C'est l'histoire d'un fameux petit pain à l'anis et au beurre dont la recette, la seule et l'unique, a toujours fait couler beaucoup d'eau et de farine. A tel point qu'en 2001 et à l'occasion des fêtes du 14 juillet, le tougnol devient l'objet d'un concours proposé aux nostalgiques d'un temps qui a passé. Aujourd'hui il reste le souvenir de Jeanne, derrière son comptoir, éludant toujours avec un brin de malice la question de l'impertinent désireux de tout savoir sur le sacro-saint procédé. La Maison Yoyo restera longtemps la dernière détentrice de la formule originelle, avant de définitivement éteindre le four après la disparition brutale de Jean-Baptiste, le 5 novembre 1998. Depuis, les successeurs perpétuent la tradition et chaque 14 juillet sous la halle, les amateurs de pâtisserie essaient de présenter à un jury soupçonné d'avoir la dent dure, un tougnol digne de "l'appellation contrôlée". Le 25 novembre 2005, Joseph quittait les siens, Jeanne décédait le 4 avril 2008, mais le tougnol continue à faire le bonheur des Chalabrois, de leurs invités, et des touristes de passage. L'occasion de rendre un hommage à Jeanne et Joseph, à Jeannot bien sûr, et d'envoyer un salut amical à Kiki.
L'article ci-dessous avait paru dans l'Indépendant, édition du vendredi 13 juillet 2001.
Yoyo et Jeanne en juillet 2001, au temps d'une retraite méritée.
Invités à marquer le 212e anniversaire de la prise de la Bastille, les Chalabrois auront également l'occasion de fêter le tougnol par le biais d'un concours ouvert à tous, à l'initiative de Marie-Annick Serrus-Crampagne, conseillère déléguée à la culture. Petit pain à l'anis et au beurre, le tougnol reste une inimitable spécialité du Kercorb dont la recette fut longtemps gardée par la famille Huillet, artisans boulangers. Afin d'en savoir un peu plus, nous avons rendu une visite à Jeanne et Yoyo Huillet, aujourd'hui retraités rue du Barry-Saint.
Comment avez-vous accueilli le projet proposé par Mme Serrus-Crampagne ?
Pour nous, la boulangerie, c'est le passé. Jeannot est parti, alors le tougnol, le pain, les fournées, tout cela est oublié.
Avez-vous été sollicités pour participer à cet événement ?
A vrai dire non, mais de toute manière nous aurions été hors-concours.
Est-ce qu'il existe une seule et unique recette du tougnol ?
Certainement pas, en fait chaque boulanger à Chalabre confectionnait son tougnol. Les boulangeries Calbo, Paquier, Mèche et Huillet avaient toutes leur clientèle, nous avons simplement été les derniers à exercer, jusqu'à ce triste mois de novembre 1998. Rivel aussi avait son tougnol.
Depuis quand la famille Huillet détient-elle la recette originale du tougnol ?
Aux alentours de 1925, mes parents Baptiste et Mélanie Huillet ont succédé à la maison Laffont, originaire de St Girons et la recette du tougnol nous a alors été transmise. A cette époque là, le tougnol n'était confectionné que pendant la semaine de Noël, les parrains par exemple étaient tenus d'en offrir un à leur filleul. Vers 1965, Jeannot et Monique l'ont vraiment remis au goût du jour pour le fabriquer alors à toute période de l'année.
Avez-vous confié la recette à votre successeur ?
Nous avions toujours dit que la recette serait cédée avec la boulangerie. M. Pascal Pull a aujourd'hui en sa possession toutes les indications nécessaires.
Votre recette figurera-t-elle parmi les recettes mises samedi à disposition des « apprentis boulangers » ?
Sincèrement, nous ne le croyons pas.
Samedi 14 juillet, le tougnol va donc se retrouver entre des mains certes volontaires mais très peu expertes. Alors, tougnol ou ersatz de tougnol ? Il faudra être samedi sous la halle chalabroise aux alentours de midi pour avoir une réponse.
Hier vendredi 30 avril, la ville mexicaine de Camarón de Tejeda dans l'Etat de Veracruz, honorait le 147e anniversaire de la bataille de Camerone, qui opposa légionnaires français et patriotes mexicains en 1863 (photo archive ci-dessus). Une commémoration à laquelle participait le ministre de la Défense Hervé Morin, une première, alors que la Légion étrangère célébrait dans le même temps sa fête annuelle à Aubagne.
Deux flacons de terre issue du mausolée franco-mexicain et de la fosse commune où reposent le Capitaine Danjou et ses légionnaires avaient également été offerts à la ville de Chalabre. Par cette démarche, Marco Antonio Menes Couttolenc transmettait « le salut affectueux de ses compatriotes au peuple français ». Près de six ans plus tard, les liens tissés en cette fin d'été 2004 semblent distendus, et les espoirs placés dans ce jumelage, évaporés. Il reste à espérer que le temps n'efface pas définitivement l'heureuse initiative du Colonel Michel Auzias, artisan de ce rapprochement. Certes, un océan sépare Chalabre de Camarón de Tejeda et il importe donc de rester raisonnable. Suffisamment pour espérer voir un jour figurer l'information indiquant au promeneur de passage qu'il entre dans le village natal de la figure emblématique de la Légion étrangère, enterrée à Camarón de Tejeda.