En cette journée du souvenir, qui ne permettra pas aux Chalabroises et aux Chalabrois de se joindre à l'hommage officiel rendu aux Poilus, JIEL propose un poème pour ne pas oublier.
Une croix et un poppy déposés au monument aux Morts par la communauté anglophone
Dimanche 8 novembre 2020
Quatorze
Dans cette nuit d’été au ciel de lumière
Le vacarme des canons a brisé leurs tympans
Les hurlements bestiaux venus des ténèbres
Ont changé ces hommes en fantômes rampants
Les rats effrayés ont regagné leur tanière
Les poilus sont comme eux gris et puants
Recouverts de poudre de sang de poussière
A peine savent-ils encore qu’ils sont vivants
Dans ces dernières minutes avant le chaos
Ils serrent sur leur coeur une photo froissée
Ou le papier usé de mots d’amour si beaux
D’une mère adorée ou d’une bien-aimée
A la première lueur de ce jour dérisoire
Ils bondiront hors de leur refuge misérable
Pour aller chercher les larmes de gloire
D’une course éperdue d’un destin pitoyable
Le silence est revenu l’obscurité s’éteint
Les yeux de mes camarades d’infortune
Racontent leur vie prédisent leur fin
Les regards d’effroi leur dernière torture
Ils oublient désormais la misère des jours
Les blessures du corps les fêlures de l’âme
La peur de la mort dans les tripes toujours
Demain pour certains pour les autres le drame
Le soleil va bientôt pointer sur la nature absente
Serrés comme un seul dans des odeurs confuses
De merde et de vinasse dans une agitation lente
La baïonnette au canon quand déjà les balles fusent
Le sifflet retentit les hommes devenus fauves
Au prix de mille efforts se lancent dans la terreur
Et courent sans penser et tombent sans cause
Dans une folie collective de mort et d’horreur
JIEL