« Fluris... es-tu là ? ». La question est posée par un ardent et inconsolable partisan du Sieur Jacques Fleury, désireux de donner sa vérité concernant « Une tradition si lointaine, et pourtant tellement présente » :
« Oyez, oyez, braves gens d'Eissalabra ! Fermez un instant les yeux et devinez le château de Mauléon. Ce château qui il y a plus de 300 ans refusait d'ouvrir ses grilles aux « arrossegaïres » d'un brave « chirbilhi », après que l'on ait assassiné dans un coin sombre du vieux Chalabre le sieur Jacques Fleury. Assassiné pourquoi ? Parce qu'il volait du bois ? Parce qu'il braconnait les garennes du château ? « Perque pausaba de sedous dins las garrigas ? ». Ce collecteur d'impôts s'enrichissait-il du produit de la gabelle sur le dos des pauvres Chalabrois ? Errarum, errarum... « Nos trompan totis !».
En réalité, Fluris était un héros shakespearien, Romeo transi d'amour pour sa Jeanne ! Mais les jaloux et les gens mal intentionnés eurent tôt fait de l'envoyer ad patres. Doit-on condamner aujourd'hui ces empêcheurs d'aimer en rond ? Nous ! Arrossegaïres invétérés, que serions-nous aujourd'hui sans eux ? Notre « chirbilhi » aurait-il un jour vu le jour ?
En 1997 et à la faveur de l'érection d'une stèle sur la place Fluris, l'entreprise « Escande & Son » avait mis à jour un anneau gravé de deux prénoms enlacés : « Jeanne et Jacques, 1696 ». Fermons encore un peu les yeux pour imaginer ce que furent ces galants et secrets rendez-vous sous les murailles d'un château où le temps s'est arrêté. Notre Jacques Fleury mourut-il du péché de chair consommé en ces lieux ? Qu'advint-il du fruit de ces amours ? Fluris est-il irrémédiablement mort ? Fluris or not Fluris, aquo es la questiou !
Quoiqu'il en soit, le vendredi 13 décembre prochain à la nuit tombée, la chose métallique va briller de mille feux sur les pavés de la cité du Kercorb. Car Chalabre a une nouvelle fois rendez-vous avec Fluris ».