Le 22 août 1943, au gouffre de Baratte.
Après un long périple au coeur d'un labyrinthe de verdure, oxygénées de cascades en cascades, les eaux du Blau arrivant sous les veilles maisons à colombage du quartier Sully se préparent à disparaître dans les flots d'un Hers vigoureux. Plus haut, non loin de l'exploitation agricole de La Mouillère, c'est le gouffre de Baratte. Décrit dans ses souvenirs d'enfance par Robert Roncalli, « Baratte est un véritable bassin de natation aux dimensions olympiques ». En amont du gouffre des Demoiselles et du gouffre des Gendarmes, le gouffre de Baratte était il y a peu, un lieu de rendez-vous très prisé par les jeunes Chalabrois qui passaient là le plus clair de leurs grandes vacances.
Après un plongeon au-dessus de la pierre ou une « bombe » ciblée plein centre du gouffre, un bain de soleil à Baratte n'avait pas son pareil. Quant aux redoutables taons, empêcheurs de bronzer en paix, ils repartaient invariablement munis de leur bout de paille, moyennant un bref passage entre des mains expertes. Lieu privilégié où la tranquillité et la fraîcheur étaient de mise, le gouffre de Baratte est aujourd'hui déserté, les petits baigneurs préférant certainement les eaux du lac de Montbel ou le bleu profond des piscines, car les temps changent. A présent, seuls quelques nostalgiques viennent de temps à autre se rafraîchir à Baratte, perturbant à peine la tranquillité des truites, des cordonniers, voire même de quelques ragondins solitaires.