L'article mis en ligne avait été publié dans l'Indépendant, édition du samedi 25 juillet 2009.
Les pieds dans l’Hers, Santiago Martinez est parvenu à calmer et à maîtriser le grand rapace (Photos archives, Juillet 2009).
Le calme qui règne en juillet sur les cours était perturbé tout récemment par l’irruption d’un vautour fauve, contraint à un atterrissage forcé entre les platanes du cours Colbert. Tel l’albatros de Baudelaire, que des ailes de géant empêchent de marcher, le voyageur ailé aura toutes les peines du monde à repartir, ce qu’il réussira pourtant, avant de s’échouer quelques centaines de mètres plus loin, dans le vieux quartier du Moulin. Aussitôt alerté, le centre de secours Jean Cabanier dépêchait sur place Santiago Martinez, chargé de récupérer le volatile.

Malgré un état de faiblesse apparent, le rapace parvenait à se frayer en petites foulées un chemin vers les jardins potager de la Bâtisse, avant de plonger dans l’Hers où une insolite confrontation tournera à l’avantage de « Santi ». A la demande du Codis, l’animal non bagué était alors acheminé vers la caserne des pompiers de Lézignan-Corbières. C’est là que Santiago Martinez prenait congé d’une prise encombrante, qu’il remettait à un responsable de la Ligue de Protection des Oiseaux basée Ecluse de Mandirac à Narbonne.
Après informations collectées auprès des responsables audois de la LPO, l’animal qui semblait saigner du bec lors de sa capture venait en fait de participer à une curée et était donc rassasié. Autre explication avancée par la LPO, ce genre de rapace incapable de battre longtemps des ailes aura ensuite été surpris par un orage, puis incapable d’évoluer normalement en raison d’un plumage abondamment mouillé. Voilà qui expliquerait son arrivée sur les boulevards chalabrois, plutôt habitués à héberger rouges-gorges et autres moineaux.
Perturbé par le stress de la capture, le grand oiseau dont la présence est fréquente dans les montagnes audoises a pu tranquillement reprendre ses esprits, puis son envol, afin de retrouver ses congénères et son milieu. L’occasion de saluer la polyvalence de nos sapeurs-pompiers et de remercier Santiago Martinez pour son esprit d’initiative, tant il est vrai qu’un tête-à-tête avec un vautour fauve est loin d’être ordinaire.
La cérémonie civile célébrée dernièrement, a permis de rendre un ultime hommage à Santiago Martinez, domicilié cours Colbert et décédé à l’âge de 82 ans. Originaire de Cùllar de Baza (Andalousie), où il était né le 18 juillet 1934, Santiago Martinez n’a que douze ans lorsqu’il quitte l’école pour travailler dans les champs de la province de Grenade. Après la « Mili » (service militaire), il rejoint Barcelone et la vieille ville où il est employé dans la maçonnerie. Il revient au pays après son mariage en 1960 avec María del Carmen, avant de passer tout seul la frontière en 1970, année au cours de laquelle il découvre Chalabre et les forêts du Kercorb, où il exerce le métier de bûcheron. Mais sa famille lui manque et il fait de nombreux allers-retours pour revoir son épouse et leurs quatre enfants. En 1972, la petite famille est enfin réunie au quartier du Moulin, hélas un accident sur le chantier en 1973 entraîne une cessation d'activité de la société forestière qui l’emploie. La tentation de rentrer définitivement au pays est forte, mais le secteur textile en Pays d’Olmes est florissant et Santiago retrouve du travail, au sein de l'usine Bergère à Lavelanet. Un nouveau métier qui lui permet d’intégrer en 1979, les effectifs de la filature chalabroise Garros-Carbonnel dans laquelle il fera valoir ses droits à la retraite.
Maeva Izart (TC Limoux) et Sirima Martinez (TC Chalabrais), deux brillantes championnes.