« Retournes-toi dans ta tombe, Fluris ». Pour parodier un des mille et un succès de quatre garçons dans le vent, il faut imaginer Fluris se retournant dans sa tombe au soir de ce mardi 13 décembre 2022, tandis que l’ancienne halle aux blés attend en vain la troupe des « arrossegaïres ». Car ce soir, la troupe de tireurs de traîneaux a encore oublié le rendez-vous. Cette absence répétée au fil de ces dernières années, finira-t-elle par porter le coup fatal à une tradition séculaire ? Bruyante commémoration à laquelle ont sacrifié avec bonheur et constance, des générations de Chalabroises et de Chalabrois.
Là-bas devant la halle, la stèle née à la faveur du tricentenaire de la mort de Fluris est restée de marbre, devant autant d’indifférence. « Uèi fa les ans que tuèron Fluris ! ». D’accord, et alors ? Même l’écho n’a pas daigné répondre, seul un silence retentissant a pris le relais, silence à la faveur duquel reviennent quelques mots d’en Josep : « Demain Fleury, sous les chrysanthèmes fanés d’un arrière été de la Saint-Martin, s’endormira définitivement. Il aura vécu trois cents ans, avant d’être enseveli sous une culture uniformisée, mondialisée ».
Bien sûr, le reste de la nuit a été sereine. Mais il paraît qu’au douzième coup de minuit, sur le pavé luisant des cours, la tradition s’est transformée en citrouille. « Roll over Fluris ! ».
Commentaires
Le silence était assourdissant. Les deux anciens "arrossegaires" méditaient tristement sur un banc de la halle en espérant voir arriver quelques jeunes tireurs de casseroles, en pensant mélancoliquement aux soirées agitées des "Fluris" de leur jeunesse. Il n'y avait pas cette fête importée des pays anglosaxons qui agitait notre jeunesse pour la Toussaint. On attendait impatiemment le 13 décembre pour commémorer un évènement typiquement chalabrois et unique dans notre pays. C'est vrai qu'il n'y avait rien de commercial.
On se retrouvera le 13 décembre 2023.
Bien triste info du pays. Cette fois il est mort le "Fluris" et personne pour l’accompagner.
Rien ne fera revivre cette tradition, car le monde change et les gens aussi.
Les enfants n'ont plus cette fibre locale avec ces traditions.
On en parlait à la maison car nos anciens qui avaient parcouru les rues en chantant ce mois de décembre. Ils nous aidaient pour trouver la casserole, le bidon...ils étaient heureux de nous voir passer sous la fenêtre de la maison en chantant comme eux bien des années avant.
Nous allions de la Cigalière, au pont du Blau et même au Cazal un demi tour à la Métairie de la ville pour finir le ramassage d'objets divers (vases, bancs, charetteet m^me une fois le portail de chez Izaure rue du plumet que nous avons remis en place le lendemain) et charrier nos trouvailles sur la place.
Dans l'attente le lendemain à la sono, Gérard annoncer que les enfnts qui ont déplacés sous la halle des encombrants ont été reconnu et qu'ils doivent les ramener à leurs places. Notre jeu était le matin de voir les familles récupérer leurs bien dans tout ce fouillis.
Mais nous n'avions pas la télé, ni internet et pour beaucoup nos racines étaient Chalabroise, ancrées dans les traditions : Tour de la famille le 1er de l'an récolter la pièce et les bonbons, Carnaval, Pâques, l’ascension et le montage des manèges ,voler les cerises dans les jardins, les bals sous la halle, aller chercher l'eau à la Picharotte, les glissades avec les cartons au champ du chateau, les chimboulines (traineaux avec des roulements à billes), les tours de ville en discutant, la Piche et Baratte pour apprendre à nager, porter les fleurs au cimetière avec la petite remorque et la brouette pour Toussaint, Fluris pour finir l'année...
Bonne journée Chalabrois, Chalabroises !!!!
Article exceptionnel de Momo concernant la fin programmée de "Fluris" accompagné des regrets de Michel Brembilla devant ce qui parait inéluctable. Notre cher Paillou, avec beaucoup de nostalgie et un peu de ressentiment, nous fait part des temps forts de notre enfance, çà matche Gilbert !
Gilbert, nous avons dans nos cœurs tout ce flot de richesses que tu cites.
N'avons nous pas le plus beau des trésors ? J'en suis sûre.
"Tout s'en va, tout se meurt" chantait Aznavour.
Michel parle de "silence assourdissant". Qui l'entend ?
On peux méditer sous la halle sur ce que fut et ce qu'est devenu notre village. Nos vieilles traditions suffoquent et succombent sous d'autres. Tant de traditions et de fêtes se sont perdues. Fluris aura juste survécu plus longtemps que les autres.