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Patrimoine - Page 4

  • C'était hier : « Brulou de vi », le métier qui ne dit pas son âge

    L'article en ligne avait paru dans l'Indépendant, édition du mardi 20 décembre 1994.

    aristide peyronnie

    Aristide et son alambic, installé sur une rive du Blau

    Photo archives, Décembre 1994 *

    Installé sur une des berges du Blau en amont du petit village de Villefort, Aristide Peyronnie continue malgré la nuit qui tombe vite en cette saison, à scruter ce petit flotteur calibré semblable à un thermomètre, qui lui permet de contrôler au degré près la qualité d'un produit très prisé par les amateurs d'alcool fort. Opération délicate, mais qui ne présente aucune difficulté pour Aristide Peyronnie, bouilleur ambulant depuis 1950 et originaire de Massat, petit village ariégeois blotti au pied du col de Port, patrie certifiée « de les brulous de vi ». En 44 ans de métier, Aristide se souvient d'avoir perdu deux saisons tout au plus (1954-1955), la conscription avait alors privé les bouilleurs de cru de ses services.

    L'imposant alambic (700 kg) qui lui permet de produire les 1000 degrés auxquels peut prétendre tout ayant-droit, est ainsi installé sur ce qu'il est convenu d'appeler « l'atelier-public ». Ouvert à tous, il devient souvent comme l'explique Aristide « ce lieu de rencontre qui fait tellement défaut dans les petits villages dont le café a définitivement tiré le rideau ».

    Aristide a vécu la lente évolution des habitudes, depuis 1950 lorsque la croûte de marc sec (pépins, peau...) était distillée par ses soins à Rouvenac, pour les Villefortois et les Puivertains notamment, jusqu'à ce changement de décor, lorsque les vignes, ayant peu à peu disparues, les prunes, les pommes et autres fruits sont à leur tour venus remplir la « cucurbite » (bouilloire) de l'alambic.

    C'est la fin du jour à Villefort, le Blau continue à couler à quelques mètres de cette drôle de machine à nectar. Tandis que notre bouilleur s'affaire autour de la chaudière qui s'éteint, les reflets de la lampe d'Aristide Peyronnie renvoient l'image un peu floue de sa machine à remonter le temps.

    (* En guise d'anecdote, c'est l'ami Justin Canal présent ce soir-là pour la bonne cause, qui avait été sollicité afin de tenir la lampe qui allait permettre le cadrage de la photo). 

  • Il faut imaginer Fluris heureux !

    fluris

    Ils ont fait Fluris !

    Au rendez-vous du 13 décembre, petits et grands étaient venus pour que le pavé continue à étinceler dans la nuit noire d’un vendredi singulier. Trois siècles, quatre lustres et neuf années après la mort brutale de Jacques Fleury, une joyeuse cohorte de bambins emmitouflés dans la tradition s’est élancée dans la pénombre des couloirs du temps.

    fluris

    Article métallique en main, les plus petits, embarqués pour première fois sur les cours de la cité chalabroise et certainement les plus perplexes, se demandaient qui était donc ce Fluris, dont le nom était scandé à chaque angle de rue. Certes, les plus anciens le leur avaient présenté comme un contrôleur à la chambre à sel de Montpellier, qui se serait trouvé nez à nez avec la faucheuse, en une froide nuit de Sainte Luce. Un employé modèle Monsieur Fleury... Mais qu’allait-il donc faire rue Porte d’Aval, en ce 13 décembre 1697 ?

    Or, le joyeux et tonitruant cortège qui arpente une fois l'an les rues de la vieille cité chalabroise veut-il le savoir ? L'essentiel pour lui étant d'honorer la mémoire de Fluris, bénéficiaire d'une concession à perpétuité dans le petit cimetière de Saint-Pierre. Voilà comment les « arrossegaïres » (tireurs de traîneaux) ont sillonné les cours Colbert, Sully, d'Aguesseau et Docteur Joseph-Raynaud dans une ambiance très bonne enfant. Il faut dire que la moyenne d’âge était exceptionnellement basse, mais qu’importe, la fascination n’attend pas le nombre des années. Et quand la boîte de conserve est reine, plus rien n'a d'importance, sinon le bonheur de la faire virevolter sur la chaussée.

    fluris

    « Recaptaïre d'impostes », ou bien « sauta-barralhas », ou peut-être les deux ? Qu'importe, car aujourd'hui, Fluris est heureux, il faut l'imaginer ainsi. Et la belle énergie déployée par les petits adeptes du « chirbilhi » bravant le froid, aura démontré que la relève est là, au jour, et à l'heure.

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    Un grand merci à ces petits « arrossegaïres », à leurs parents, aux Drôles de Dames (photo ci-dessus), aux Ostaliens, à Chalabre Il était une fois, à toutes celles et tous ceux que la tradition inspire encore. La vieille halle aux blés et les rues de la bastide ont ensuite retrouvé leur tranquillité, tandis que des bambins flapis troquaient leur traîneau pour une soupe bien chaude. « Vei fan les ans que tueron Fluris ! ».

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    Un album Fluris 2024 est en ligne 

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    Le jour d'après

  • C'était hier : Drôle de charivari !

    L'article en ligne avait paru dans l'Indépendant, édition du vendredi 16 décembre 1994.

    fluris 1994

    Des enfants trop sages

    De gauche à droite, Aurélien Moralès, Jérôme Escande, Michel Sanchez, Eric Sanchez, Vanessa Garcia, Virginie Ferrier, Emilie Tur y Tur, Florence Tur y Tur 

    Photos archives, Décembre 1994

    Elles sont toutes trois assises sur un banc de pierre de la place Espérance-Folchet, semblent déçues et n'osent même pas sortir ces traîneaux qui devaient, en ce samedi 10 décembre, leur permettre de participer au charivari annuel « célébré » en l'honneur du légendaire Jacques Fleury, collecteur d'impôts, mort en 1697. Virginie, Emilie et Florence guettent le moindre bruit, une présence, en vain, la halle ne sera pas en ce samedi de décembre 94 le point de départ d'une fête qu'aucune génération de Chalabrois n'avait auparavant boudée.

    fluris 1994

    Des petits groupes arrivent bien par les rues Sainte-Ursule et Sainte-Anne, mais ils viennent juste pour regarder, pour voir ce qui se passe. Ont-ils entendu parler de Fluris, le contraire serait surprenant, mais à l'évidence, Fluris ne mobilise plus et voilà comment Chalabre tourne lentement, mais sûrement, le dos à la tradition.

    fluris 1994