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Patrimoine - Page 131

  • « Brulou de vi», le métier qui ne dit pas son âge

    Cet article avait paru dans l'édition du mardi 20 décembre 1994 du journal L'Indépendant.

    Aristide Brulou de vi blog.JPGAristide Peyronnie surveille « la blanche » qui sort du serpentin (photo décembre 1994).

    D'abord il y a ce maudit thermomètre qui affiche invariablement des températures négatives depuis trop longtemps maintenant. Et là-bas, installé sur une des rives du Blau, Aristide qui scrute ce petit flotteur calibré, indispensable pour contrôler au degré près la qualité d'une fine qui fera à coup sûr le bonheur des amateurs. L'opération est délicate mais ne présente aucune difficulté pour Aristide Peyronnie, natif de Massat, ce petit village ariégeois blotti au pied du col de Port et du port de Lers, patrie certifiée « de les brulous de vi ». Avec plus d'un demi-siècle d'expérience, acquise goutte à goutte au service des bouilleurs de cru locaux, Aristide est l'un des derniers distillateurs ambulants répertoriés à la chambre des métiers de Foix. Malgré les hauts et les bas d'une activité plutôt rude, l'homme affiche une sérénité aussi limpide que son divin nectar, fruit d'une sagesse engrangée depuis ses débuts en 1950, sans interruption, exception faite de deux années de conscription sur les rivages tunisiens de Carthage, en qualité d'armurier.

    A l'abri de ce que les habitués appellent l'atelier public, lieu de rencontre d'autant plus apprécié quand le café du coin a définitivement tiré le rideau, les discussions vont bon train. Pomme, prune ou poire, Aristide est passé maître dans l'alchimie des parfums fruités qui transitent au coeur d'interminables méandres, tels de bienfaisantes perfusions.

    Dédou Aristide.JPGAristide et Dédou sont à l'écoute des pulsations du vieil alambic (photo janvier 2005).

    L'art de séparer les vapeurs d'eau et d'alcool, voilà bien un drôle de métier qui ne dit pas son âge. A l'écoute au pied de la cucurbite de son vieil alambic, Aristide a vécu la lente évolution des habitudes, depuis  le milieu du siècle dernier, lorsque la croûte de marc sec était distillée par ses soins près des vignes de Rouvenac. La nuit est à présent tombée sur les rives du Blau et Aristide évoque encore et encore les souvenirs que distillent les serpentins de sa formidable mémoire.

    « Le brulou de vi » et son étrange machine à remonter le temps repartiront bientôt vers leur cher Couserans, laissant aux connaisseurs, le privilège de découvrir des arômes aussi riches que variés, et que d'aucuns appellent «riquiqui ». Aristide reviendra, l'hiver prochain, chargé d'une nouvelle et délectable mission.

  • Kercorb Patrimoine a établi son programme

    Frédéric Paillard.jpgFrédéric Paillard (à droite), est maître vannier et animateur de l'association.

    Après le succès du marché de Noël organisé sous la halle, l'association Kercorb Patrimoine présente ses meilleurs voeux à toutes et tous, et propose une nouvelle série d'animations pour le premier trimestre 2010. Dimanche 31 janvier de 10h à 17h, stage de vannerie paysanne aux Cèdres, rue du Capitaine Danjou. Frédéric Paillard proposera l'habillage d'une bonbonne en verre avec de l'osier et de la paille (pique-nique à midi, 30€ la journée, demi-tarif adhérent). Dimanche 21 février, journée élagage et nettoyage de l'oseraie de Mme Cot à Lagarde (Ariège). Journée gratuite, pique-nique à midi, chaque participant se verra gratifié d'une botte d'osier. Rendez-vous devant l'église de Lagarde à 10h. Dimanche 21 mars de 10h à 17h, stage de vannerie paysanne aux Cèdres, fabrication d'une cloche à fromage à fond en bois (30€ la journée, demi-tarif adhérent).

    Le président Gilbert Chaumont, Christine Frédérico et Michèle Grosse, membres du bureau de l'association ont défini un calendrier courant jusqu'à mi-juillet, qui sera présenté ultérieurement.

    Les personnes souhaitant participer à ces journées ou adhérer à l'association peuvent contacter Frédéric Paillard, 04 68 69 33 16 (h.r) ou 06 33 55 14 80. 

  • Les descendants de Fluris ont rendez-vous avec la tradition

    Fluris.JPGLes «arrossegaïres» seront de retour dimanche à la tombée de la nuit. (photo archives décembre 1998)

    « Le Sieur Jacques Fleury de Montpellier contrôleur au grenier à sel de Chalabre est mort le treizième et a été enseveli le quinzième décembre 1697 dans le cimetière de cette paroisse avec les prières et les cérémonies prescrites ». Ces quelques lignes manuscrites retrouvées dans les registres paroissiaux de Chalabre constituent le seul lien crédible autour de la légende de « Fluris », mort à l'âge de 48 ans. Trois siècles et douze ans ont passé depuis, sans qu'il soit possible de savoir pour quelle raison notre homme fut expédié dans l'autre monde.  Seule certitude, ce fait divers a donné naissance à un grand charivari. Depuis lors, ni guerre, ni épidémie, ni occupation n'ont pu interrompre cette bruyante commémoration.

    Fluris bis.JPGTerry, un petit "arrossegaïre" parmi les "arrossegaïres".  

    « En ce temps là, le sel était à Chalabre le moins cher de toute la province du Languedoc. Certains contrôleurs en poste à la « chambre à sel » de Chalabre ne purent résister à la tentation de tirer profit de cette situation particulière. Sur chaque minot de sel vendu, le receveur peu scrupuleux détournait un peu de sel qu'il vendait aux gens de Limoux et Mirepoix au prix fort » (Patrick Lasseube, 1987). Le contrôleur Jacques Fleury aurait-il été rattrapé par des justiciers expéditifs ? Ou bien encore : «le Sieur Flury se comportant mal auprès d'une veuve nommée madame de Duranat de fort bonne famille où il logea laquelle fut découverte ensainte de ses hoeuvres. Le bruit a toujours couru que cestoit quelquun de ses frères qui estoit dans le service quy le tua du coup de fusil le jour de Ste Luce vers les dix à onze hures du soir » (Jean Batirat, Consul à la ville de Chalabre, 1722). Voilà deux des multiples versions avancées pour expliquer la mort de Jacques Fleury. Mais en fait, les petits Chalabrois se soucient peu de connaître la vérité, seul compte pour eux le bonheur de faire du bruit, beaucoup de bruit, rien que du bruit. Cet épisode de l'histoire locale réunira demain dimanche 13 décembre, plusieurs générations « d'arrossegaïres ». Les tireurs de traîneau emmenés par Clément et ses amis ont rendez-vous à 18h sous la halle, et comme dit l'ami Robert : « Asclaïres, s'abstenir ! ».   

  • Le temps pousse les pierres

    Jouret.jpgSur les bords du vieux canal, un vestige de l'artisanat chalabrois. 

    Cette bâtisse en ruine qui jour après jour a modifié sa silhouette  en silence, fut entre 1920 et 1940 l'atelier Jouret, du nom de Louis Jouret, quincailler et épicier sur la place du marché.

    Dans le Tome V édité en juillet 2000 par l'association « Il était une fois Chalabre » et sous la plume de Maurice Rouzaud, il apparaît que Louis Jouret, Puivertain d'origine, fabriquait là des manches de couteau en corne avant d'y monter les fameuses lames du Puy-de-Dôme, venues de Thiers. Le délicat assemblage était réalisé dans un local de la Traverse de la Halle grâce au savoir-faire de François, Joseph et Guy Huillet, mais la bâtisse évoquée aujourd'hui se trouve route de Lavelanet, juste au pied des Genêts, après le petit pont de pierre. Ce bâtiment annexe à l'écart du village et pour cause, permettait le recyclage des rebuts après usinage de la corne, activité plutôt incommodante, étant donné l'odeur particulièrement tenace dégagée par le traitement de la matière première : «les déchets de corne de mouton et de bœuf étaient concassés et servaient à faire de la « cornaille », utilisée comme engrais. Une turbine lancée par la force motrice des eaux du canal permettait d'actionner machines et courroies, les vestiges du canal et l'emplacement de la turbine sont encore visibles ».   

     Les temps changent, la corne autrefois abondante a hélas cédé la place à la chose plastique mais bonne nouvelle, les vieilles pierres fatiguées refont leur vie quelque part sur les hauteurs du vieux Chalabre.