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Le temps des fenaisons

L'heure est à l'incertitude mais l'espoir demeure, avec un printemps égal à lui même et qui jour après jour, « fait le métier ». Pourquoi ne pas lui faire entière confiance, et profiter d'un avant-goût de l'été qui vient, avec un poème écrit par Bernard Cnocquart.

bernard cnocquart

Photos Maurice Mazon

Le temps des fenaisons

Il est bien loin le temps des fenaisons,                                              

quand dans les près pentus de Constantine,                            

tous ces hommes robustes écoutaient pépé Léon,                

avec deux jolis bœufs comme seule machine.

 

Métayers de M. Marty, avec des terres ingrates,                              

la famille Lapasset n’était pas trop aisée,                                        

du côté de la scierie un grand champ de patates,                      

et dans la plaine quelques parcelles d’avoine et de blé.

 

Point d’aides de la PAC, seulement celle des voisins,                              

ils travaillaient durement pour un maigre salaire,                                

un troupeau de quelques vaches, les légumes du jardin,                  

les volailles et le cochon pour agrémenter l’ordinaire.

 

Je revois alors le grand père, grand et solide,                            

saisissant le lourd joug poli par les années,                                      

pour rassembler ces bœufs gascons placides,                              

avec des lanières de cuir quelque peu usées.

 

Il n’oubliait pas de leur mettre « les mourials »,                        

ces muselières de grillage pour les empêcher de paître,    

puis il accrochait la faucheuse et donnait le signal                                  

pour rejoindre Constantine par ce chemin champêtre.

 

Assis sur le siège métallique percé de trous,                  

j’accompagnais bien souvent le convoi, fier comme Artaban,

mais au pied du Plantaurel, à la fin du parcours,                    

Léon prenait alors les rennes pour commencer le champ.

 

Fasciné, je regardais le va et vient de la longue lame,                    

et ces hautes herbes qui s’écroulaient en se couchant,

mais combien de pas, d’aller et retour pour arriver en dame,                

sous le soleil avec un peu d’eau comme seul remontant.

 

Et le lendemain, ils revenaient pépé et les tontons,                    

pour retourner cette herbe séchée par le soleil ardent,        

et passer l’imposant râteau toujours tiré par les gascons,                          

pour rassembler le foin en longues rangées odorantes.

 

Puis, à coups de fourches, ils confectionnaient  les gaysous, 

ces grands tas d’herbe, protection utile pour la pluie,            

et moi petit garçon, je participais mais pas beaucoup                

en tirant le râteau en bois parfois jusqu’à la nuit.

 

Après quelques jours ils remontaient avec la charrette,                      

ce char étroit de couleur bleu délavé et écaillé,                            

pour redescendre bien à l’abri dans la grange douillette                        

ce foin durement gagné par ces chiches métayers.

 

Il fallait voir le grand père et son habilité,                                    

qui juché sur la charrette et à coups de brassées,                            

équilibrait harmonieusement la charge avec dextérité,                        

pour que ce lourd chargement ne verse dans le fossé.

 

Souvent, ils faisaient un autre charroi selon le temps,            

et dès le lendemain, à l’aube, il en fallait plus de trois,                        

pour décharger et entreposer ce nouveau chargement                          

et remplir cette grange et la bourrer jusqu’au toit.

 

Papa et maman avant de rejoindre leur usine,                          

donnaient aussi un coup de mains bien nécessaire,                        

alors quant tout était à l’abri pour les vaches limousines,      

Léon était alors heureux, bonheur bien ordinaire.

 

En ce temps là, chaque vache avait son petit nom,                      

dès octobre et les premiers froids, elles restaient à l’étable,

et c’est plus tard, vers avril, qu’elles repassaient le pont,                  

pour paître dans les prés de Constantine, lieu bien agréable.

     Bernard Cnocquart (Mars 2017)

Commentaires

  • bravo à Bernard!! çà me rappelle les étés de mon enfance avec les vaches d’Irène!
    l'époque où le temps se mesurait au pas lent des bœufs!
    mais- et là je cale- où se trouve le champ de Constantine??
    et merci encore pour ce témoignage d'un temps hélas révolu!

  • Non, ce n'est pas Constantine en Algérie, mais simplement un lieu dit de mon village de Le Peyrat.
    Amicalement

  • Cela rappelle des souvenirs à Bon accueil ou St Martin et St Antoine....Petits bonheurs d'enfance. .Malgré le labeur, le temps s'alanguissait sous le soleil et la paix environnante. On s'y croirait ! merci à Bernard.

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