Avant que le mois de janvier ne passe le relais, un dernier retour vers les cimes du Massif de Tabe, avec un poème écrit sous la plume d'un Dernier de Cordée.
« Nous fermerons la porte... »
Pour certains la montagne, c’est cumuler les monts
Enumérer des pics et les collectionner
Délaisser le plaisir pour la compétition
Pour toi le maître mot, c’était de partager.
Un peu avant Noël un soir, au coin du feu
Quelques amis préparent l’éternelle virée
Nous partirons lundi, dans le matin frileux
Aucune discussion sur le choix du sommet.
C’est d’abord par la route puis de larges lacets
Que les récentes neiges, vont rendre impraticables
Et le jour se levant, je descends m’équiper
Tel un enfant joyeux qui range son cartable.
L’allure soutenue nous dépassons l’étang
Pour bientôt accéder à un plateau immense
Jonché de vieux outils, témoins de l’ancien temps
Baptisé par le maître : la piste de danse.
Dans une brèche étroite et protégée du vent
Chacun sort de son sac de quoi se sustenter
Un abri de fortune, mieux qu’un restaurant
Notamment par l’éclat de sa salle à manger.
Lentement la cordée progresse sur la crête
Un crochet à la main et des griffes aux pieds
La prudence nous tient éloignés de l’arrête
Et ce long balcon blanc qui pourrait s’effondrer.
Peu à peu se dévoile le Saint Barthélémy
Epuisé par l’effort, chargé de lassitude
J’applique les conseils éclairés de l’ami
« Petits pieds, petits pas » pour vaincre l’altitude.
Oh quelle délivrance d’atteindre le sommet !
Rapidement la joie vient essuyer la sueur
Devant nous l’imposant tableau des Pyrénées
Et tous ces beaux massifs qu’il connaissait par cœur.
Quelques regards complices, et c’est l’heure à présent
De rebrousser chemin sur ce parcours mythique
Ecouter le récit des hivers précédents
Que le vent des années va rendre anecdotique.
Parfois on aperçoit une pierre gravée
Comme une forme ovale, surmontée d’une fente
De façon régulière elles ornent le sentier
Menant vers le curieux monument aux vivantes.
Le soleil s’est couché, bientôt viendra la nuit
Un intermède court surtout à cette époque
Le soleil s’est couché, pourtant on ralenti
Pour voir s’illuminer Lavelanet et Laroque.
Ce soir on fêtera ce voyage éprouvant
Comme pour prolonger le rêve, en quelque sorte
Avec une pensée, émue, pour maître Jean
Et puis, comme il se doit, nous fermerons la porte…
Dernier de Cordée