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C'était hier - Page 649

  • Chalabre au jour le jour ou la fin d'une belle aventure industrielle

    Usine Canat.jpgLe site des Ets Canat dans les années 1960 (au premier plan, photo Mazon)

    Au milieu du siècle dernier, « le rayonnement des chaussures Canat s'étendait sur tout le territoire de l'Union française et des pays voisins » (Marie-Louise Saddier, Tome VI « Il était une fois Chalabre »). Avec un potentiel industriel de pointe, une production et un savoir-faire d'un haut niveau de qualité, les Ets Antoine Canat auront incontestablement favorisé l'essor industriel du pays chalabrais (voir l'historique détaillé de la société dans ce même Tome VI, rédigé sous la plume de Robert Roncalli). Le texte qui suit retrace au jour le jour les événements qui ont précédé la fin de la longue et florissante histoire entre les Chalabrois et la Famille Canat. C'était il y a tout juste 35 ans.

    Les événements de 1968 avaient déjà ébranlé l'édifice Canat, et en 1972, la direction de la manufacture de chaussures procède à un premier dégraissage de ses effectifs. Un pallier est franchi avec l'arrivée d'un nouveau paramètre, le personnel est invité à appréhender la notion de rendement. En 1973, le groupe Mapa-Hutchinson devenu propriétaire de l'usine Canat après avoir fusionné avec la CFP (Compagnie Française des Pétroles, future société Total), informe le comité d'entreprise qu'il envisage de liquider l'usine de Chalabre. Les raisons motivant cette décision restent floues, mais le terme "délocalisation" semble déjà promis à un bel avenir. A Chalabre, 335 emplois sont en jeu.

    Au cours de l'année 1974, l'ombre du couperet va obscurcir le ciel chalabrois et le sursis accordé au site audois vit ses derniers mois. Le 12 décembre, une première manifestation pour l'emploi est organisée à Limoux. Le 16 décembre, René Boyer maire de Chalabre et Jean Tisseyre conseiller général du canton demandent audience à M. le sous-préfet de Limoux pour lui faire part des inquiétudes au sujet des licenciements à l'usine Canat-Hutchinson. Ils interviennent le 19 décembre à Paris auprès de M. Varocco, chef de mission auprès du ministre de l'industrie, accompagnés du député Robert Capdeville et du préfet Charles Gosselin.

    Le 7 janvier 1975 les premières décisions de licenciement sont annoncées. Le 9 janvier c'est l'occupation de l'usine, avant la création le 11 d'un comité de défense. Le 13 janvier manifestation à Carcassonne. Le 21, le président du conseil régional M. Tailhades vient à Chalabre. 24 janvier, visite chez le préfet Charles Gosselin où Christian Canat propose de reprendre la direction de l'usine. 25 janvier, visite de Paul Laurent, membre du comité central du Parti communiste. Le 27 se tient un meeting ouvrier à Espéraza (prises de parole des syndicats CGT, FO, FEN et à la conclusion, intervention de  René Boyer maire et président du comité de défense). Les 28, 29, 30 et 31, meetings à Lavelanet, Quillan, Castelnaudary et Lézignan.

    4 février, meeting à Narbonne, le 5 à Carcassonne. Le 8, question écrite de Paul Laurent à l'assemblée nationale. Le 11, le Parti communiste est reçu par le préfet, l'affaire de Chalabre est portée devant le conseil régional. Le 12, manifestation à Montpellier, près de cent Chalabrois sont présents, une délégation est reçue par M. Blanc préfet de région. Le 25, René Boyer et l'union départementale des syndicats sont reçus par le préfet afin d'obtenir du groupe Hutchinson qu'il fournisse du travail à son usine de Chalabre.

    Le 2 mars, une manifestation à Limoux réunit plus de 5000 participants. Le 4, un montage audio-visuel réalisé par la Faol est présenté au CES du Viguier de Carcassonne puis au CET de Castelnaudary. Même opération le 5 au foyer d'éducation populaire (Fjep) d'Alairac, le 7 à l'Ecole Normale de Carcassonne et au Fjep du Viguier, le 11 à Peyriac-Minervois. Ces présentations sont suivies d'un débat portant sur la situation à Chalabre. Le 14, réception à Paris au ministère de l'Industrie et du Travail d'une délégation composée des UD, des ouvriers, de Jean Tisseyre et de René Boyer. La délégation est composée d'une quarantaine de personnes. Le 15 mars, participation chalabroise à une réunion du comité « Volem viure al pais ». Le 17 à Chalabre, meeting d'Henri Krasucki secrétaire général adjoint de la CGT. Le même jour réunion avec le comité de défense et compte-rendu de l'entrevue aux ministères à Paris. Le 19, présentation à Alet du montage audio- visuel réalisé par la Faol. 20 mars, meeting à Chalabre de Claude Estier, secrétaire national adjoint du PS. Le 21, M. Camy, chargé de mission du ministère du travail rencontre à Carcassonne les UD, les ouvriers et les élus. Les conclusions de M. Camy sont les suivantes : « le dossier de reclassement est trop léger, la rupture du contrat ne peut être acceptée ». Le même jour, visite de deux classes de terminale du lycée de Castelnaudary. Le 27 mars, Christian Canat adresse une lettre à tous les ouvriers, dans laquelle il propose son plan : le réembauchage dans un premier temps de 140 personnes, pour arriver dans un laps de temps de 3 ans à 300 embauches. Réuni en assemblée générale le 28, le personnel des Ets Canat-Hutchinson rejette les 170 licenciements. Le soir même à Conques sur Orbiel, présentation du montage audio- visuel, avant une prestation de Mans de Breisch et des « Rosamunda ».

    Le 4 avril, réunion publique au théâtre municipal où la population de Chalabre valide le rejet des 170 licenciements. Le 8, la presse parisienne descend à Chalabre, le Figaro, France-Soir et l'Humanité envoient leurs journalistes. Le 10 est une journée « Chalabre Ville morte », à l'occasion de la venue de M. Herr, représentant de la direction Hutchinson. Celui-ci refuse la discussion avec le comité d'établissement et reste à Limoux. A la suite de cette décision, une assemblée des travailleurs se tient au théâtre municipal. Le 11 avril, réunion du comité central d'entreprise à Paris. Le CCE apprend la liquidation de l'usine de Chalabre. Le 12, opération « Portes ouvertes » à l'usine. Toutes les entreprises du département viennent visiter le site chalabrois. Les Tanneries d'Annonay sont présentes et ont amené un contingent de peaux destinées à être vendues au bénéfice des « Canat ». Des pétitions sont déposées dans les entreprises. Le 14, réunion du comité de défense. Le 18, venue de M. Massacré, PDG adjoint du groupe Hutchinson-Mapa. Une manifestation silencieuse est organisée à cette occasion, il n'y aura aucun incident. Le 21, une séance du conseil général est principalement consacrée à la situation de l'usine de Chalabre. Une délégation ouvrière est présente. Le 22, audience chez le préfet pour l'union départementale des syndicats (CGT, FEN, CFDT). Le 30, question orale à l'assemblée nationale du député Robert Capdeville.

    Le 1e mai à Chalabre est unitaire, avec meeting au théâtre municipal et défilé dans les rues. Le 3, réunion du comité de défense. Le 10, réception du préfet à Chalabre et mini manifestation devant la mairie. Présence de Christian Canat et de son fils Jean-Pierre. Chacun reste sur ses positions. Le 16 mai, les ouvriers barrent la voie ferrée à Carcassonne et distribuent un tract expliquant leur action. Pas d'incident. Le 24, séance extraordinaire du conseil municipal de Chalabre dans les locaux du conseil général à Carcassonne, en présence des élus et de l'UD des syndicats. Le 26, présentation du montage audio- visuel au CES de La Conte. Le 29 mai, occupation de la Basilique Saint-Nazaire et Saint Celse à la Cité de Carcassonne.

    Le 3 juin, table « ovale » à l'Inspection du Travail à Carcassonne, en présence des syndicats, des ouvriers, de M.Massacré, et des inspecteurs du travail, pour une première concertation. Le 5, les occupants reçoivent la visite de Gaston Bonheur à la Basilique. Le 6, Claude Marti chante une chanson de sa création sur Chalabre. Le 13, manifestation surprise des ouvriers devant le siège parisien de la Compagnie Française des Pétroles. M. Grosnier le PDG refuse de recevoir la délégation. Le 16, assemblée générale des ouvriers et démarrage du Plan Canat. 170 ouvriers se retrouvent sans emploi. Le 19 juin, fermeture des mairies de l'Aude, décision de collecte dans le département à l'aide d'enveloppes. Les ouvriers quittent la Basilique avant une manifestation dans les rues de Carcassonne et le dépôt d'une motion au préfet. Le 24 juin, nouvelle manifestation pour l'emploi à Carcassonne.

    Le 1e juillet 1975, la page Hutchinson est tournée, une nouvelle raison sociale naît au pied du Calvaire et le pays chalabrais va se familiariser avec l'entité Canat S.A. En 1979 cette dernière devient la meilleure exportatrice du Languedoc-Roussillon. En juillet 1983, la Sté Canat S.A passe en SCP (société civile professionnelle) et le 2 janvier 1985, Christian Canat cède les rênes à son fils Jean-Pierre. En mars 1986, l'industriel Bernard Durand, fils d'Albert le marchand de cycles de la Rue Terre-Blanche et chef d'entreprise à Saint-Palais (64), prend le relais en conservant quarante employés. Le 21 janvier 1988, un incendie nocturne d'origine indéterminée signe l'arrêt définitif de la production de chaussures à Chalabre.

  • La croix de l’Esturgat

    Esturgat.JPGLe vent froid et glacial souffle sur les genêts et les genévriers. 

    Hiver après hiver, là-haut sur la colline de l'Esturgat, une bise froide et glaciale vient balayer genêts et genévriers que les premières neiges recouvrent. Et là, en surplomb des vallées du Blau et du Chalabreil, la ferme inhabitée de l'Esturgat garde le mystérieux secret d'une fin tragique, dont le souvenir est perpétué par une croix érigée au bord du sentier d'accès en crête. Ce monument battu par tous les vents évoque la mémoire d'une jeune bergère assassinée voilà un peu plus d'un siècle, et porte ces mots gravés dans la pierre : «  A la mémoire de Anne Fabié assassinée le 7 mai 1854. Passant priez pour elle ».

    Un meurtre pour lequel le véritable coupable ne fut en réalité jamais inquiété. Rapidement soupçonné puis accusé, le fiancé de Anne Fabié sera condamné pour homicide et envoyé au bagne de Cayenne, payant ainsi pour une faute qu'il niera toujours. Nombre d'années plus tard, l'abbé Casimir Blancard, premier curé de la paroisse de Montjardin fut appelé au chevet d'un mourant. Peu avant d'administrer l'extrême-onction, l'ecclésiastique allait recueillir les confessions de celui qui avait commis le funeste forfait. A St Laurent du Maroni cependant, il était trop tard pour ce fils de Villefort qui, depuis, repose en paix en terre de Guyane. Il y eut réhabilitation certes, mais elle fut posthume.    

  • Catinou et Jacouti ont fêté leurs noces d’or en Kercorb

    (Cet article est paru dans l'édition du mercredi 8 janvier 1997 du journal L'Indépendant. Depuis lors, Catinou et Jacouti ont soufflé beaucoup d'autres bougies d'anniversaire, mais ont également dit adieu à Charles Mouly leur créateur, décédé en cette année 2009).

    Catinou et Jacouti.JPGLa Catinou radieuse avec le Jacouti.

    Accueillir sur les planches du théâtre municipal de Chalabre les comédiens du théâtre de la Rampe et du théâtre de la Carrièra représentait un formidable pari qui a permis à Car'Al'Oulo de débuter sa saison culturelle par un incontestable succès, venu clôturer en beauté l'année 1996. Les acteurs d'Occitanie 39-45 ont offert au nombreux public venu des quatre coins du canton un spectacle à deux visages racontant le coeur de la société occitane et sa lutte pour sa survie face à la tragédie de la guerre. L'atmosphère lourde et tendue de « la Crotz erbosa », drame poignant et fort qui témoigne de l'angoisse des campagnes face à l'exode rural (photo ci-dessous), a ensuite cédé la place à la truculence des célébrissimes Catinou et Jacouti. Les performances de Georges Besombes, Jean-Louis Blenet, Peire Brun, Teresa Canet, Laurent Cavalié, Bruno Cécilion et Véronique Valéry ont littéralement soufflé un parterre friand des avatars de ce couple infernal qui vient de fêter allègrement un demi-siècle de délires.

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    Au terme de trois heures d'éclats de rire sur les ondes, le public complice a consenti bon gré, mal gré à tourner le bouton de la T.S.F. « Radio Minjocèbos, que bous ajudo a bous mantener aluserpits et regaudits » avait une nouvelle fois tapé dans le mille grâce aux talents de la troupe de la Rampe et de la Carrièra.Catinou I.JPG

     

     

     Tard dans la nuit, les comédiens ont retrouvé leurs hôtes, afin de partager place Charles Amouroux une soupe à l'oignon préparée par l'équipe de Car'Al'Oulo, soucieuse de perpétuer entre autre choses, la convivialité d'antan (photo ci-dessous). Merci à Car'Al'Oulo et bon anniversaire à « Catinou e son arganhol de Jacouti ! ».

    Catinou II bis.JPG

  • Nos soldats du feu bénévoles depuis plus d’un demi-siècle

    En décembre 2000, les hommes de l'adjudant-chef Alain Cayrol recevaient la fourragère des sapeurs-pompiers, pour acte de dévouement manifesté lors des tragiques inondations de novembre 1999, qui avaient durement affecté les « pays bas » audois. Une cordelière aux couleurs de la légion d'honneur que les pensionnaires du centre de secours Charles Jean Cabanier allaient alors dédier à leurs aînés, à la veille des 50 ans d'existence du corps chalabrois. Dans le Tome IV édité en avril 1999 par « Il était une fois Chalabre », Robert Roncalli revient sur les circonstances qui ont amené à la création du premier groupe d'intervention incendie en Kercorb.

    « Le 10 avril 1950, Maurice Samitié alors maire de Chalabre faisait connaître aux membres de son conseil municipal que leur commune avait été désignée comme centre de secours contre l'incendie par la commission spéciale du département, sous réserve qu'elle s'engage : à acquérir le matériel spécialisé représentant une somme globale de 1 902 500 F (anciens), à créer un corps de 18 hommes au moins, 25 au maximum (conformément au décret du 13.08.1925), à créer les points d'eau qui seront demandés par le service départemental d'incendie. Les subventions s'élèveront à 40% de l'Etat et 30% du département. Restera à la charge de la commune la somme de 570 000 F.

    Jean Cabanier est contacté par Maurice Samitié pour voir s'il peut recruter les volontaires.../... Personne à Chalabre n'est plus apte que Jean pour mener à bien cette délicate mission. L'appariteur connaît tout le monde. De plus, c'est lui qui, bien avant que l'Etat et le département ne s'en mêlent a dirigé les batailles contre le feu. Il n'y avait pas de sirène, pas de caserne, pas de pompiers.

    Dans une remise municipale, à côté du corbillard hippomobile et du tombereau des ordures, se trouvait le matériel d'incendie : deux ou trois douzaines de mètres de tuyaux en cuir confectionnés avec des rivets en cuivre, et une pompe à bras.../... Faire monter la pression de cette archaïque mécanique nécessitait la force musculaire de quatre hommes qui s'échinaient en ahanant sur les barres de bois.../... Avec la création du corps, le matériel, les casques et les premiers uniformes furent achetés. Un Dodge, une moto-pompe Hotchkiss tractable et une plus petite que l'on chargeait sur le Dodge furent livrés.../...

    Un petit local fut loué en ville, à côté de l'immeuble Castres Saint-Martin (voir photo), et l'archaïque pompe à bras fut définitivement garée au fond de la remise du corbillard ».

     Jean Cabanier restera aux commandes jusqu'aux environs de 1970, avant de passer le relais à Mario Roncalli qui décèdera hélas en février 1975. Jean Cabanier assurera l'intérim, avant que Roger Laffont n'accepte la responsabilité du centre jusqu'en mars 1984. La même année, le futur adjudant-chef Alain Cayrol se voyait confier la direction du centre, responsabilité qu'il assumera jusqu'en décembre 2001. Avec l'année 2002, le centre de secours accueille à sa tête le sergent-chef Stéphane Ferrier, actuel chef de corps élevé depuis au grade d'adjudant-chef. En souvenir de son fondateur, le centre de secours porte aujourd'hui le nom de Jean Cabanier. (A noter que près de cent ans auparavant, le 11 janvier 1852, le maire Anduze-Faris avait déjà créé à Chalabre un corps de sapeurs-pompiers, fort de 24 « hommes de feu »).

    Hommage aux anciens, sur la photo ci-dessous, les soldats du feu de la première heure posent devant la « caserne » du Cours Docteur Joseph Raynaud (de la gauche vers la droite):

    Sur la pompe à bras : Joseph Biart, Roger Laffont, Léo Abat.

    Debout : Jean Cabanier, Mario Roncalli, Lucien Dumons, Albert Durand, Marcel Triat, Antoine Escande, Alban Faure.

    Accroupis : Georges Pendariès, André Conte, René Vernet, Georges Subreville, Aimé Catrier, Eloi Alabert.

     Absents sur la photo, René Salinas et Pierre Fournié.     

    Pompe à bras bis.JPG  N.B : Un nouvel album photo "Il était une fois Chalabre" a été mis en ligne.