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Insolite - Page 19

  • La clef du Pont-Rouge

    Chariot.JPGLe Pont-Rouge, alors orné de son char, oeuvre du regretté Jean-Claude Sicre. 

    En mai dernier, les élus réunis en séance afin de voter le budget 2012, avaient également évoqué les projets prioritaires, au premier rang desquels la réfection de la passerelle du Pont-Rouge. Soumise à plusieurs expertises, cette voie d’accès jetée sur le Chalabreil va très bientôt faire l’objet d’une restauration complète, et ce, 126 ans après sa mise en place. C’est en effet après une décision votée en conseil municipal le 23 mai 1886, que les Chalabrois avaient vu leur commune se doter d’une passerelle métallique, créée par les Ateliers Mauguin de Paris. Le fer supplantait définitivement le bois, parce que de fortes pluies conjuguées à la fonte des neiges, avaient emporté le 28 février 1885, une très vieille passerelle en bois.

    Bien des années plus tard, lors du deuxième conflit mondial, certains prisonniers internés dans le camp de concentration établi sur l’ancienne scierie du Moulin de l’Evêque à Rivel, viendront pour ainsi dire, apporter leur pierre à l’édifice. Ces détenus politiques, utilisés comme renfort au sein des effectifs de l’usine Canat, vont en effet bâtir deux rampes d’accès permettant le passage des brouettes. Parmi ces prisonniers, Otto Löwy, Autrichien né le 30 mai 1900, à Vienne. Ce dernier tenait un journal sur lequel il avait noté comment un voisin du quai du Chalabreil, leur avait un jour offert une boîte de conserve contenant du poisson. Une fois le « festin » terminé, la clef ayant permis l’ouverture avait été noyée dans le ciment. Le 12 août 1942, Otto Löwy fut dirigé vers le camp de Drancy, avant un dernier voyage jusqu’à Auschwitz où il mourut le 30 novembre de la même année. Dans le courant des années 1990, sa famille prendra contact avec la ville de Chalabre, grâce à l’aide du consulat d’Allemagne, afin d’en savoir plus sur le parcours de l’un des leurs. Donnant par la même occasion, plusieurs informations consignées dans le carnet de Otto.  

    Le temps a passé depuis, et si le métal de la passerelle est aujourd’hui la proie de la rouille, le béton des rampes adjacentes donne lui aussi certains signes de faiblesse. Signes faibles certes, mais suffisants pour laisser apparaître une clef, que l’on devine lorsque l’on se positionne face au pont, et dos à l’église Saint-Pierre. 70 ans après, le souvenir du citoyen Otto Löwy et de ses compagnons d’infortune a ressurgi de l’oubli, grâce aux effets improbables de l’érosion. En cette année 2012, le Pont-Rouge va être restauré, par nécessité, et il est permis d’espérer que ce vestige d’humanité et de fraternité, n’ira pas se perdre dans un amoncellement de gravats.

    Sincères remerciements à Serge Fournié, pour l’intérêt qu’il porte à la chose historique, et pour son sens aigu de l’observation.

  • Une chouette en terrasse

    Chouette 27 Avril 2012 009.jpgCette belle boule de plumes n’a pas fermé l’œil de la journée.

    C’était un soir du mois d’avril, au cours duquel Chalabre finalisait le vote de son budget primitif 2012. Dans le même temps, d’étranges cris provenant des platanes du Cours Sully, prenaient de vitesse les douze coups de minuit égrenés par l’horloge de Notre-Dame. La nuit, c’est bien connu, tous les chats-huants sont gris, et il faudra attendre le petit matin avant que la nature de ce tapage nocturne ne soit identifiée. En guise d’exercice, le fils (ou la fille) de la Dame blanche des clochers d’église, choisira de perdre un peu d’altitude, pour venir se poser sur la terrasse du café des Sports. Ignorant superbement la loi, et l’interdiction faite aux tenanciers d’estaminets, de servir tout mineur quel qu’il soit.

    Avec la lumière du jour revenue, ce petit pensionnaire inattendu, au bec et aux griffes déjà suffisamment acérées pour dissuader les curieux, va bénéficier de la bienveillance de deux petits voisins, accourus à son secours. Une assiette garnie d’un steak haché menu en main, et une fourchette dans l’autre, ces derniers auront tôt fait d’amadouer le beau petit oiseau de nuit. Certainement rassuré par la concordance de générations, ce jeune visiteur rassasié aura pu attendre un nouveau crépuscule, avec toute la sérénité qu’une panse bien remplie autorise.

  • Images d'hier, et autres

    Une journée à la chapelle du Calvaire.

    Les Communiants.jpg1er rang de g à d : Robert Théron, Jean-Denis Navarro, José Navarro, Yves Gaubert, François Cully. 2e rang : Jean-Claude Sibra, Jean-Luc Marcel, Francis Ferrier, Jacques Garros. 3e rang : Jean-Pierre Brembilla, Alain Bigou, Jean-Georges Boyer.

    C'était au lendemain de la communion solennelle (profession de foi), M. le curé emmenait jusqu'à la chapelle du Calvaire, les jeunes fidèles ayant renouvelé les engagements pris lors de leur baptême. Au retour, et après la descente du chemin de croix, missel en main, les communiants rendaient visite à leurs petits camarades, restés en tête-à-tête avec le tableau noir de l’école communale. La rencontre se terminait invariablement par une généreuse distribution de dragées. Cette journée marquait aussi et souvent, la fin de l'enseignement religieux, puisque de nombreux élèves du catéchisme, prenaient ensuite leurs distances avec l'Église. Ce qui n’était pas une exception chalabroise, et ce que le cardinal Marty, archevêque de Paris disparu en 1994 dans un accident de 2 CV, avait regretté, en déclarant : « la profession de foi sonne le départ à la retraite du jeune chrétien »

    Partie de chasse à Cazalens.

    Cazalens 10 Nov. 1984.JPGDe gauche à droite, debout : François Boulbès, Michel Rodrigues, Aimé Franc, Joseph Balestra, Marcel Franc, Guy Huillet, Jean-Marie Barra. Accroupis : Christian Rivals, Jean-Luc Cathala, Didier Cathala, Marc Franc, Maurice Plantier, Augustin Delpech, Julien Canal, Jean Bedin.

    C'était un soir d'hiver de l'année 1984, le 10 novembre à Cazalens, l'équipe de chasse de Montjardin en terminait avec une journée consacrée à la traque du "Singularis porcus". A l'évidence, les sangliers avaient passé une très mauvaise journée, face à de fines gâchettes qui ne boudaient pas leur plaisir, juste avant de sortir "las ganivas".

    Du blanc, du noir, et un peu de rouge aussi.

     Chalabre RV.jpg

    Une vue de Chalabre, inédite, grâce à l'utilisation du procédé « Image en infrarouge couleur », appliqué sur cette photo par l'ami Robert Voltes, digne petit-fils de son grand-père. Ce dernier vous expliquera qu’il suffit tout simplement de bloquer la lumière visible, en ne laissant passer que les rayons infrarouges.

  • Un Monument-aux-Vivantes au pied du St Barth

    St Barth Août 2011 019.jpgJean et Daniel en sont convaincus, le Saint-Barthélémy et le Soularac gardent encore une part de mystère.

    Les randonneurs du Kercorb reprenaient dernièrement leur bâton de pèlerin, direction Montferrier, le Ramier, et l’ancienne mine du Fangas, désaffectée depuis 1968 à la suite de la rupture du téléphérique, et de fréquents éboulements de terrain. Sac au dos et béret vissé sur la tête, la cordée encouragée par un beau temps promis, se proposait de rallier le pic Saint-Barthélémy, via les lacs. Il suffisait de doubler le refuge du club « Cimes » (club initiation montagne, escalade et ski), pour atteindre le Trou du Vent et l’ancienne carrière de « la Porteille », pointée à 1650 m d’altitude.

    monument-aux-vivantes,st barthélémy,pmvArrivé à hauteur de la vieille machine à vapeur, vestige d’une exploitation de talc datant de 1896 (photo ci-dessus), l’attention de Daniel, premier de cordée, sera attirée par un étrange alignement de pierres. Le trio revenait sur ses pas, un peu contraint, pour découvrir un épigraphe gravé sur dix-neuf pierres, posées à même le sol et surmontées d’une pierre vulvaire. Après lecture le doute n’était plus permis, les Chalabrois étaient en présence d’un « Monument-aux-Vivantes » (photo ci-dessous). A demi surprise, car ayant chanté quinze jours auparavant au pied du « Monument aux Bons Vivants » du Cazal, l’équipée reprenait son chemin. Arrivant d’abord à l’étang des Truites, puis à l’étang du Diable, enfin à l’étang Tort, ne restait plus qu’à franchir le Pas-de-l’Ours (2200 m) pour s’engager sur les derniers mètres qui allaient faire 2349 au sommet de ce cher St Barth.

    monument-aux-vivantes,st barthélémy,pmv

    L’occasion de constater une bonne fois pour toutes, que le pic du Soularac est plus haut que le pic du Saint-Barthélémy, grâce à sa pique centrale, soit 2370 mètres contre 2349. Les sacs enfin posés, face au plateau de Beille et aux Pyrénées, il était l’heure de passer à table. Sachant que l’on ne prend jamais suffisamment de vin en montagne, nos randonneurs allaient bientôt se retrouver à court de pain. Ce qui allait précipiter la descente vers la vallée du Pays d’Olmes, en silence, car les pensées de chacun étaient monopolisées par le monument évoqué précédemment.

    monument-aux-vivantes,st barthélémy,pmvL'étang du Diable, et Chalabre, dans le prolongement du déversoir.

    Renseignements pris dès le retour en Kercorb, il apparaissait que cette structure est l’oeuvre du collectif ariégeois PMV, signataire d’une lettre envoyée aux élus des 332 communes ariégeoises, sollicités afin d’accueillir sur leur sol, un monument dédié à « l’autre moitié de l’humanité ». Visiblement confronté à une fin de non-recevoir, le collectif a érigé en juillet dernier et sur une friche industrielle ayant produit par le passé 100 000 tonnes de talc, son « Monument-aux-Vivantes ». Aux dernières nouvelles, un autre de ces monuments vient d’être enfoui, "au milieu de nulle part" : « l’enfouissement comme puissance de germination ».