Cet article avait été publié dans l’Indépendant, édition du samedi 26 novembre 2005.
André Lagarde a été sensible aux paroles de chacun (photo archives novembre 2005).
André Lagarde qui vient de fêter ses 80 ans était samedi 19 novembre l’invité privilégié du « Cercle Occitan del Quercorb » cher au président José Navarro, et de « l’Institut d’Estudis Occitans-Aude ».
Deux entités complices désireuses de marquer l’anniversaire d’un grand ouvrier de la langue d’oc qui n’a jamais cessé sur le plan militant, professionnel (professeur, puis conseiller pédagogique) ou de l’écriture, de mener une action intense pour la connaissance et la promotion de la « lenga del païs » afin d’en assurer la transmission. Accueilli à quelques arpents de sa chère terre de Rivel, André Lagarde a fait l’objet de conversations et d’interventions qui avaient pour cadre le centre socio culturel des Cèdres.
Tour à tour et avec un respect bien perceptible, ses nombreux amis ont pris la parole avec un plaisir répété, celui de « délier leur langue ». Jean Fourier pour parler des écrivains occitans du Quercorb, Alan Roch pour dire l’importance de l’œuvre de l’auteur, Eric Fraj pour insister sur les enjeux poétiques, René Soula pour évoquer le roman « Sinera », Philippe Carbone pour souligner le travail d’Andrieu Lagarda dans le domaine de la langue et des dictionnaires.
Collecteur de mots Un après-midi dédié à la « lenga mairala » et à André Lagarde, lequel a toujours su relier le pays de Montségur et le Quercorb à la grande aventure occitane en en faisant connaître les contes, légendes et auteurs : « Al païs de Montségur », « Anthologie du pays de Montségur », « Pays d’Ariège ». Infatigable collecteur de mots et expressions, pour les mettre au service de tous : « Vocabulari occitan », « La palenqueta » (dictionnaire oc-français et français-oc), « Le trésor des mots d’un village occitan » (dictionnaire du parler de Rivel).
Traducteur des « Lettres de mon moulin » d’Alphonse Daudet et des contes de Paul Arène, André Lagarde a puisé là, une source d’écriture et d’inspiration : après les rééditions de ses recueils « Tres aucèls de l’ombra », « Tres castèls del diable » et « Tres palometas », ils sont la matière d’une nouvelle publication sobrement intitulée « Contes occitans », qui s’annonce être une véritable somme des richesses de la littérature orale et du talent et de la verve, des conteurs occitans.
Après un vin d’honneur partagé à la mairie et « una brave taulejada » qui a fait honneur aux produits du terroir, un récital d’Eric Fraj a mis un terme poétique et musical à une journée qu’il faut imaginer fatale pour les cruciverbistes, car la langue d’Oc n’est pas une langue morte.