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C'était hier - Page 581

  • Il y a 25 ans : La passion Béatrice

    Voilà un petit quart de siècle, le Kercorb et le château de Puivert servaient de cadre au tournage d’un film au scénario brutal et violent, réalisé par Bertrand Tavernier. De nombreux résidants du Pays du Chalabrais se rappellent comme si c’était hier, de ce début d’année 1987, lorsque l’équipe de tournage avait investi les lieux, en quête de figurants et de techniciens du cru. Serge Fournié était de ceux-là, et se souvient :     

    la passion béatrice,bertrand tavernierSous le projecteur, l’acteur principal Bernard-Pierre Donnadieu s’entretient avec Bertrand Tavernier, alors que l’actrice Julie Delpy (à droite) est réconfortée par le producteur Adolphe Viezzi.

    Pendant de nombreuses années, le fleuron des animations du canton était le son et lumière de Puivert, initié par Jean Tisseyre. La presse de 1986 va jusqu’à le qualifier d’hollywoodien. Pourtant cette année là tout commence très mal. La réunion du jeudi 30 janvier qui doit avoir lieu aux Cèdres est annulée, personne n’a pu se déplacer. Et pour cause, la neige et son joli manteau ont envahi la région, à tel point que le plan Orsec est déclenché. Six mois plus tard pourtant, le 26 juillet, le spectacle aura bien lieu. Dans l’après midi, l’équipe technique place les feux d’artifices au château, lorsque quatre bonhommes confus, s’excusent et demandent s’ils peuvent visiter la tour. L’autorisation est accordée et lorsque le groupe est de retour, il se présente et demande des renseignements. Le premier est Pierre Saint-Blancard directeur de production, le deuxième est Bertrand Tavernier réalisateur, le troisième Bruno de Keyzer directeur de la photo, le quatrième Guy-Claude François le chef décorateur. Bertrand Tavernier explique comment les décors naturels environnants correspondent exactement à ce qu’il cherche pour son prochain film, notamment l’absence de lignes électriques. Et puis chacun repart vers son travail.

    Début décembre 1986, le directeur de production est dans le Chalabrais, après les fêtes c’est au tour de l’équipe de décoration d’investir les lieux. Le régisseur général prend des contacts et passe des contrats, Caroline Lassa chargée du casting doit trouver des figurants, des écorcheurs et acteurs, elle va pour cela investir les écoles communales locales. Dans le même temps, les « indigènes » du Kercorb vont « bader » au castel de Puivert, non pas pour y apercevoir la Dame Blanche mais pour assister à la mise en place des décors.

    la passion béatrice,bertrand tavernierLe tunnel est une galerie artificielle en polystyrène. La société T2L Chimie alors basée à Chalabre, fournira les produits nécessaires à l’équipe chargée de confectionner les décors. 

    Le vendredi 27 et le samedi 28 mars 1987, toute l’équipe du film est présente, le tournage du « 4e commandement » peut commencer, mais on verra que ce titre est plus que provisoire. Le lundi 30 mars, le premier coup de manivelle est donné à Comus. Il neige abondamment, les dieux ne sont pas de la partie, et les gens du nord (parisiens) partent régulièrement dans le fossé, d’où ils sortent grâce à l’aide des services de l’Equipement. Au final, deux mois de tournage seront nécessaires, dans des conditions climatiques très difficiles. A la mi-mai, les bobines partent vers les labos, le film aura pour titre « La passion Béatrice ». 

    la passion béatrice,bertrand tavernierMerci à Serge Fournié pour ses souvenirs et ses photos-souvenirs.

  • La vieille usine du Pont-Vieux a été rasée

    Un des derniers vestiges de la vie industrielle du Chalabrais, l'ancienne usine Franzone, s'est effondrée sous les coups de pelle. 

    Usine Franzone 23 Février 2012.jpgLe quartier du Chalabreil va s'offrir un nouveau décor.  

    Il en est de certains vestiges industriels comme de ces photos jaunies, qui entretiennent le souvenir de périodes oubliées, parfois même insoupçonnées. Celui qui emprunte aujourd’hui la rue du Pont-Vieux, et qui n’a pas grandi avec le privilège de manger un pain au chocolat de la boulangerie Calbo, sur le chemin de la communale, ne peut imaginer quelle fut l’activité de cette courte artère chalabroise.

    C’était au cours de la quatrième décennie du siècle dernier, en bordure de la rivière Chalabreil, Henri Franzone et son épouse Marcelle avaient créé une petite entreprise autour du cartonnage, activité qui ne cesserait de prospérer en parallèle avec la manufacture de chaussures Canat. Ainsi vers la fin des années 1960, quarante personnes se trouvaient employées à transformer 500 à 600 tonnes de carton par an. Dans le secteur de la chaussure, 8.000 boîtes pouvaient être confectionnées en une seule journée. Les débouchés étaient divers, puisque sortaient aussi des « cartons tailleurs » pour vêtements et costumes, des boîtes pâtissières, des cartons à chapeaux, etc… Mais il était écrit que la chaussure et sa boîte auraient une même destinée, et l’arrêt des activités de l’usine Canat, entraînera le déclin de l’usine Franzone, jusqu’à sa fermeture effective voilà tout juste vingt ans.

    Après avoir abrité un atelier de plomberie, puis un dépôt de maître-charpentier, la vieille fabrique usée par le temps, verra une partie de sa toiture s’effondrer sous le poids de la neige tombée à l’hiver 2010. Une mort lente, à petit feu, qui connaîtra un nouvel épisode le vendredi 17 février dernier avec l’incendie qui aura définitivement raison de sa colonne vertébrale. Le coup de grâce a été donné en ces derniers jours de février 2012, par l’entremise de la société « Terra Scop », chargée d’effacer du décor un des derniers vestiges de la vie industrielle du Chalabrais. 

    usine franzone,terra scopCette vue depuis le Chalabreil fait partie du passé.

    Remerciements à Maurice Rouzaud et à l'association "Il était une fois Chalabre", pour les informations recueillies au fil du Tome V. 

  • Rencontres Inter-Caps : C’était hier, c’était il y a 45 ans

    C’est dimanche et il est un peu plus de midi sur le pont du Blau. Les jeunes crossmen chalabrois sont de retour de Montréal, théâtre de rencontres « inter-caps » organisées au pied de la Collégiale. Adossés à la façade de l’actuelle résidence du « cantaïre del Pount del Blau », ils ont bouclé une nouvelle journée consacrée à l’exigeante pratique du cross-country.

    C’était un dimanche de janvier 1967 et des minimes aux seniors, tout le monde avait tenu à poser devant l’objectif de Maurice Mazon. Debout de gauche à droite : Jacques Adrados (professeur EPS), Paul Benet, Serge Murillo, Jean-Denis Navarro, Henri Sancho, André Huillet, au second plan les Frères Gomez (cafetiers Cours Colbert), Jean-Pierre Rey, William Murillo, Serge Rey, Daniel Delpech, Jean-Pierre Brzesc, Georges Cazas (Le Père), devant semi-accroupi Alain Laguerre, Aimé Catrier (correspondant L’Indépendant). Accroupis : Inès Rodriguez, Marie-France Sancho, Anne-Marie Sola, Catherine Martinez, Anne-Marie Raynaud, Patrice Rodriguez, Jean-Louis Delpech, Guy Sanchez (coupe), Christian Boyer, Christian Moralès, Jean-Claude Baby, Jean-Luc Mot, José Navarro.

    cross inter caps,maurice mazon

    Ecartés dans un premier temps de la photo officielle, les fidèles compagnons du locataire de la maison Manaut, avaient certainement négocié la faveur de poser devant l’objectif de leur photographe préféré.

     

    cross inter caps,maurice mazon

  • Il y a 100 ans, Brindejonc des Moulinais posait son avion en Kercorb

    Voilà bientôt un siècle, la commune vivait déjà au rythme des "nuisances sonores" : l'un des plus beau specimens fut "l'oiseau tapageur".

    brindejonc des moulinais

    Avant Védrines, Brindejonc des Moulinais avait fait « brounziner » le moteur de son Morane Saulnier, dans le ciel du Kercorb.

    Il y a cent ans, les voitures automobiles investissaient les cours en nombre croissant, et les trains entrant en gare du côté de la plaine de Saint-Pierre, sifflaient à plusieurs reprises en l’espace d’une seule journée. Un "background" sonore qui traduisait à lui seul, la belle vitalité du pays chalabrais. 

    Culs rouges et culs blancs     Politiquement parlant, c’était à peine différent, puisque deux clans s’opposaient en permanence : le premier était celui des « Culs rouges », dont le siège était au café de la Paix. Ces derniers se manifestaient bruyamment et régulièrement, si bien que le maire, Henri Rascol, considéré alors comme le chef de file des « Culs blancs », leur avait imposé entre autre interdiction, l’usage des pétards. Par contre, l’harmonie-fanfare, classée « blanche », était autorisée à répéter tous les jours après vingt heures, dans la rue du presbytère. Afin d’asseoir un peu plus leur autorité, le maire et son équipe décidèrent de s’accorder un peu de réclame, en invitant un pilote et son avion en Kercorb. De fait, ils allaient frapper là un grand coup, puisque leurs concitoyens n’avaient jamais vu l’oiseau voler.

    Explosion d'allégresse     Le jeudi 15 février 1912, en début d’après midi, un bruit sourd venu d’on ne sait où, se rapprocha d’une ville, déserte. Et pour cause, malgré le grand froid, l’ensemble de la population du canton s’était donné rendez-vous sur un terrain d’aviation improvisé. C’est ainsi que Brindejonc des Moulinais se posa à Chalabre, à coté de la ferme Saint Martin, devant l’actuelle ruine de la ferme de Saint Antoine qui était alors une tuilerie. Le pilote allait donner un aperçu de son savoir-faire, devant une foule médusée.

    La presse se fera l’écho de cette journée, et "Le Télégramme" du 20 février écrit : "Seuls peuvent comprendre l'explosion d'allégresse de la foule, ceux qui ont vu de pareils spectacles. Il faut avoir vécu ces minutes impressionnantes pour en éprouver l'imposante grandeur". Cette brillante démonstration de voltige fera des émules puisque le Comte Jean Amaury Hyacinthe Mauléon Narbonne de Nébias, né à Chalabre le 5 mars 1889, ne tardera pas à prendre lui aussi le manche.

    Brindejonc des Moulinais descendra ensuite la vallée de l'Aude, survolant Quillan, Espéraza, Couiza, et Limoux. "L’Echo de l'Aude" écrit  le 25 février 1912 : "Tout Limoux est sorti ; sur les terrasses, sur les toits, sur les ponts. Toutes les têtes en l'air admirent l'oiseau tapageur".

    brindejonc des moulinais

    Issu d’une famille de marin, originaire de Nantes, Brindejonc des Moulinais était pilote au sein de l’entreprise Morane. Le 17 juin de la même année, au circuit d’Anjou et malgré l’opposition de son patron, le constructeur Léon Morane, il se classa 3e d’une course remportée par un certain Roland Garros.

    Abattu par erreur     Brindejonc des Moulinais devint célèbre dans toute la France et fut fait chevalier dans l’ordre de la légion d’honneur à l’âge de 23 ans, faisant de lui le plus jeune récipiendaire. Appelé pour accomplir son service militaire le 10 octobre 1913 au 1er groupe aéronautique à Versailles, puis affecté au 2e groupe d’aviation à Lyon, il reçut la Croix de guerre le 2 juin 1915. Son avion fut abattu par erreur dans l’après midi du 18 août 1916 à Vadelaincourt, près de Verdun, et il fut cité à l’ordre de l’armée, à titre posthume. Ainsi disparaissait tragiquement, celui qui, quatre ans plus tôt, avait fait battre le cœur de plus d’une Chalabroise.

    Un grand merci à Serge Fournié pour le texte et les photos.