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Poésie - Page 29

  • L'automne est là

    Avec la clémence et les couleurs d'une nouvelle arrière saison, et avant que les premiers froids ne viennent tétaniser une campagne encore lumineuse, Bernard Cnocquart propose une belle perception de l'automne.

    bernard cnocquart,l'automne

    L’Automne

    Le soleil est moins haut dans ce ciel encore bleu,

    La Garosse déjà rousse prend des belles couleurs

    En ce mois de septembre qui fait bien des envieux

    Pour ces beaux champignons, les cèpes, les meilleurs.

     

    Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt,

    Emportées par le vent, les feuilles en jolis tourbillons

    Semblent vouloir former un tapis coloré,

    Mélangeant l’ocre, le roux et le rouge vermillon.

     

    Dans la plaine fumante, les gros tracteurs avancent,

    Retournant au plus vite cette terre bien grasse,

    Ils se moquent de la lune et du temps, main non du rendement,

    Mais il est loin le temps des paysans moins voraces.

     

    Quelques vols de palombes frôlent le Plantaurel,

    Ils sont bien moins nombreux que durant mon enfance,

    On parle de pollution, de pesticide pour cet oiseau providentiel

    Qui fait toujours rêver les chasseurs en silence.

     

    Les jours se raccourcissent avec les premières froidures

    Quand la gelée matinale blanchit tout autour les coteaux,

    En cet automne naissant quand les bergers à toute allure

    Descendent des montagnes les paisibles troupeaux.

    Bernard Cnocquart (Mars 2010)

  • Quatorze

    En cette journée du souvenir, qui ne permettra pas aux Chalabroises et aux Chalabrois de se joindre à l'hommage officiel rendu aux Poilus, JIEL propose un poème pour ne pas oublier.

    jiel

    Une croix et un poppy déposés au monument aux Morts par la communauté anglophone

    Dimanche 8 novembre 2020

    Quatorze

    Dans cette nuit d’été au ciel de lumière

    Le vacarme des canons a brisé leurs tympans

    Les hurlements bestiaux venus des ténèbres

    Ont changé ces hommes en fantômes rampants

     

    Les rats effrayés ont regagné leur tanière

    Les poilus sont comme eux gris et puants

    Recouverts de poudre de sang de poussière

    A peine savent-ils encore qu’ils sont vivants

     

    Dans ces dernières minutes avant le chaos

    Ils serrent sur leur coeur une photo froissée

    Ou le papier usé de mots d’amour si beaux

    D’une mère adorée ou d’une bien-aimée

     

    A la première lueur de ce jour dérisoire

    Ils bondiront hors de leur refuge misérable

    Pour aller chercher les larmes de gloire

    D’une course éperdue d’un destin pitoyable

     

    Le silence est revenu l’obscurité s’éteint

    Les yeux de mes camarades d’infortune

    Racontent leur vie prédisent leur fin

    Les regards d’effroi leur dernière torture

     

    Ils oublient désormais la misère des jours

    Les blessures du corps les fêlures de l’âme

    La peur de la mort dans les tripes toujours

    Demain pour certains pour les autres le drame

     

    Le soleil va bientôt pointer sur la nature absente

    Serrés comme un seul dans des odeurs confuses

    De merde et de vinasse dans une agitation lente

    La baïonnette au canon quand déjà les balles fusent

     

    Le sifflet retentit les hommes devenus fauves

    Au prix de mille efforts se lancent dans la terreur

    Et courent sans penser et tombent sans cause

    Dans une folie collective de mort et d’horreur

    JIEL

  • Deux fleurs

    Quand les feuilles tombent et tourbillonnent, JIEL s'amuse à suspendre l'automne, avec une rencontre fleurie (Photos Aurélien Moralès). 

    jielDeux fleurs

    Deux fleurs se caressaient sur le bord d’un chemin

    Depuis des jours elles s’aimaient et parlaient de lendemain

    Reconnaissantes à dieu de les avoir réunies

    Elles remerciaient les cieux le jour comme la nuit

     

    Le monde tout autour admirait leur beauté

    Abeilles et colibris s’arrêtaient les saluer

    L’escargot ce pataud si glouton passait discret

    L’amour le bonheur la vie pour seul secret

     

    La nature en elles retrouvait ses vertus

    Dans l’immensité de son royaume perdues

    Deux petites fleurs se dorlotaient sans façon

    Ignorantes du monde et frêles comme papillons

     

    jielLe soleil les cajolait à longueur de journée

    La lune attentionnée gardait douces leurs soirées

    Nul n’aurait osé contrarier leur idylle

    Tant elles étaient belles et pourtant si fragiles

     

    La vie même sublime n’est pourtant qu’éphémère

    Par un frais matin dans la rosée amère

    Ce couple magnifique si discret exemplaire

    Avait cessé de vivre avait cessé de plaire

                JIEL

  • « L'automne d’ici-bas », un poème de JIEL

    Une nouvelle saison vient de s'installer, inspiratrice d'un poème écrit sous la plume de JIEL, proposé aux lecteurs.

    L’automne d’ici-bas

    Les bois se préparent à affronter l’hiver

    L’été s’éloigne et perd de sa splendeur

    Les arbres éparpillent leur bel habit vert

    Les ruisseaux retrouvent leur vigueur

     

    Une lasse clarté s’écoule sur les collines

    Caressant avec tendresse la nature assoiffée

    Dans les sous-bois colorés sans retenue aucune

    La lumière s’exhibe comme mue par des fées

     

    Le cycle immuable de la vie suit son cours

    Tourne la page et ouvre le même chapitre

    Celui de la saison nouvelle d’un autre parcours

    Du peintre au chevalet et du poète au pupitre

     

    La frénésie retrouvée des chercheurs d’or

    S’active dans les hêtraies et les taillis épais

    Pourchassant l’enchanteur jeteur de sort

    Qui répand selon ces caprices le noble bolet

     

    Un vent froid venu du nord laisse croire

    Que la forêt s’agite à perdre haleine

    Blotti au coeur de la montagne noire

    Le village a revêtu son écharpe de laine

     

    Les habitants partout sont à l’oeuvre

    D’aucuns fuient vers des contrées clémentes

    Fiers de la fidélité dont ils font preuve

    D’autres sont heureux et ne se lamentent

     

    Dans le foisonnement de potagers magiques

    La terre généreuse confie au jardinier ses secrets

    Aux tréfonds des bois des hêtres magnifiques

    Trop vieux dans la tempête se couchent discrets

     

    Les meutes de chiens sont retournées au labeur

    Tant de folles courses et d’odeurs retrouvées

    Dans cette quête ancestrale passion du chasseur

    La récompense ultime de la bête débusquée

     

    J’irai encore sur les chemins herbeux

    Ma fidèle chienne toujours dans mes pas

    Nourrir l’inspiration qui me rend heureux

    Dans ce nouvel automne d’ici-bas

    JIEL