Elle est datée du 15 janvier 1819, l’ordonnance de police retranscrite ici est signée par Jean Baptiste Clavel, adjoint au maire.
« Le maire de la Ville de Chalabre, dans la vue de prévenir les plaintes résultant des rixes et des désordres qui ont lieu ordinairement à la distribution du pain d’aumône qui se fait tous les ans dans cette ville le jour de St Sébastien ; vu d’ailleurs que la foule qui se presse avec tant de confusion à cette distribution pourrait causer encore de plus fâcheux accidents.
Après en avoir conféré avec M. le curé de cette paroisse et pris à cet égard ses sages conseils (ndlr : curé Boyé).
Arrête :
Art. 1er = La distribution du pain d’aumône qui se fait à Chalabre le jour de St Sébastien se fera à l’avenir simultanément dans les deux églises de St Pierre et de la ville ;
Art. II = Les hommes seront reçus à l’Eglise de St Pierre ; les femmes et autres personnes du même sexe à l’Eglise de la ville ;
Art. III = Il est défendu aux hommes et aux individus de ce sexe de se présenter à l’Eglise qui ne leur est point assignée et réciproquement aux personnes de l’autre sexe de se présenter à l’Eglise de St Pierre où se fera l’autre distribution ;
Art. IV = Les contrevenants au présent règlement seront privés de l’aumône et seront en outre poursuivis devant le tribunal de police pour la condamnation aux peines et amendes par eux encourues par le seul fait de la contravention sans préjudice des peines plus fortes dont ils pourraient se rendre passibles s’ils donnaient lieu à quelques désordres ;
Fait à Chalabre le 15 janvier 1819 L’adjoint Clavel »
Dans l’introduction d’un travail d’archives achevé en janvier 1989 et portant sur les confréries de St Sébastien et St Blaise, Malou Saddier écrit : « Le monde chrétien a conservé au cours des siècles des traditions dont une partie seulement demeure parfois. Séparée de son contexte, elle apparaît alors assez énigmatique et, si l’on s’étonne de quelques coutumes, les gens se réfèrent à des souvenirs de petite enfance où au coin du feu, les aïeux égrenaient leurs souvenirs. A Chalabre, dans l’église de la ville,…/… les deux chapelles à droite et à gauche du chœur étaient le siège de deux confréries, celle de St Sébastien et celle de St Blaise ».
Saint Sébastien né à Narbonne aux environs de l’an 250 de notre ère, était entré dans le métier des armes, avant de devenir l’un des favoris de Dioclétien. Ce dernier le fit mettre à mort pour avoir clamé sa croyance envers Jésus-Christ, mais l’histoire dit que l’empereur obtint laborieusement gain de cause. Saint-Sébastien d’abord transpercé de flèches sera miraculeusement sauvé une première fois, un peu plus tard assommé dans un cirque et jeté dans une fosse, enfin, mis à mort le 20 janvier 288, avant que sa dépouille ne soit ensevelie dans les catacombes. Comme le précise Malou Saddier dans son ouvrage, « peut-être est-ce pour ce courage, et ces manifestations de la providence dans tous les cas désespérés que Sébastien a pu supporter et vaincre, qu’on l’invoque dans les moments critiques, contre la peste, les calamités, contre les maladies contagieuses ».
Au chapitre des témoignages recueillis au pied de la cheminée, celui rapporté dans l’ouvrage de Malou Saddier : « Il y eut une terrible épidémie dans les troupeaux et le bétail des fermes de Montjardin. La désolation régna bien vite dans les familles de ces laborieux agriculteurs, puis, suivant l’élan du propriétaire de la ferme Cazalens, les fermiers de ladite commune offrirent chacun un sac de blé pour faire des petits pains de Sébastien. Et la peste disparut, ce qui renforça la vénération des gens du Kercorb pour Saint Sébastien».
Sources « Confrérie de St-Sébastien et St-Blaise », de Marie-Louise Saddier, Imprimerie Barrère à Laroque-d’Olmes, Janvier 1989.
Détail de la voûte de la Chapelle St Sébastien (Notre-Dame Chalabre)