Un poème de JIEL, sur un thème éternel. « La vérité pure et simple est très rarement pure et jamais simple » (Oscar Wilde).
La Bouche de la Vérité, selon Nathalie Lalanne pour Badaluc le XXXVe
Mars 2003
Illusoire Vérité
Dites la vérité, toute la vérité, rien que la vérité !
Comment demander à quelqu’un telle absurdité ;
Depuis des temps immémoriaux chaque seconde
Détient jalousement la sienne, unique et vagabonde.
Ce qui est vrai ne l’est déjà plus dès qu’on le dit ;
Ce qui est faux ne l’est pas plus sitôt contredit ;
L’instant présent démontre assurément ce que demain
L’histoire aura déjà transformé, mais c’est humain !
Les bonimenteurs asséneront la leur par habitude,
Les discours d’aplomb se complaisent en certitudes.
L’éducation ou la religion ne sont pas exemptées
De cette réflexion et sans hésitation diront leur Vérité.
Chacun, dans sa différence, en détient une sans vanité ;
Mais n’est-elle point elle-même le fruit d’une réalité ?
Subtile alchimie de la pensée profonde de l’homme
Sur la perception de sa propre existence en somme.
Ne vous méprenez sur les trop belles évidences
Qui apparaissent soudain comme des providences,
Restez en paix au plus profond de vos songes,
Nul ne sait jamais, car vérité n’est que mensonge.
JIEL