L’article mis en ligne, avait été publié dans l’Indépendant, édition du lundi 20 octobre 2008.

René Boussioux (à gauche) et sa « colle » familiale ont rentré le Merlot
Photo archives, Octobre 2008
Avec l’arrivée de l’automne, Sonnac et la plaine de l’Hers dominées par les ruines du château de Balaguier voient leurs pommiers pris d’assaut par des cueilleurs qui en auront bientôt terminé avec la récolte 2008. Perdu au milieu de ces plantations qui s’étendent à perte de vue, un petit lopin de terre résiste à l’usure du temps et continue à donner bon an mal an de belles grappes de raisin. Dernière vigne du village, ses souches avaient été plantées en 1947 au lendemain de la 2e guerre mondiale par Ildevert Boussioux, père de René. Elles donnaient alors un vin hybride qualifié d’excellente "piquette" mais apprécié avec le respect qui s’impose à l’égard de tout produit du cru.
Au fil des vendanges et entre deux journées de travail dans les pommiers, René rénovera le clos familial grâce à un cépage bordelais bien connu sous le nom de « Merlot ». L’opération de réhabilitation durera de 1995 à 2001 et cette vigne prodigue à présent un estimable nectar. Implanté à quelques mètres seulement de l’atelier public où Aristide Peyronnie « le brulou de vi » pratique l’hiver venu son délicat ministère, le carré de vigne recevait dernièrement la visite d’une « colle » emmenée par René. Au terme de la vendange traditionnellement assurée par les cinq enfants d’Ildevert Boussioux, un tombereau garni a rejoint la cave coopérative de Routier, chargée de la vinification. Cette année la récolte a été moyenne à faible, pour un degré de 11,5. Hottes et sécateurs ont à présent été rangés, en attendant un nouvel hiver et une nouvelle taille de sarments.

Mercredi 11 octobre, un dernier hommage était rendu à Colette Boussioux née Mamet, décédée à l'âge de 92 ans. Originaire du Haut-Doubs où elle avait vu le jour le 27 juin 1931, Colette était née à la ferme de La Guron, dans le Val de Morteau. Elle grandit au sein d'une famille de cultivateurs enracinés à la montagne, comme la gentiane aux vertes prairies entourant la bourgade de Orchamps-Vennes. Avec ses parents Joseph et Bernadette, elle quittera sa Franche-Comté natale pour découvrir le pays chalabrais en 1933, avec un premier pied à terre à la métairie de Falgas. Elle effectuera sa scolarité à l'école primaire de Chalabre jusqu’à l'obtention de son certificat d’études, dans le même temps et aux côtés de ses frères et soeurs, elle aide ses parents aux travaux de la ferme.
Colette Boussioux aura toujours privilégié le lien social, rejoignant les choristes de l'ensemble vocal Esalabra (photo), et le club chalabrois du 3e âge. C'est ainsi qu'elle s'adonnait à des parties acharnées de rami, mais aussi au jeu de scrabble avec ses amies de Sonnac-sur-l'Hers. Et à l’âge de 85 ans, Colette découvrira le plaisir de la lecture, dévorant un à deux livres par semaine.