Sa majesté Badaluc le 52e, que chacun ici attend avec la plus extrême des impatiences, ne laisse pas de préoccuper les autorités civiles, militaires et ecclésiastiques de la bonne ville de Chalabre. Dans un intervalle aussi extraordinaire que bref, au cours duquel, d'une année sur l'autre, se joue l'avenir de la cité, rien de moins, quelle sera leur attitude le jour venu ?

Sans réponse claire de leur part, il est permis de se transporter quelques années en arrière, lorsqu'une limousine du corps diplomatique avait descendu le Cours Docteur Joseph-Raynaud, en trombe et tous feux allumés. Au volant, Richard Conte emmenait les personnalités de l'époque, attendues par une foule en liesse sous le  balcon de l'hôtel de ville.

De gauche à droite, René Berland, Robert Saddier, Gabriel Gallardo, Roger Raynaud, André Conte

Photo archives, 1983 

A quelques semaines de la venue en Kercorb de sa majesté Carnaval (samedi 6 et dimanche 7 avril 2024), petit retour en arrière vers l'année 1983. Sous les voûtes de l'hôtel-restaurant l'Affenage, un tribunal est en marche vers un conciliabule final. Lequel, d'après les éléments recueillis dans les archives, aura été fatal à Badaluc le 15e de la dynastie.

Le violon de Badaluc le Cosaque n'a pas réussi à infléchir le verdict

L'association « Carnaval de Chalabre »

Photo archives, 4 décembre 2021

C'était il y a à peine plus de dix ans, au mois de mars 2013. La place Charles-Amouroux, ainsi baptisée depuis 1971, après vote en conseil municipal du 19 juillet, et les anciens abattoirs, fermés le 1er janvier 1968 après vote en conseil municipal du 11 décembre 1967, ne renouvelaient pas le bail à l'équipe de bénévoles chargée de donner un corps et une âme à sa Majesté Badaluc, prince de l’éphémère et de carnaval.

Il convient de le rappeler, la confection du « Palhassut », plus tard mieux connu sous le nom de Badaluc, était chaque année réalisée dans l'intimité de ce lieu qui renvoyait jadis la complainte des bêtes de boucherie. C'est là, sous la salle Michel Plasson chère aux musiciens de l'OPVC, que soir après soir, les gardiens de la tradition laissaient libre cours à leur imagination, pour que la fête soit belle.

Inauguration de la salle Michel Plasson

De gauche à droite, Roger Laffont, Malou Saddier, René Boyer, maire, Jeanne-Marie Boyer, Hubert Carcy, Richard Conte (OPVC)

Depuis 2013, à l'image du bohémien errant, le collectif de Carnaval et Badaluc repartent à la recherche d'un pied à terre, susceptible d'accueillir matériel et atelier d'élaboration. A l'ancien atelier de mécanique Canat d'abord, dans un espace désaffecté de l'usine Franzone rue du Pont-Vieux ensuite, dans une grange de la ferme Saint-Martin, dans un coin de banlieue du Cazal, non loin d'un estaminet ouvert près de la halle aux mesures.

Et au final, avec 2024 qui s'annonce, il est déjà demain pour le Comité de Carnaval et son président Loik Rosich, dynamiques successeurs de l'association les « Solistes de l'Avenir du Kercorb », et toujours aussi préoccupés par l’avenir de Badaluc. En assemblée générale ces derniers jours, il apparaît que le collectif se retrouve confronté à ce problème récurrent, avec une question posée : Badaluc sera-t-il en mesure de célébrer en 2024 le 56e anniversaire d'une liaison ardente avec ses amis du Pays Chalabrais ? Pour l'heure, l'association « Carnaval de Chalabre » lance un appel, en espérant trouver un local qui puisse les accueillir. Toutes les suggestions sont les bienvenues, les personnes susceptibles d'avancer une proposition peuvent se mettre en contact avec Loik Rosich (06 49 89 75 53), ou un membre du collectif.

Les loups devant l'hôtel Valentin Martinez, Cours d'Aguesseau

Photo archives Mars 1956 

Jeunes artistes à l'ouvrage  (Photos Thierry Roncalli).

Voilà quelques jours déjà que Badaluc le 53e de la lignée est parti rejoindre son éternité. Il faut l’imaginer consigné pour toujours dans la galerie de ses ancêtres, une boîte d’allumettes à la main, se demandant encore ce qui avait pu se passer. Et c’est peut-être aussi la question que se posent Emma, Paolo et Raphaël, investis près de quatre semaines durant pour apporter leur concours à la conception de sa Majesté Carnaval, partie au final en fumée.

Présents de mars à avril sur différents ateliers le mercredi et le samedi, ils ont intégré la cour des grands avec une joie sans réserve, pour créer l’ensemble des ornements propres à rajouter du volume décoratif à sa Majesté. Depuis le travail sur le grillage, jusqu’à l’encollage du papier, le tout sous l'oeil vigilant de Séverine, nos pionniers de la déco ont créé les deux poulpes, le requin marteau et les petits poissons. Créatures tout droit sorties des profondeurs de la mer, pour venir parader aux côtés de notre intrépide marinier.

Beaucoup d’imagination, autant de  persévérance, et il semble évident que la relève se prépare, ce qu’Emma Defernez, Paolo Tur y Tur et Raphaël Roncalli ont démontré tout au long de cette édition 2023. Un grand merci à tous les trois, sans oublier Thierry, artiste aérographe et concepteur d’illustres bobines. 2024, c’est déjà demain !