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C'était hier - Page 616

  • Les archers du Quercorb

    Le 6 février 2008, "Momon" Arnou domicilié Rue Ste Anne nous quittait à l'âge de 76 ans. Ses multiples engagements au service de la communauté l'avait amené à proposer dans le milieu des années 1990, la création d'une section de tir à l'arc hébergée par le foyer d'éducation populaire. L'article illustré, ci-dessous, avait paru dans le journal L'Indépendant, édition du samedi 17 février 1996 :

    B.Baby Arc.JPG

    (de gauche à droite : Benoît Baby, Bruno Siérakowski, Edmond Arnou, Fabienne Siérakowski, Angel Gionco. Au premier plan, Jocelyn et Johanna Siérakowski). 

    « Ils sont adeptes d'une pratique sportive qui ne cesse de se développer discrètement dans le cadre du foyer d'éducation populaire, et c'est ainsi que les membres de la section de tir à l'arc ont rendez-vous chaque lundi à la tombée du jour, sous la majestueuse flèche de St Pierre. Réunis autour d'initiés aussi compétents que MM. Edmond Arnou et Angel Gionco, les débutants découvrent combien la pratique du tir à l'arc demande une excellente condition physique et une concentration de tous les instants. Ceux qui le désirent sont cordialement invités à venir se retrouver devant la cible, les adolescents d'hier, qui taillaient leurs arcs dans les bois de Terre Blanche, pourront constater la belle évolution des techniques : avec son système sophistiqué de poulies et sa lunette de visée, l'arc devient plus que jamais un instrument d'une redoutable précision. Une précision quasi mathématique qui n'empêche pourtant pas certains membres du club de trouver, entre deux traits décochés, l'inspiration nécessaire à l'écriture d'un poème dédié aux archets chalabrois :

        Les archers chalabrois

        Sont peu nombreux

        Mais ont la foi,

        Qu'ils soient deux, quatre ou trois,

        Ils sont toujours heureux

        De vider leur carquois.

        Ils s'entraînent en semaine,

        Au gymnase quand il fait froid

        Dehors, quand ils ont la veine

        D'avoir un soleil qui flamboie.

        Même lorsque survient le pire :

        La flèche qui heurte le bois,

        Ils gardent toujours le sourire

        Car ils décochent dans la joie

        Les archers chalabrois.

        Et même quand ils seront morts,

        Sous terre, ils banderont encore...

        Leur arc, cela va de soi,

        Les vaillants archers chalabrois ».

                         (Edmond Arnou)

        

  • Chalabre au jour le jour ou la fin d'une belle aventure industrielle

    Usine Canat.jpgLe site des Ets Canat dans les années 1960 (au premier plan, photo Mazon)

    Au milieu du siècle dernier, « le rayonnement des chaussures Canat s'étendait sur tout le territoire de l'Union française et des pays voisins » (Marie-Louise Saddier, Tome VI « Il était une fois Chalabre »). Avec un potentiel industriel de pointe, une production et un savoir-faire d'un haut niveau de qualité, les Ets Antoine Canat auront incontestablement favorisé l'essor industriel du pays chalabrais (voir l'historique détaillé de la société dans ce même Tome VI, rédigé sous la plume de Robert Roncalli). Le texte qui suit retrace au jour le jour les événements qui ont précédé la fin de la longue et florissante histoire entre les Chalabrois et la Famille Canat. C'était il y a tout juste 35 ans.

    Les événements de 1968 avaient déjà ébranlé l'édifice Canat, et en 1972, la direction de la manufacture de chaussures procède à un premier dégraissage de ses effectifs. Un pallier est franchi avec l'arrivée d'un nouveau paramètre, le personnel est invité à appréhender la notion de rendement. En 1973, le groupe Mapa-Hutchinson devenu propriétaire de l'usine Canat après avoir fusionné avec la CFP (Compagnie Française des Pétroles, future société Total), informe le comité d'entreprise qu'il envisage de liquider l'usine de Chalabre. Les raisons motivant cette décision restent floues, mais le terme "délocalisation" semble déjà promis à un bel avenir. A Chalabre, 335 emplois sont en jeu.

    Au cours de l'année 1974, l'ombre du couperet va obscurcir le ciel chalabrois et le sursis accordé au site audois vit ses derniers mois. Le 12 décembre, une première manifestation pour l'emploi est organisée à Limoux. Le 16 décembre, René Boyer maire de Chalabre et Jean Tisseyre conseiller général du canton demandent audience à M. le sous-préfet de Limoux pour lui faire part des inquiétudes au sujet des licenciements à l'usine Canat-Hutchinson. Ils interviennent le 19 décembre à Paris auprès de M. Varocco, chef de mission auprès du ministre de l'industrie, accompagnés du député Robert Capdeville et du préfet Charles Gosselin.

    Le 7 janvier 1975 les premières décisions de licenciement sont annoncées. Le 9 janvier c'est l'occupation de l'usine, avant la création le 11 d'un comité de défense. Le 13 janvier manifestation à Carcassonne. Le 21, le président du conseil régional M. Tailhades vient à Chalabre. 24 janvier, visite chez le préfet Charles Gosselin où Christian Canat propose de reprendre la direction de l'usine. 25 janvier, visite de Paul Laurent, membre du comité central du Parti communiste. Le 27 se tient un meeting ouvrier à Espéraza (prises de parole des syndicats CGT, FO, FEN et à la conclusion, intervention de  René Boyer maire et président du comité de défense). Les 28, 29, 30 et 31, meetings à Lavelanet, Quillan, Castelnaudary et Lézignan.

    4 février, meeting à Narbonne, le 5 à Carcassonne. Le 8, question écrite de Paul Laurent à l'assemblée nationale. Le 11, le Parti communiste est reçu par le préfet, l'affaire de Chalabre est portée devant le conseil régional. Le 12, manifestation à Montpellier, près de cent Chalabrois sont présents, une délégation est reçue par M. Blanc préfet de région. Le 25, René Boyer et l'union départementale des syndicats sont reçus par le préfet afin d'obtenir du groupe Hutchinson qu'il fournisse du travail à son usine de Chalabre.

    Le 2 mars, une manifestation à Limoux réunit plus de 5000 participants. Le 4, un montage audio-visuel réalisé par la Faol est présenté au CES du Viguier de Carcassonne puis au CET de Castelnaudary. Même opération le 5 au foyer d'éducation populaire (Fjep) d'Alairac, le 7 à l'Ecole Normale de Carcassonne et au Fjep du Viguier, le 11 à Peyriac-Minervois. Ces présentations sont suivies d'un débat portant sur la situation à Chalabre. Le 14, réception à Paris au ministère de l'Industrie et du Travail d'une délégation composée des UD, des ouvriers, de Jean Tisseyre et de René Boyer. La délégation est composée d'une quarantaine de personnes. Le 15 mars, participation chalabroise à une réunion du comité « Volem viure al pais ». Le 17 à Chalabre, meeting d'Henri Krasucki secrétaire général adjoint de la CGT. Le même jour réunion avec le comité de défense et compte-rendu de l'entrevue aux ministères à Paris. Le 19, présentation à Alet du montage audio- visuel réalisé par la Faol. 20 mars, meeting à Chalabre de Claude Estier, secrétaire national adjoint du PS. Le 21, M. Camy, chargé de mission du ministère du travail rencontre à Carcassonne les UD, les ouvriers et les élus. Les conclusions de M. Camy sont les suivantes : « le dossier de reclassement est trop léger, la rupture du contrat ne peut être acceptée ». Le même jour, visite de deux classes de terminale du lycée de Castelnaudary. Le 27 mars, Christian Canat adresse une lettre à tous les ouvriers, dans laquelle il propose son plan : le réembauchage dans un premier temps de 140 personnes, pour arriver dans un laps de temps de 3 ans à 300 embauches. Réuni en assemblée générale le 28, le personnel des Ets Canat-Hutchinson rejette les 170 licenciements. Le soir même à Conques sur Orbiel, présentation du montage audio- visuel, avant une prestation de Mans de Breisch et des « Rosamunda ».

    Le 4 avril, réunion publique au théâtre municipal où la population de Chalabre valide le rejet des 170 licenciements. Le 8, la presse parisienne descend à Chalabre, le Figaro, France-Soir et l'Humanité envoient leurs journalistes. Le 10 est une journée « Chalabre Ville morte », à l'occasion de la venue de M. Herr, représentant de la direction Hutchinson. Celui-ci refuse la discussion avec le comité d'établissement et reste à Limoux. A la suite de cette décision, une assemblée des travailleurs se tient au théâtre municipal. Le 11 avril, réunion du comité central d'entreprise à Paris. Le CCE apprend la liquidation de l'usine de Chalabre. Le 12, opération « Portes ouvertes » à l'usine. Toutes les entreprises du département viennent visiter le site chalabrois. Les Tanneries d'Annonay sont présentes et ont amené un contingent de peaux destinées à être vendues au bénéfice des « Canat ». Des pétitions sont déposées dans les entreprises. Le 14, réunion du comité de défense. Le 18, venue de M. Massacré, PDG adjoint du groupe Hutchinson-Mapa. Une manifestation silencieuse est organisée à cette occasion, il n'y aura aucun incident. Le 21, une séance du conseil général est principalement consacrée à la situation de l'usine de Chalabre. Une délégation ouvrière est présente. Le 22, audience chez le préfet pour l'union départementale des syndicats (CGT, FEN, CFDT). Le 30, question orale à l'assemblée nationale du député Robert Capdeville.

    Le 1e mai à Chalabre est unitaire, avec meeting au théâtre municipal et défilé dans les rues. Le 3, réunion du comité de défense. Le 10, réception du préfet à Chalabre et mini manifestation devant la mairie. Présence de Christian Canat et de son fils Jean-Pierre. Chacun reste sur ses positions. Le 16 mai, les ouvriers barrent la voie ferrée à Carcassonne et distribuent un tract expliquant leur action. Pas d'incident. Le 24, séance extraordinaire du conseil municipal de Chalabre dans les locaux du conseil général à Carcassonne, en présence des élus et de l'UD des syndicats. Le 26, présentation du montage audio- visuel au CES de La Conte. Le 29 mai, occupation de la Basilique Saint-Nazaire et Saint Celse à la Cité de Carcassonne.

    Le 3 juin, table « ovale » à l'Inspection du Travail à Carcassonne, en présence des syndicats, des ouvriers, de M.Massacré, et des inspecteurs du travail, pour une première concertation. Le 5, les occupants reçoivent la visite de Gaston Bonheur à la Basilique. Le 6, Claude Marti chante une chanson de sa création sur Chalabre. Le 13, manifestation surprise des ouvriers devant le siège parisien de la Compagnie Française des Pétroles. M. Grosnier le PDG refuse de recevoir la délégation. Le 16, assemblée générale des ouvriers et démarrage du Plan Canat. 170 ouvriers se retrouvent sans emploi. Le 19 juin, fermeture des mairies de l'Aude, décision de collecte dans le département à l'aide d'enveloppes. Les ouvriers quittent la Basilique avant une manifestation dans les rues de Carcassonne et le dépôt d'une motion au préfet. Le 24 juin, nouvelle manifestation pour l'emploi à Carcassonne.

    Le 1e juillet 1975, la page Hutchinson est tournée, une nouvelle raison sociale naît au pied du Calvaire et le pays chalabrais va se familiariser avec l'entité Canat S.A. En 1979 cette dernière devient la meilleure exportatrice du Languedoc-Roussillon. En juillet 1983, la Sté Canat S.A passe en SCP (société civile professionnelle) et le 2 janvier 1985, Christian Canat cède les rênes à son fils Jean-Pierre. En mars 1986, l'industriel Bernard Durand, fils d'Albert le marchand de cycles de la Rue Terre-Blanche et chef d'entreprise à Saint-Palais (64), prend le relais en conservant quarante employés. Le 21 janvier 1988, un incendie nocturne d'origine indéterminée signe l'arrêt définitif de la production de chaussures à Chalabre.

  • La croix de l’Esturgat

    Esturgat.JPGLe vent froid et glacial souffle sur les genêts et les genévriers. 

    Hiver après hiver, là-haut sur la colline de l'Esturgat, une bise froide et glaciale vient balayer genêts et genévriers que les premières neiges recouvrent. Et là, en surplomb des vallées du Blau et du Chalabreil, la ferme inhabitée de l'Esturgat garde le mystérieux secret d'une fin tragique, dont le souvenir est perpétué par une croix érigée au bord du sentier d'accès en crête. Ce monument battu par tous les vents évoque la mémoire d'une jeune bergère assassinée voilà un peu plus d'un siècle, et porte ces mots gravés dans la pierre : «  A la mémoire de Anne Fabié assassinée le 7 mai 1854. Passant priez pour elle ».

    Un meurtre pour lequel le véritable coupable ne fut en réalité jamais inquiété. Rapidement soupçonné puis accusé, le fiancé de Anne Fabié sera condamné pour homicide et envoyé au bagne de Cayenne, payant ainsi pour une faute qu'il niera toujours. Nombre d'années plus tard, l'abbé Casimir Blancard, premier curé de la paroisse de Montjardin fut appelé au chevet d'un mourant. Peu avant d'administrer l'extrême-onction, l'ecclésiastique allait recueillir les confessions de celui qui avait commis le funeste forfait. A St Laurent du Maroni cependant, il était trop tard pour ce fils de Villefort qui, depuis, repose en paix en terre de Guyane. Il y eut réhabilitation certes, mais elle fut posthume.    

  • Catinou et Jacouti ont fêté leurs noces d’or en Kercorb

    (Cet article est paru dans l'édition du mercredi 8 janvier 1997 du journal L'Indépendant. Depuis lors, Catinou et Jacouti ont soufflé beaucoup d'autres bougies d'anniversaire, mais ont également dit adieu à Charles Mouly leur créateur, décédé en cette année 2009).

    Catinou et Jacouti.JPGLa Catinou radieuse avec le Jacouti.

    Accueillir sur les planches du théâtre municipal de Chalabre les comédiens du théâtre de la Rampe et du théâtre de la Carrièra représentait un formidable pari qui a permis à Car'Al'Oulo de débuter sa saison culturelle par un incontestable succès, venu clôturer en beauté l'année 1996. Les acteurs d'Occitanie 39-45 ont offert au nombreux public venu des quatre coins du canton un spectacle à deux visages racontant le coeur de la société occitane et sa lutte pour sa survie face à la tragédie de la guerre. L'atmosphère lourde et tendue de « la Crotz erbosa », drame poignant et fort qui témoigne de l'angoisse des campagnes face à l'exode rural (photo ci-dessous), a ensuite cédé la place à la truculence des célébrissimes Catinou et Jacouti. Les performances de Georges Besombes, Jean-Louis Blenet, Peire Brun, Teresa Canet, Laurent Cavalié, Bruno Cécilion et Véronique Valéry ont littéralement soufflé un parterre friand des avatars de ce couple infernal qui vient de fêter allègrement un demi-siècle de délires.

    Catinou II.JPG

    Au terme de trois heures d'éclats de rire sur les ondes, le public complice a consenti bon gré, mal gré à tourner le bouton de la T.S.F. « Radio Minjocèbos, que bous ajudo a bous mantener aluserpits et regaudits » avait une nouvelle fois tapé dans le mille grâce aux talents de la troupe de la Rampe et de la Carrièra.Catinou I.JPG

     

     

     Tard dans la nuit, les comédiens ont retrouvé leurs hôtes, afin de partager place Charles Amouroux une soupe à l'oignon préparée par l'équipe de Car'Al'Oulo, soucieuse de perpétuer entre autre choses, la convivialité d'antan (photo ci-dessous). Merci à Car'Al'Oulo et bon anniversaire à « Catinou e son arganhol de Jacouti ! ».

    Catinou II bis.JPG