoir embarquer des passagers. Lorsque lui est suggérée l'option de s'inscrire dans un autre club, afin de se rapprocher de son pays catalan, Sylvana est très claire. Et son coup de coeur pour Puivert ne fait aucun doute : « Je reste fidèle à Puivert, c'est là que tout a commencé ».
Décollage au treuil pour Jules et Betty